Au lendemain du Coup d’Etat, le Président Paul Henri Sandaogo Damiba avait sommé les membres du dernier Gouvernement de Roch Kaboré de ne voyager sans autorisation préalable. Ainsi, certains anciens ministres ont effectivement été empêchés de voyager pendant que d’autres vont et viennent comme bon leur semble. Après avoir obtenu une première autorisation, Rosine Coulibaly, a été par la suite interdite de voyager. Estimant qu’il s’agit d’une atteinte à son droit d’aller et venir parce que ne faisant l’objet d’aucune procédure ou restriction légale, elle a décidé de porter l’affaire devant le tribunal administratif. Le dossier devait passer devant le juge des référés ce vendredi 2 septembre 2022. Contre toute attente, c’est du tribunal administratif qu’elle apprend que les autorités lui ont délivré une autorisation permanente de sortie du territoire.
Le 23 mars 2022, l’ancienne ministre des affaires a sollicité et obtenu une autorisation pour se rendre à Boston aux Etats-Unis où elle avait une mission de consultance. En effet, elle a été retenue comme personne ressource pour participer aux travaux de plaidoyer des pays emprunteurs au Guichet IDA de la Banque mondiale en vue d’une augmentation substantielle de l’enveloppe financière destinée à ces pays en développement. Il n’y avait d’ailleurs pas de raison objective pour que l’autorisation lui soit refusée. En effet Mme Coulibaly ne fait l’objet d’aucune procédure ou de tout autre décision de sortir du territoire national. Mais avant cette autorisation, une première demande pour se rendre à Lomé au Togo était restée sans réponse.
C’est donc en toute logique qu’invitée au lancement de IDA 20 à Tokyo au Japon, courant première quinzaine de ce mois de septembre, elle a donc introduit une demande d’autorisation permanente de sortie du territoire pour compter du mois d’août auprès de la présidence du Faso. Il convient de préciser qu’outre cette mission de Tokyo, elle a en projet d’autres voyages toujours dans le cadre de ses obligations professionnelles.
Plus de deux semaines après, elle n’a reçu aucune réaction. Elle décide donc de relancer par un courrier en date du 10 août. Curieusement, par courrier signé du Directeur de cabinet de la présidence du Faso, l’autorisation lui a été refusée. Il lui est enjoint de « surseoir momentanément à auxdites sorties en dehors du territoire national et de les reprogrammer ultérieurement ».
En somme, la Présidence du Faso lui demande de renoncer à sa mission de Tokyo et aux autres. Pourtant elle sait bien que la programmation desdites missions ne dépend pas de Mme Coulibaly. Cette décision incompréhensible suscite bien des interrogations. Qu’est-ce qui a changé entre mars et août pour expliquer ce refus ? Rien ! Apparemment. Sauf qu’entre temps Mme Coulibaly et d’autres compatriotes ont lancé le Mouvement Burkinabè unis pour une transformation sociale (BUTS). Ceci explique-t-il cela ? Veut-ont par là lui faire payer son engagement militant qui n’est pas du goût des autorités actuelles ? N’est-ce pas une manière de lui faire perdre des consultations et donc des revenus ? Bref !
Toujours est-il que Dame Coulibaly a estimé qu’il s’agit d’une atteinte à son droit fondamental d’aller et de venir en toute liberté. Elle a donc saisi le tribunal administratif en référé par l’intermédiaire de ses avocats. L’audience a été programmée ce vendredi 2 septembre. Sentant sans doute que le juge ne pouvait cautionner un tel abus de pouvoir, le président du Faso a vite fait de sauver la face en signant une autorisation permanente de sortie du territoire datée du 31 août. C’est du tribunal administratif que Dame Rosine Coulibaly et ses avocats apprendront la levée de l’interdiction de voyager. Finalement Mme Coulibaly peut désormais sortir du territoire sans restriction aucune.
Aicha TRAORE
