7 septembre 2024
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Partenariat avec la Russie : « L’Afrique n’a pas besoin de Poutine » Ouvrage

«L’Afrique n’a pas besoin de Poutine : contre le « poutinisme », un poison pour le continent ». C’est le titre du livre de l’ancien ministre de la Communication et de la Réconciliation de la République centrafricaine, Andrien Poussou. L’auteur est venu présenter le livre à Ouagadougou, avec pour objectif d’interpeller les Burkinabè sur le danger que représente la politique du président russe, Vladimir Poutine, sur le continent africain. Nous l’avons rencontré pour un échange à bâtons rompus, sur son œuvre, ses motivations et ses espoirs.

«Je suis parti de certaines hypothèses. La première est que c’est l’appât du gain qui amène Vladimir Poutine (qui considère le désordre comme du pain béni) en Afrique », dit-il d’entrée. Pour lui, la Russie s’intéresse aux pays en difficultés et où il y a de l’or et du diamant ou toutes autres ressources rares. « La deuxième hypothèse est que la Françafrique sert de fumée à tous ceux qui rêvent de remplacer la France en Afrique et de perpétuer ce qu’ils lui reprochent. Ils organisent des propagandes et prétendent libérer l’Afrique de la France. Le réquisitoire contre la France n’est qu’un prétexte pour manipuler des Africains et les entraîner dans la « nouvelle décolonisation du continent » qu’apporterait Moscou ».

Mais le livre n’est pas qu’une critique en règle contre la Russie, son président et ses mercenaires du groupe paramilitaire Wagner. Il aborde, d’entrée, la détérioration de l’image de la France en Afrique, qui a du mal à s’adapter aux changements des mentalités et des nouvelles exigences des Africains vis-à-vis des autres acteurs du monde. « La France à la barre », c’est d’ailleurs le titre du premier chapitre du livre. C’est justement la dégringolade de l’image de la France en Afrique qui est désormais agitée par les propagandistes pro-russes dans leurs « diatribes anti-occidentales ».

Dans le deuxième chapitre, intitulé « un mirage nommé partenariat », l’auteur, à travers des exemples précis, aussi bien en Centrafrique que dans d’autres pays, fait un tour d’horizon des visées des puissances, qu’elles soient occidentales, russes ou chinoises sur l’Afrique.

L’essentiel est consacré à Poutine et à « Wagner, son armée fantôme ». Pour lui, Poutine est un dictateur qui apportera au continent, ce qui a été reprochée à la France au lendemain de la colonisation, et surtout ce qu’il fait chez lui, à savoir : la persécution des opposants, la répression et des violations de la liberté d’expression et de la presse, bref, la remise en cause de la démocratie et de l’Etat de droit.

Après ce réquisitoire contre le mirage russe, l’auteur interpelle les Africains sur leurs propres responsabilités. Son dernier chapitre appelle au changement radical dans les pratiques et les cultures politiques, en mettant en avant la nécessaire unité du continent. « Personne ne viendra construire ce continent », dit-il. « C’est pourquoi, je suis peiné de voir que dans le pays de Thomas Sankara, cette icône qui s’est battue pour une Afrique indépendante et libre, des jeunes brandissent des drapeaux pour appeler une puissance extérieure, notamment, la Russie, à venir prendre la place d’une autre puissance extérieure, la France. « L’Afrique n’a pas besoin de Poutine. Ceux dont les Africains ont besoin, c’est un Etat fédéral, dans un mariage polygamique où chaque conjointe accepte les autres avec leurs qualités, leurs défauts, leurs richesses et leurs limites », affirme Adrien Poussou.

A la question de savoir pourquoi il vient au Burkina Faso présenter son ouvrage, il affirme qu’en plus du fait que des Burkinabè, dans le cadre de la mission des Nations unies, soient morts pour défendre la Centrafrique, il est un panafricaniste et un sankariste convaincu. Il voudrait tirer la sonnette d’alarme et dire aux Burkinabè que la solution aux problèmes du Burkina Faso ne viendra que des Burkinabè. La Russie de Poutine n’est pas la solution. Il faut se garder de quitter une allégeance pour une autre encore pire que la précédente. Il faut se libérer de toutes chaînes qui maintiennent les Africains dans le sous-développement.

Andrien Poussou a voulu, à travers ce livre, « soumettre à la sagacité de [ses] compatriotes africains » sa lecture de la nouvelle menace pour le continent que représente le « Poutinisme », défini comme « l’adhésion du Poutinisme ».

Enfin, il dit que par la bataille contre le « Poutinisme », il voudrait rendre hommage à Djamila, « une orpheline autiste de 12 ans, violée à plusieurs reprises, mise en ceinte par un mercenaire de Wagner en Centrafrique, et qui a été par la suite assassinée, éventrée, lorsque sa tutrice a tenté d’obtenir justice sur ce drame.

Nerwatta KAFANDO

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