Une image qui a été partagée sur les réseaux sociaux et notamment dans des groupes WhatsApp depuis le 7 décembre 2022 montre cinq hommes à côté d’un lot de munitions et d’armes avec l’information selon laquelle deux parmi les 5 hommes, des financeurs d’armes destinées aux terroristes, ont été arrêtés au Burkina Faso. Est-ce vrai ? Est-ce faux ? Nous avons vérifié.
C’est une image qui, en réalité, est une capture d’écran, largement diffusée dans des groupes WhatsApp. Sur cette capture d’écran, l’on aperçoit 5 hommes et à côté d’eux, un lot de munitions et de matériels militaires divers. Parmi les cinq personnes, trois sont habillées dans des uniformes militaires. Les deux autres, une de peau noire et l’autre de peau blanche sont torse nu.
Toujours sur le décor de la capture d’écran, l’on aperçoit des images du drapeau burkinabè : l’une sur le bras d’un des hommes en tenue militaire et les deux autres sur les « obus ». En observant de très près l’image, l’on se rend compte qu’il s’agit de plusieurs images qui ont été collées pour en faire une : celle des hommes, celle des drapeaux du Burkina et celle des armes et munitions.
Il faut noter également que les uniformes militaires portés par les trois personnes sur la photo posent problème : ce ne sont pas des uniformes des forces de défense et de sécurité du Burkina Faso. Contactées, plusieurs officiers de l’armée burkinabè confient qu’il s’agit d’uniformes maliennes : « Ce ne sont pas des tenues militaires du Burkina Faso ».
De l’image à la vidéo
La capture d’image est accompagnée d’un lien Youtube. Le lien en question renvoie effectivement à une vidéo qui devrait expliquer l’image de l’arrestation des « financeurs d’armes ». Voici le lien : https://www.youtube.com/watch?v=KB3d9_zErLA. Il s’agit d’une chaine Youtube dénommée « DITCH OBSERVE » avec 202 k abonnés à la date du 27 décembre 2022.
Le message
Un homme parle dans la vidéo et annonce dès la 21è seconde une très bonne nouvelle du côté du Burkina Faso où le « président Ibrahim Traoré a posé en ce jour (NDLR : 7 décembre 2022) un acte très puissant et qui réjouit le cœur de tous les Burkinabè » (…). « Le capitaine Ibrahim Traoré a attrapé ceux qui finançaient les armes à ces terroristes ». L’auteur poursuit en disant que cela a été une fête au Burkina Faso.
Seulement…
Dans cette vidéo de 2 minutes et 10 secondes, l’auteur qui s’est cagoulé, l’on ne voit qu’une partie de son visage, n’apporte pas de précisions sur les circonstances et le lieu ces arrestations au Burkina Faso. Il ne dit pas non plus s’il s’agit d’une, de deux ou de plusieurs personnes. Il ne dit pas non plus dans quelle partie du territoire les arrestations ont eu lieu. L’on remarque également que l’image montrant les cinq personnes à côté des obus et utilisée en page de garde de la vidéo n’apparait pas tout le long des 2 minutes que dure la vidéo.
Sur WhatsApp, ceux qui ont partagé l’image contenant le lien vidéo y ont ajouté un message audio en langue nationale mooré dont voici la traduction : « Là c’est celui qui finançait les terroristes avec beaucoup de moyens pour qu’ils paient les armes. Ce sont eux deux qui ont été arrêtés. C’est l’armée burkinabè comme ça. C’est un blanc et des noirs, des Burkinabè. Les deux personnes que nous voyons d’abord sur la photo. Regarde les munitions entassées. Tout ça était utilisé pour tuer les hommes, effrayer les gens qui fuient laisser leurs villages et eux ils volent. Mais Dieu a aidé. Je remercie beaucoup le Capitaine Ibrahim Traoré ».
Seulement, des sources sécuritaires contactées affirment ne pas être au courant de « livreurs d’armes aux terroristes mis aux arrêts ». En effet, aucune version officielle n’a été enregistrée relativement à cet événement d’arrestation de financeur de terroristes ni le 7 décembre ni les jours suivants.
L’image est une capture d’écran faite de montage avec des images d’armes et de militaires maliens. Du reste, la même image avait circulé au Mali. Aucun livreur d’armes ou financeur de terroristes n’a été arrêté au Burkina à la date du 7 décembre 2022. Elle est donc fausse. Il s’agit manifestement d’une information manipulée. A quelles fins ?
JB ZONGO
