Les voisins de cette concession de filles de joie gardent le silence, mais aussi le sourire, lorsqu’on leur demande « que s’est-il passé ? ». Après insistance, un certain nombre d’entre eux, répondent avec ironie « on n’était pas là », puis s’en suivent des éclats de rire, après un jet de coup d’œil vers ce coin jadis animé par les buveurs de bière et fréquenté par les amoureux des filles de joie nocturnes, aujourd’hui en cendre. Ceci, au lendemain de la colère des « jeunes », dans la nuit du 25 décembre 2021 qui ont fait une descente musclée pour incendier l’espace.
Tampouy, 29 décembre 2021. Il est 13h. Deux usagers de la route non bitumée allant vers le château marquent un arrêt. Un doigt est pointé vers une place déserte. Les deux passants murmurent, éclatent de rire et continuent leur chemin. Puis, s’en suit un groupe de jeunes adolescents, qui s’arrêtent en face de ladite place, discutent, se tapotent les épaules, puis poursuivent leur chemin.
Ici, personne n’en parle vraiment, même si beaucoup en savent trop sur ce qui est arrivé à ce maquis jadis animé de jours comme de nuit. Seulement, le sourire laissé sur les lèvres, à chaque question de savoir, ce qui s’est passé, démontre que beaucoup de gens peuvent en dire plus. « Le propriétaire a fui ainsi que ses employés », fait remarquer un jeune homme rencontré sur les lieux. Mais, il ne veut pas en dire plus, comme s’il craignait pour sa sécurité. « Je connais le propriétaire, c’est un homme. Mais je vous préviens, j’étais à l’église et c’est le lendemain que j’ai appris », poursuit une dame, voisine des lieux en ruines.
Dans la nuit du 25 décembre, alors que les lieux étaient visités par des habitués qui fréquentaient les filles de joie, les jeunes du quartier y on fait une descente. Ils ont mis à feu, les chambres de passe, renvoyé les usagers, vandalisé les murs, les portes, les toilettes, le bar et l’hapatame. Explique un autre voisin.
Après le saccage, le constat est accablant. La porte d’entrée principale est à terre, des maisons sans portes, des matelas partis en flammes, un préservatif à terre et des bidons de whisky vides qui trainent de partout. « Les filles ne viennent plus depuis ce jour, encore moins le propriétaire », confie une habitante proche du lieu en ruines.
A la sortie, l’on rencontre une femme joliment maquillée, sur sa moto qui est à la recherche du gérant du coin. Lorsqu’on lui demande, s’il a les nouvelles du gérant ou son contact, silence radio. Par des signes de la main, elle répond par la négative.
A Tampouy, le sujet fait l’objet de discussions, de causeries; chacun y va de son point de vue. Cependant, il est difficile d’arracher le moindre mot à un témoin sur les motivations réelles de ce vandalisme.
Propriétaire et filles de joie ayant décampé, il est encore plus difficile d’évaluer les pertes et d’en savoir plus sur les vraies raisons.