Né le 28 novembre 1989 à Bouaké (RCI), Moussa Petit Sergent, où Moussa Ouédraogo de son vrai nom, allie le théâtre, l’humour et la musique. Passionné du théâtre dès l’âge de 9 ans où il était encore à l’école primaire, il a commencé à le pratiquer à l’âge de 11 ans en débutant sa formation à la compagnie les Merveilles du Faso sous la houlette du metteur en scène Patrice Kaboré. Ce pur produit du théâtre burkinabè a été révélé au grand public par le feuilleton « Petit Sergent » du réalisateur Adama Rouamba, où il interprète le rôle d’un enfant soldat. Allons à la découverte d’un talent pur de l’humour à la sauce burkinabè!
Après avoir décidé d’arrêter l’école en classe de seconde pour se lancer dans l’humour en 2009, Moussa était dans un groupe de deux personnes. En 2013, le groupe s’est disloqué. C’est alors qu’il décide de se lancer cette année là, dans une carrière professionnelle en humour. L’abandon de l’école a été fait avec un pincement au cœur parce que ses parents à l’époque n’ont pas pu satisfaire sa scolarité.
Pire, « un jour on était en plein devoir et le surveillant vient me dire de sortir parce que ma scolarité est impayée, toute la classe a pouffé de rire ». Cette scène l’a marqué et il n’a pas eu le courage de repartir sur les bancs. Mais Dieu faisant les choses, il a embrassé une carrière aujourd’hui qui commence à porter des fruits. Il sait que beaucoup d’élèves au Burkina Faso dans cette situation ont quitté l’école et n’ont pas trouvé une voie jusqu’aujourd’hui. Pour le petit Moussa de l’époque, « c’est dommage ».
Chasser un élève de la classe en tant « qu’impayé » a été traumatisant pour lui. Alors, il lance au détour de l’entretien, un appel aux différents surveillants qui sont dans les établissements afin qu’ils évitent cette façon de faire. « C’est traumatisant pour un élève quand on vient devant ses amis, appeler son nom et lui dire de sortir de la classe parce que ses parents n’ont pas payé la scolarité », déplore-t-il.
C’est alors que Moussa Ouédraogo va se lancer dans l’humour, avec plus d’abnégation au travail. Il va d’ailleurs rapidement s’imposer sur la scène humoristique burkinabè. En 2011, il remporte le titre de « Meilleur humoriste émergent » (Ouistiti d’or 2011) et en 2013, celui de « Meilleur humoriste burkinabè de l’année » avec le Comité des 12 personnalités culturelles de l’année (12 PCA). Mais Moussa ne va pas se rassasier de si tôt. Deux ans plus tard, soit en 2015, il décroche le « Grand prix national de l’humour » organisé par le ministère de la Culture des arts et du tourisme (MCAT).
Malgré ces prix, les parents de Moussa Ouédraogo étaient toujours inquiets pour son avenir. Mais cela s’est dissipé avec la montée en puissance de ses devanciers dans l’humour comme Gombo.com, Gérard, eux qui vivaient de ce métier. Néanmoins, Moussa estime avoir eu beaucoup de chance parce que ses parents l’ont toujours soutenu dans tout ce qu’il fait. Il se rappelle de son père ( ndlr : paix à son âme) qui le déposait pour ses premières répétitions. Quant à sa mère, « elle participe toujours à mes spectacles ».
Il se souvient encore d’une phrase de sa génitrice qui lui a dit : « il faut continuer, un jour ça va marcher ». Voici ce qui booste le moral. « Ce soutien de mes parents et de la famille a été suffisant et donc pour moi, je dois foncer » explique le jeune humoriste. Cette abnégation au travail a payé pour lui, d’abord au Burkina Faso avec décrocher le prestigieux « Prix RFI Talents du rire ».
Le « Prix RFI Talents du rire » remporté en 2016 donne la pression
Ce Prix RFI est venu le rassurer que ce qu’il fait est apprécié. Ce qui lui permet de représenter son pays un peu partout dans le monde. Il a surtout cloué le bec à certains qui pensaient que « j’avais fait fausse route. Et j’étais content que cela puisse aussi rassurer ma famille et apporté une caution morale dans ce que je fais ».
Demander à Moussa Petit Sergent de dire ce qu’il pense prix, il répond sans détour, « ce prix donne une pression puisqu’après ce prix j’ai commencé à jouer beaucoup sur le plan international. Entre 2016 et début 2020, j’ai plus joué à l’international qu’au Burkina Faso. J’ai pratiquement fait le tour de l’Afrique. Les tournées continuent et on a atteint un certain cap où il faut maintenir le niveau. Même si la concurrence est rude, il faut se maintenir. Et pour y arriver il faut continuer à travailler. C’est le seul secret »; foi de Petit Sergent.
Ce jeune prodige de l’humour burkinabè demeure tout de même un jeune sobre. Dans sa vie de tous les jours, il dit être chaque fois à la maison dans la journée. « Il faut qu’il ait quelque chose d’important pour que sorte ». A la maison, son sport favori est la lecture, la télévision et surtout les spectacles comme le théâtre, les contes ou les prestations d’humour de ses collègues.
Dans ce domaine, pour le Sergent, le talent représente 1% de la réussite de l’artiste. Il n’est rien car il y a beaucoup d’autres humoristes talentueux dans le pays-là. Le talent seul ne suffit donc pas. Selon, lui sa chance est le fait d’avoir une équipe très dynamique. « Depuis 2011, c’est avec la même équipe que je travaille. C’est mon metteur en scène, Hyppolite Kanga, mon administrateur Ernest Bakouan, mon communicateur Moussa Porgo et mon manager Baz Bénao » se réjouit-il.
Un One Man Show qui promet le 13 février 2021
Pour décrocher un entretien avec Moussa Petit Sergent, il faut tenir compte de son actualité. L’artiste est en pleine préparation d’un spectacle inédit pour le 13 février 2021. « Ce spectacle est en préparation depuis trois mois pour ne rien laisser au hasard. Il faut qu’il soit de qualité. Ce qui va contribuer à galvaniser les autres humoristes et faire grimper le niveau de l’humour burkinabè » précise-t-il.
Et il glisse des scoops de son rendez-vous avec le public : « ce spectacle est une comédie musicale avec un travail scénographique derrière » nous confie-t-il.
Profitant de l’entame de la nouvelle année 2021, Moussa ne manque pas de « dire merci au peuple burkinabè pour son soutien ». Le jeune humoriste est d’ailleurs très reconnaissant : « c’est grâce au peuple burkinabè que j’arrive à sortir pour jouer dans d’autres pays ».
Côté jardin, Moussa Petit Sergent, sans être très bavard, n’est plus un cœur à prendre.