La passation de charges à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) entre le président entrant, Newton Ahmed Barry et le président sortant, Elysée Ouédraogo est intervenue ce 2 août 2021. C’était en présence du ministre d’Etat, ministre l’Administration territoriale et de la décentralisation, Clément P. Sawadogo. Newton Ahmed Barry dans son discours bilan liste l’héritage qu’il laisse à l’institution.
Monsieur le Président de la CENI, M Elysée Ouédraogo
Monsieur le ministre d’Etat !
Monsieur les représentants du Présidium de la FAIB
Mesdames et Messieurs les Représentants des mandants
M Halidou Ouédraogo, CODEL
Cette cérémonie symbolise le charme de la démocratie et de l’alternance. La succession des équipes à la tête des institutions.
Elle en est le charme et en même temps la mélancolie. Car prendre service, c’est déjà penser à ce moment redoutable de la passation de service. Redoutable, car c’est le moment fatal du bilan.
Mesdames & Messieurs !
Il y a 5 ans quand je prenais service, j’avais dit, que celui qui n’a pas agi, ne doit pas beaucoup parlé. Je m’en étais tenu à cette exigence.
Aujourd’hui, je peux parler.
Du point de vue institutionnel, je laisse en héritage, une CENI qui a maintenu et renforcé la tradition des élections ou les vaincus vont féliciter le vainqueur.
Après les résultats du double scrutin du 22 novembre, tous les challengers du président Roch Marc Kaboré, sans exception, sont allés le féliciter. Mieux, nous avons pour la première fois, vu un challenger farouche rejoindre le vainqueur et sa majorité. C’est une première au Burkina et en Afrique.
Des 5 présidentielles en Afrique de l’ouest en ce dernier trimestre de 2020, seuls les résultats proclamés par notre CENI et validés à la virgule près par le conseil constitutionnel ont donné lieu, à ce beau spectacle de fairplay démocratique, où les vaincus reconnaissent la victoire du vainqueur et l’en féliciter.
Nous avons donc maintenu ce challenge inauguré en 2015. Nous vous le laissons en héritage.
Dans un contexte particulièrement difficile à cause du terrorisme où au dessus de la parallèle de Ouahigouya, Koungoussi, Kaya, il faut une escorte sécuritaire musclée pour réaliser tout acte administratif, nous avons déployé des milliers de personnels aussi bien pour l’enrôlement des électeurs que pour la tenue du double scrutin et il n’y a eu ni attaque, ni blessé ni mort. C’est extraordinaire et nous rendons infiniment grâce à Allah.
Toujours au niveau de la santé institutionnelle de notre CENI, nous avons réduit le coût de l’opération électorale, malgré l’insécurité, malgré l’augmentation substantielle des électeurs ; il y a eu en effet, 1,2 millions nouveaux électeurs, du nombre de BV, malgré le vote des Burkinabè de l’extérieur, dans 22 pays à l’étranger, malgré la COVID 19. L’opération électorale du 22 novembre a coûté moins chère que celle de 2015.
Cela nous vous le laissons aussi en héritage.
Sur le coût de l’enrôlement des électeurs, nous avions prévenu, dès notre arrivée en responsabilité, que notre mode d’enrôlement des électeurs était inutilement coûteux et peu performant. Hélas, c’est encore lui qui a grevé grave le coût de nos élections, pour près 33 milliards, là où l’opération électorale n’a coûté que 21 milliards, en vérité, 20,6 milliards que nous avons arrondi à 21 milliards.
Aujourd’hui je le répète, il est possible d’enrôler à zéro franc, si nous le voulons bien. Quand je dis ça, il ne s’agit pas d’une simple incantation. Nous avons pu construire un mécanisme à 300 millions de francs avec nos jeunes informaticiens Burkinabè qui nous permette de le réaliser. A titre de comparaison, le système que nous avons acheté aux multinationales nous a coûté autour de 20 milliards (tout le backage). Tous les ans, nous devons provisionner 200 millions pour les différentes mises à jour et les entretiens de ce matériel. Comme nous n’y arrivons pas, l’obsolescence du matériel est accélérée. Le manque de maintenance adéquat conjugué à l’obsolescence programmé de tout logiciel et de tout matériel informatique sophistiqué fait que, tous les cinq ans, il nous faut dépenser des dizaines de milliards pour acquérir des nouveaux Kits et des nouveaux logiciels.
Nous ne sommes pas condamnés à cela, si nous le voulons bien.
