L’Alliance pour refonder la Gouvernance en Afrique, section du Burkina (ARGA/Burkina) a organisé un « Café politique » le vendredi 29 juillet 2022 autour du thème : Crise sécuritaire, humanitaire et institutionnelle au Burkina : quelles contributions des partis politiques et des OSC ?
L’Alliance pour refonder la Gouvernance en Afrique, section du Burkina Faso (ARGA/Burkina) en partenariat avec l’Institut néerlandais pour la démocratie multipartite (NIMD) a organisé son « premier café politique » de l’année 2022 le Vendredi 29 juillet 2022 autour du thème : Crise sécuritaire, humanitaire et institutionnelle au Burkina : quelles contributions des partis politiques et des OSC ? Ce café politique vise à créer de créer un cadre de dialogue inclusif, de partage et de propositions sur le processus de transition en cours et les voies et moyens d’engager la reconstruction du pacte républicain et du vivre ensemble.
Plus que d’actualité, comme l’a souligné le médiateur national de l’Alliance pour Refonder la Gouvernance en Afrique section Burkina, Boureima Ouédraogo « le Burkina Faso est à la croisée des chemins ». Et selon le médiateur, il est plus qu’urgent que les Burkinabè dans leur ensemble se mobilisent pour sauver la patrie, surtout en apportant chacun sa contribution à travers des réflexions, des actions car dit-il, « la solution n’est pas au-dessus de notre portée et c’est d’ailleurs pour cela que nous avons initié ce dialogue pour un débat fécond en propositions et en recommandations. ».
Le premier communicateur, Aboubacar Sanon, vice-président du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) a ouvert le bal des débats. L’ancien député, après le rappel de tous les incidents sécuritaires internes et extérieurs qui ont jalonné le Burkina a estimé que la crise multiforme que connait le pays est la résultante de la conjugaison de plusieurs facteurs. En effet, le député souligne que la crise institutionnelle que rencontre le Burkina Faso est le fait des partis politiques. Concernant la crise sécuritaire, l’ancien député indexe la religion comme une des causes du phénomène. Par ailleurs, la pauvreté, la mauvaise administration des zones à fort défis sécuritaire par l’Etat central et aussi les antagonismes communautaires ont favorisé l’aggravation de cette crise multiforme. Pour y faire face, Aboubacar Sanon préconise une remise en cause profonde des acteurs politiques à travers la mise en place d’institutions fortes, le renforcement de la veille citoyenne et le développement d’un leadership fort et éclairé.
La seconde communication a été animée par Aziz Diallo, ancien député-maire de Dori. Pour Aziz Diallo, de nombreuses populations du Sahel se sentent marginalisées depuis bien longtemps. Selon lui, le sentiment d’appartenance de populations du Sahel au Burkina a pendant longtemps a été mis à mal. Seul le « drapeau flottant à la préfecture ou à la gendarmerie résumaient l’appartenance des populations du Sahel au Burkina Faso » soutient-il. Cette absence ou la quasi-inexistence de l’autorité de l’Etat sont des facteurs qui expliquent aussi cette crise multiforme poursuit-il.
La mauvaise gouvernance politique, économique, foncière et sécuritaire sont aussi à l’origine de ces différentes crises. En effet selon Aziz Diallo, les mauvaises politiques de développement depuis 1987 et ses conséquences ont été catastrophiques pour la région. Pour l’ancien bourgmestre, ces politiques de développement élaborées depuis la capitale Ouagadougou et en déphasage avec les réalités de la région ont plutôt été des échecs qui ont contribués à frustrer et marginalisé les populations du Sahel. Il prend pour exemple le programme d’urgence pour le Sahel (PUS) qui a été élaboré sans une implication sérieuse des premiers acteurs de la région. Pour Aziz Diallo, nul doute qu’il existe une corrélation entre les questions de gouvernance et les questions d’insécurité. Il explique que ces crises sont la résultante des mauvaises politiques qui ont plus ou moins contribué à la dégradation de la situation sécuritaire. « Si nous améliorons notre gouvernance, si nous traitons tous les Burkinabè, qu’il soit à Madjoari, à Ouaga ou à Bobo comme des Burkinabè, au moins cela nous permettra de nous prémunir » a-t-il souligné.
Le secrétaire exécutif du Centre pour la Gouvernance Démocratique (CGD), Thomas Ouédraogo, a clôturé la série des communications. L’expert en gouvernance a mis à nu les limites du système démocratique et la gestion différents régimes qui se sont succédés au Burkina Faso. Il a par ailleurs salué le travail titanesque des organisations de la société civile qui contribuent en l’enracinement de la démocratie.