Les chercheurs Kadidiatou Kadio et Habibou Fofana ont présenté ce jeudi 29 décembre 2022 à Ouagadougou, les résultats de leur recherche sur l’évolution des politiques sociales au Burkina Faso. Les secteurs concernés sont ceux de l’emploi, de l’éducation, la santé et le logement.
C’est sous la bannière du programme « Politique sociale genrée et transformatrice en Afrique post-covid-19 » (GETSPA) que les deux universitaires ont mené leurs recherches. Les docteurs Kadidiatou Kadio du CNRST (Centre national de recherche scientifique et technologique) et Habibou Fofana de l’Université Thomas Sankara ont jaugé, depuis la période coloniale jusqu’à celle post Covid 19, les performances des politiques en matière sociale en se focalisant sur les secteurs de l’emploi, de l’éducation, de la santé et du logement.
Dr Kadidiatou Kadio qui a présenté le fond du document est partie depuis la période d’avant les indépendances en passant par les différentes périodes, notamment coloniales, des indépendances, de la crise économique (1990 – 2000), l’ère révolutionnaire, celle des Ajustements structurelles (2000-2015) jusqu’à nos jours. Avant tout propos, Dr Kadio a livré une définition consensuellement arrêtée par les chercheurs mobilisés dans le cadre du programme. Ainsi, a-t-elle défini les politiques sociales comme « des interventions collectives visant à affecter directement le bien-être social, institutions sociales et relations sociales. Il est concerné par les effets redistributifs de la politique économique, la protection des personnes contre les aléas du marché et les conditions changeantes telles que l’âge, le renforcement du potentiel productif des membres de la société ».
Passant en revue chaque secteur, l’universitaire a mis en exergue les forces et les faibles dans ces différents secteurs pendant les périodes étudiées. Mais de toutes ces périodes, l’on peut retenir que les politiques publiques mises en œuvre répondaient dans un premier temps aux intérêts des colons. Ensuite, l’élite qui a succédé aux colons a perpétué cette tendance en maintenant des politiques publiques qui ne leur sont pas favorables au détriment de la majorité des populations.
Par exemple, comme sous l’ère coloniale, l’école formait des cadres pour essentiellement une administration publique dont les agents sont les plus grands bénéficiaires des politiques sociales. Ils sont largement les grands bénéficiaires des soins de santé y compris les évacuations sanitaires hors du pays.
Les deux universitaires ont par ailleurs insisté sur l’intérêt d’investir dans le social. Selon eux, cela permet entre autres de développer un capital humain productif capable de booster le développement économique du Burkina Faso. Dr Habibou Fofana a ajouté que ce sont des investissements desquels il ne faut pas attendre tout de suite des résultats mais qui conditionnent un futur sûr et prospère.
Les participants issus de l’administration publique et des structures privées ont apprécié les résultats des recherches qui mettent exactement le doigt sur les problèmes fondamentaux du Burkina Faso. Ils ont largement encouragé les deux chercheurs à poursuivre leurs travaux pour donner une référence éclairée aux décideurs qui souvent pataugent dans la conduite des politiques publiques.
Ils ont largement recommandé de poursuivre la réflexion sur leur mise en œuvre concrète des résultats des travaux aux fins de sauver des millions de Burkinabè du martyr de la misère. Certains n’ont cessé de fustiger une gouvernance fautrice d’inégalités toujours en cours au Burkina.
Comme piste de changement, ils ont largement demandé un changement de paradigme en mettant en place des politiques alternatives salutaires pour tous.
En rappel, docteur Habibou Fofana a indiqué que ce programme mis en branle depuis janvier 2021 est exécuté sous l’égide de l’Institut des Etudes Africaines (IAS) de l’Université du Ghana, « avec pour mission de transformer… les discours, des approches et des cultures de l’élaboration et la mise en œuvre des politiques sociales en Afrique ». Sa mise en œuvre a la particularité d’être entièrement financée par des fonds africains à travers l’organisation Open Society Institutes of Africa.
GETSPA est implémenté dans 31 pays africains regroupés en « cluster » pour faciliter les travaux de comparaison. Le Burkina Faso se trouve avec le Benin et la Côte d’Ivoire. Il est mis en œuvre par un réseau d’universitaires du développement social, engagés à travailler ensemble à la réalisation d’un programme de « politique sociale transformatrice et équitable pour le développement de l’Afrique ». Au Burkina ce sont les docteurs Kadidiatou Kadio et Habibou Fofana qui ont réalisé l’étude.