Le Lieutenant-Colonel Paul Henri Sandaogo Damiba renversé le 30 septembre 2022 par le coup d’Etat des capitaines sort peu à peu de son silence. Il a accordé une interview au journaliste de RFI, Alain Foka pour l’émission le Débat africain ce 26 février 2023. L’ancien président est revenu sur les raisons de la prise du pouvoir le 24 janvier 2022, ses options dans la lutte contre le terrorisme, le départ de l’opération Sabre, son regard sur la situation actuelle, son retour au pays.…
«Je ne m’attendais pas à cette action en ce moment de la transition » dit-il à propos du coup d’Etat perpétré contre lui. Pour lui, de tout ce qui s’est passé, il y a eu des montages à propos certaines situations comme l’affaire des parcelles attribuées à certaines unités de l’armée, la distribution d’argent. « Il y a eu beaucoup de manipulations » insiste l’ancien président.
Après son départ et durant son actuel séjour au Togo, le Lieutenant-Colonel Paul Henri Sandaogo Damiba est-il entré en contact avec les nouvelles autorités ? A cette question, il répond que depuis son départ il n’a pas eu « de contact avec le pouvoir actuel. Quand ils auront besoin… J’ai préféré ce recul-là pour leur laisser la possibilité d’orienter les choses. » Quid des militaires qui l’ont accompagné à savoir 4 capitaines puis ramené à Ouagadougou, il plaide que ces derniers puissent réintégrer leurs services.
Mais quel avenir pour le Lieutenant-Colonel Paul Henri Sandaogo Damiba ?
Actuellement, l’ancien président explique qu’il est « dans une situation partagée, je ne peux pas abandonner mon pays. Je ne peux pas. Moi je m’inscris dans tout ce qui sera en termes de construction du Burkina Faso, tout ce qui ira dans le sens de bâtir un pays plus stable, de bâtir un pays prospère, de bâtir un pays qui tient débout ». Va-t-il rentrer et apporter sa contribution ? Les nouvelles autorités vont-elles réussir ? Damiba est-il optimiste au regard de la situation ? « Pour le moment j’observe les dynamiques » confie Paul Henri Sandaogo Damiba. Tout son souhait est que les nouvelles autorités puissent « insister sur la réconciliation ».
A propos des nouvelles autorités justement, il explique que « tous pratiquement sont mes cadets, ils savent ce que j’ai comme valeurs intrinsèques, l’image que je veux toujours refléter, celui d’un homme qui est utile » ; lance le Lieutenant-Colonel Paul Henri Sandaogo Damiba aux nouvelles autorités.
L’opération Sabre française
Le départ de Sabre, qu’est-ce que cela inspire à l’ancien président Damiba ? « Je ne voudrais pas trop commenter certaines décisions des autorités politiques actuelles. Je suis certains événements qui se passent dans mon pays. Je pense qu’il y a de la prudence qu’il faudrait observer en tant que décideur politique. Le piège qu’il faut éviter est qu’on n’aille pas vers une nouvelle partition de l’Afrique. » L’opération Sabre a « appuyé de temps en temps » l’armée du Burkina Faso après des problèmes de coordination.
En termes de bilan, certaines zones ont connu un calme sous la conduite de son gouvernement fait-il remarquer. « En termes de stabilisation des zones, certaines régions de l’Est ont connu une accalmie. Je ne dis pas que nous avons supprimé toutes les attaques, mais il y a eu des accalmies dans certaines zones de la région de l’Est, du Nord, l’Ouest et du Sud-ouest. » Soutien Paul Henri Damiba. Par rapport aux personnes déplacées, le nombre des PDI était au nombre de 3 millions. Notre travail a permis de réduire le nombre de personnes et nous étions même descendus en bas de 2 millions ».
S’est-il enrichi ?
En termes de gouvernance, je peux dire qu’il y a rare des systèmes politiques qui ont été aussi transparents dans la gestion que le système que nous avons conduit. « Si j’ai pris un seul franc de l’Etat pour m’enrichir personnellement, je suis prêt à répondre devant les juridictions » (…) Mes camarades se moquaient de moi qu’ils n’ont jamais vu un président aussi pauvre que moi ». Tout ce que se dit ce sont des fakes news ; foi de Paul Henri Damiba.
Il a fini par appeler tous les acteurs à aller vers la paix, en évitant tout ce qui contribue à la guerre. « Il faut oser dialoguer avec les groupes armés » dit-il. En fin d’entretien, Paul Henri Damiba lâche : « je ne suis pas intéressé par un quelconque pouvoir politique. »