Élection au Bénin : Le processus manque de saveur électorale

La campagne électorale pour l’élection présidentielle du 11 avril 2021 bat son plein et les candidats en lice ont jusqu’à quinze jours, pour parcourir les 77 communes du Bénin pour défendre leur projet de société. Ce qui est une formalité car Patrice Talon garde intactes ses chances de se faire réélire puisque ceux qui peuvent véritablement lui tenir tête, dans le cadre de ces joutes électorales sont anéanties ou hors-jeu.  

Le 11 avril, les 5,5 millions d’électeurs béninois auront le choix entre trois candidatures, celle du président sortant Patrice Talon, qui a recueilli 118 parrainages sur les 159 possibles, et celle de deux opposants quasi inconnus du grand public.

Il s’agit de l’ancien ministre Alassane Soumanou du parti d’opposition Force cauris pour un Bénin émergent (FCBE) et d’une figure dissidente parmi les opposants, Corentin Kohoué. Patrice Talon sera à coup sûr le seul maître à bord, quant à cette nouvelle conquête de la Marina. D’autant plus que ses potentiels rivaux de taille sont tous étrangement presque forclos et exilés pour diverses raisons à cette élection.

Parmi eux, l’homme d’affaire Sébastien Ajavon, arrivé troisième à la dernière présidentielle et condamné en 2018 à 20 ans de prison pour trafic de drogue. Cette condamnation a été jugée illégale par la Cour africaine des droits de l’Homme, saisie par l’opposant en exil à Paris, mais le Bénin refuse de l’annuler.

L’ancien Premier ministre Lionel Zinsou, candidat malheureux au second tour de 2016, joue plutôt la discrétion. Condamné en 2019 à cinq ans d’inéligibilité. Et aussi Rekiath Madougou, candidate du parti Les Démocrates, dont le président d’honneur est l’ancien président Thomas Boni Yayi.

Pour certains observateurs, le scrutin  a été verrouillé par la révision de la Constitution parce que tout candidat doit être parrainé par 16 députés ou maires. Or, l’opposition ne dispose que de six maires alors que les dernières législatives se sont déroulées sans adversaires du parti au pouvoir.

Pour cette campagne, du côté de l’opposition, on prend d’abord des attaches avant d’aller sur le terrain. C’est le cas de Corentin Kohoué, qui reste convaincu que « Patrice Talon ne sera pas le prochain président de la République’’. Toujours dispersée, l’opposition ne peut pas faire barrage à Talon qui déploie un rouleau compresseur pour cette élection.  

Cette campagne électorale est sans grand suspense surtout quand on sait  que les différents partis politiques de la mouvance et leurs alliés vont se ranger éventuellement derrière Patrice Talon pour cette bataille électorale.

Ce qui permet de dire que le président Talon veut juste se conformer à ce fameux rituel c’est-à-dire organiser des élections. Ainsi à travers les forces en présence pour cette élection présidentielle 2021, Patrice Talon est déjà convaincu de son affaire. Car, à tort ou à raison, les carottes sont cuites et par conséquent, il risque d’être auréolé au soir de cette élection.

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