Les Burkinabè célébreront les fêtes de fin d’année dans un contexte marqué par la recrudescence des attaques terroristes dans certaines régions du pays. Dans la capitale, les commerçants ont du mal à écouler leurs marchandises mais pour ces derniers la priorité demeure le retour de la paix au Faso. Info H24 a tendu son micro à quelques-uns d’entre eux.
Les Burkinabè en général et les Ouagalais en particulier vont certainement célébrer les fêtes de fin d’année dans la sobriété. Une situation due notamment à la situation sécuritaire délétère dans le pays. En effet, le Burkina Faso fait face à la double crise sécuritaire et sanitaire avec son lot de conséquences socio-économiques désastreuses. En cette période de fin d’année où habituellement les commerçants font plus de recettes et de profits, cette fois-ci, c’est la croix et la bannière en raison de la situation sécuritaire.
Quelques commerçants Ouagalais interrogés par Info H24 expliquent la situation morose du marché. Pour eux et sans détours, la raison principale de ce mal n’est rien d’autre que l’insécurité marquée par les incursions terroristes. Pour ces derniers, le seul souhait c’est le retour de la paix au pays des hommes intègres afin que les affaires reprennent de fort belle manière.
Adama Bikienga, vendeur de bétail au marché de bétail de Tanghin peine à écouler ses animaux dont les prix varient entre 75 000 FCFA et 250 000 FCFA en raison de la crise sécuritaire. « On ne va pas se mentir, il n’y a pas de marché. Il n’y a pas de clients comparativement aux années précédentes. La population n’a pas la tête aux fêtes à cause de l’insécurité dans le pays », a-t-il souligné. Pour lui, c’est également le nombre pléthorique des marchés à bétail dans la capitale qui fait que certains ont du mal à écouler leurs animaux. « Actuellement tout ce que nous demandons c’est le retour de la paix. Les gens sont sur le qui-vive à cause de l’insécurité. Mais s’il y a la paix, les affaires reprendront. Nous voulons la paix d’abord », lance-t-il.
Pour Salif Zoundi, vendeur de volaille à Koursin Yaar du quartier Nemnin de Ouagadougou, le marché est morose à cause de la situation actuelle du pays. Pour lui, à cause de l’insécurité, les gens n’ont pas assez d’argent pour faire des courses pour les fêtes de fin d’année. « Comparativement aux années précédentes, ça ne va pas. Ceux qui pouvaient acheter 10 poulets, c’est maintenant 4 et ceux qui pouvaient en acheter 4 c’est désormais 1 ou 2. Il n’y a pas d’argent pour travailler. Et avec la flambée des prix des produits de première nécessité, si tu veux acheter de la nourriture et vouloir encore de la viande, c’est très compliqué. Chacun veut seulement avoir le peu pour préparer pour sa famille », nous confie-t-il.
Salif Zoundi accuse aussi les vendeurs occasionnels de gâter le marché. Pour lui, ces derniers vendent non seulement plus chers mais récupèrent leurs clients et gâtent le nom des vendeurs de volaille. Les prix des volailles varient de 3 000 à 4 000 au marché et entre 4000 et 5000 chez les vendeurs occasionnels selon Salif Zoundi. Il souhaite que le retour de la paix au Burkina Faso.
De son côté Loukmane Ouédraogo, vendeur de vélos et de gadgets pour enfants ne se plaint pas de l’état actuel du marché. Pour lui, ce sont les vélos des enfants qui sont les plus prisés en cette période de fêtes. Les prix des vélos chez Lookman Ouédraogo varient de 30 000 FCFA à 80 000 FCFA.
Mohamed Koala, comme chaque fin d’année vend des sapins de Noël et de guirlandes devant l’église de Kologh-Naba. Il se frotte les mains en cette période de fêtes grâce à ses sapins dont les prix se situent entre 5000 FCFA et 50 000 FCFA. « Cette année le marché est bon. Nous sommes déjà le 21 décembre et tout se passe bien et je rends grâce à Dieu », se réjouit-il.
Fatouma Coulibaly est entrepreneure culturelle et propriétaire de deux boutiques de vêtements pour femmes et de pagnes. Dans sa deuxième boutique située au quartier Ouidi de Ouagadougou, elle nous explique l’état actuel des ventes. Pour elle, les produits s’écoulent doucement par rapport aux années précédentes. Les produits les plus prisés chez Fatouma Coulibaly sont le Koko Dunda. Elle reconnait quand même l’impact négatif de la crise sécuritaire sur les affaires.
« La situation sécuritaire n’est pas favorable parce que les gens ne peuvent plus quitter les villages pour venir payer. Beaucoup de commerçants venaient des villages pour prendre et aller revendre. Pour nous, c’est également difficile car on ne peut plus aller à Lomé ou au Mali payer les produits et revenir vendre. C’est tout un problème parce qu’il y a tellement de taxes sur la route et c’est très difficile de vendre dans ces conditions et s’en sortir », explique-t-elle.
« Les gens n’ont pas d’argent. On espère qu’avec la réouverture des frontières, la situation va s’améliorer avec notamment l’assouplissement des conditions de traversée. Sinon se contenter des grossistes à Ouaga ça n’arrange pas non plus. Nous demandons au gouvernement de faciliter la tâche aux commerçants en leur octroyant des laissez-passer qui les exemptent de taxes sur la route afin qu’ils puissent revenir et vendre aux prix habituels pour le bien de tout le monde », a-t-elle ajouté.
Boubacary Djelbéogo est vendeur de prêt-à-porter pour hommes sur la route de Kamboinsin. Pour lui, le marché se déroule tout doucement mais comparativement aux années passées, c’est difficile. Selon Boubacary Djelbéogo, la situation sécuritaire difficile fait que les gens n’ont pas d’argent pour les fêtes. Tout en encouragent le gouvernement burkinabè pour les efforts consentis en faveur de la paix, il l’appelle à prendre des dispositions pour le retour effectif de la paix au Faso.
A l’image de tous ces commerçants, les Burkinabè n’ont qu’une seule prière en cette période de fêtes de fin d’année. Le retour de la paix aux pays des hommes intègres plombée dans une spirale d’attaques terroristes depuis plus de six ans. Avec le nouveau gouvernement du premier ministre Lassina Zerbo, tous espèrent un renversement de la situation.