Coup d’Etat du MPSR : Les attentes des organisations professionnelles des médias

Dans la déclaration qui suit, les organisations professionnelles des médias constatant le coup de force intervenu appellent le MPSR à la préservation de l’indépendance des médias ainsi que les libertés individuelles et collectives, à la consolidation des lois encadrant le secteur des médias et prennent les militaires à leurs propres mots.

Le 24 janvier 2022, un groupe de militaires se réclamant du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) a revendiqué la prise du pouvoir par les armes, après deux jours de mutineries dans un certain nombre de casernes à travers le pays.

Dans sa déclaration de prise de pouvoir, le MPSR justifie son coup de force par :

  • la dégradation continue de la situation sécuritaire qui menace les fondements de notre nation ;
  • l’incapacité manifeste du pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré à unir les Burkinabè pour faire face efficacement à la situation et surtout à l’exaspération des différentes couches sociales de la nation.

Le coup d’Etat du MPSR intervient huit ans après l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et sept ans après la résistance populaire victorieuse au coup d’Etat du Général Gilbert Diendéré. Ces deux événements traduisent, à eux seuls, les énormes sacrifices que les Burkinabè ont consenti et sont prêts à consentir pour réaliser leurs aspirations à plus de liberté et de démocratie.

Avec l’avènement du régime de Roch Marc Christian Kaboré, les Burkinabè n’ont pas cessé de se battre pour consolider leurs acquis aux plans des libertés et de la démocratie. Mieux, ils ont toujours su s’organiser pour résister aux velléités de répression du pouvoir déchu (emprisonnements, licenciements abusifs, affectations arbitraires, agressions policières, harcèlements en tout genre contre les combattants de la liberté, interdictions de manifester, coupure d’Internet, etc.).

Le MPSR a donc perpétré son coup de force dans un contexte où les Burkinabè se sont fixé un cap et étaient déterminés à l’atteindre contre vents et marées.

Dans la quête de liberté et de démocratie de notre peuple, les journalistes ont payé un lourd tribut à travers le sacrifice de Norbert Zongo le 13 décembre 1998. Depuis, ils n’ont cessé de se battre aux côtés du peuple pour la vérité et la justice pour Norbert Zongo et ses compagnons d’infortune, ainsi que pour toutes les victimes de crimes de sang au Burkina Faso, pour plus d’indépendance de la presse, de bonne gouvernance, de respect des droits humains et de renforcement de la démocratie. Pour la défense de ces valeurs, les Burkinabè se sont toujours montrés intraitables et demeureront intraitables quel que soit le régime.

Les organisations professionnelles des médias signataires de la présente déclaration que sont le Centre National de Presse Norbert Zongo (CNP-NZ), l’Association des Journalistes du Burkina (AJB), la Société des Editeurs de Presse Privée (SEP), le Syndicat Autonome des Travailleurs de l’Information et de la Culture (SYNATIC), l’Union Burkinabè des Editeurs privés de Services de Télévision (UBESTV), l’Union Nationale de l’Audiovisuel Libre du Faso (UNALFA) et l’Association des Editeurs et Professionnels des Médias en Ligne (AEPML) considèrent comme priorités fondamentales pour tout régime politique au Burkina : la lutte contre l’insécurité, le jugement des nombreux dossiers de crimes économiques et de sang, la consolidation des libertés et de la démocratie ainsi que le partage équitable des fruits de la croissance. C’est en cela, qu’il donnera un sens aux nombreux sacrifices consentis par plusieurs générations de Burkinabè depuis les indépendances.

Conscients que le pays traverse une crise dont la solution incombe à toutes les composantes socio-politiques de la nation, les organisations professionnelles des médias signataires de la présente déclaration :

  • regrettent ce coup d’Etat qui constitue un recul démocratique ;
  • réaffirment leur attachement aux valeurs démocratiques et au respect des droits humains :
  • prennent les militaires à leurs propres mots et les engagent à apporter les solutions aux maux qu’ils dénoncent dans leur déclaration de prise du pouvoir, en particulier la restauration de l’intégrité territoriale du Burkina Faso dans un cadre apaisé et sécurisé pour les populations ;
  • appellent à la préservation de l’indépendance des médias ainsi que les libertés  individuelles et collectives, à la consolidation des lois encadrant le secteur des médias ;
  • demandent que les intérêts du peuple burkinabè soient vaillamment défendus ;
  • appellent à la mobilisation et la vigilance de toutes et de tous pour  consacrer le retour à un pouvoir civil et démocratique dans de meilleurs délais.

Ouagadougou le 07 février 2022

Pour le Comité de pilotage du CNP-NZ

Le Président

Inoussa Ouédraogo

Pour l’AJB,

Le Président

Guézouma Sanogo

Pour la SEP,

Le Président

Boureima Ouédraogo

Pour le SYNATIC,

Le Secrétaire Général

Siriki Dramé

Pour l’UBESTV,

Le Président

Issoufou Saré

Pour l’UNALFA

Le Président

L. Jean-Baptiste Sawadogo

Pour l’AEPML

Le Président

Cyriaque Paré

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