Monsieur le président de la CENI !
Monsieur le ministre d’Etat
En 2016, nous avions aussi dit, que malheur à celui qui ne fait pas mieux que son devancier.
A ce niveau aussi, voilà ce que nous vous laissons en héritage.
En 2016, nous avions hérité de 70 millions de carburant. Nous vous laissons aujourd’hui 350 millions de carburant. Soit 5 fois plus que ce nous avons hérité.
En terme de ressource financière, nous vous laissons 275 millions f CFA, hors budget de fonctionnement, qui va faciliter que vous puissiez vous déployer rapidement, au regard des urgences à affronter pour être au rendez-vous du 22 mai 2022. Ces ressources nous les avons obtenu de la CEDEAO et nous les avons réservé aux municipales.
Toujours dans la même solidité institutionnelle de notre CENI, spécifiquement dans l’amélioration des conditions de travail du personnel, nous laissons une mutuelle des travailleurs dynamisée qui a dans son compte aujourd’hui plus de 4 millions de francs cfa.
Elle peut assurer aux travailleurs de la CENI l’assurance maladie jusqu’en fin janvier 2022. Cette assurance coûte 56 millions de francs.
Enfin, c’était notre promesse et elle sera tenue, dès la reprise gouvernementale en septembre, l’indemnité électorale, pendant les sessions va être substantiellement améliorée, surtout pour le personnel administratif et technique.
Le Ministre des Finances m’a rassuré à l’occasion de la dernière audience qu’il m’accordé que le décret va passer en Conseil des ministres dès septembre, conformément aux instructions du président du Faso. Je les en remercie !
Voilà donc la CENI que nous vous laissons en héritage.
Nous pensons modestement avoir apporté la terre à la terre et maintenue plus vivante la termitière CENI.
Mesdames & Messieurs !
Ce que nous avons réalisé là est évidemment collégial et je voudrais remercier chaleureusement les commissaires et le personnel technique.
Nos remerciements vont au Chef de l’Etat et à son gouvernement. M le ministre d’Etat nous vous prions de transmettre au président du Faso toute notre gratitude.
Nos remerciements vont également à nos partenaires techniques et financiers, notamment le PAPE qui nous a accompagné tout le long du processus.
Dans notre collaboration, nous avons expliqué à nos partenaires, que notre conception du partenariat et de l’aide, c’est le partenariat et l’aide qui permettent de nous passer de l’aide. C’est pourquoi, nous leur avons dit que c’était à la CENI, avec son expérience et son environnement économique d’acquérir en toute indépendance l’ensemble du matériel nécessaire aux élections. C’est ce que nous avons fait. Nous avons été confortés quand le Conseil Constitutionnel en délibérant a reconnu expressément la qualité de l’encre indélébile que nous avons acquis, à moins de 50 jours du scrutins.
Parfois, avec nos amis PTF on ne s’est pas compris et cela a failli provoquer des ruptures. Mais nous les remercions de nous avoir compris in fine. C’est la conception que nous avons d’un partenariat et il nous importait en situation de responsabilité de la mettre en œuvre.
A présent, je voudrais m’acquitter d’un devoir de reconnaissance. Pour venir à la CENI on ne passe pas un concours. Ce sont les mandants qui vous choisissent. Je voudrais donc humblement remercier la FAIB de m’avoir désigné et de m’avoir accompagné pour briguer la présidence de la CENI. C’est la FAIB qui a tout fait. Mes remerciements au présidium, au secrétariat exécutif. Plus spécifiquement ma gratitude au guide spirituel Cheick Aboubacar Doukouré. Mon infini remerciement à mes grands frères Imam Boubacar Yougo, Oumar et Mahamadi Yougo. La mission à la tête de la CENI est sans aucun doute l’une des missions les plus périlleuses qui soit. Vous avez été pour moi les remparts indispensables des jours de tourments. Que Allah soubahanah Taallah vous le revale. J’espère ne vous avoir pas déçu. Surtout que c’était la première fois que notre composante avait la charge de diriger la CENI.
Je voudrais reconnaître dans cette salle, M Halidou Ouédraogo, mon ancien patron. La CODEL que vous avez dirigé a été extraordinaire à nos côtés. Certains avaient construit la rhétorique de notre échec. Il a fallu que par les faits que vous constaté et documenté avec vos 4000 observateurs, vous nous aidiez à démontrer le contraire. Certains avaient théorisée à l’avance des milliers de bureaux de vote qui n’ont pas ouvert à l’heure. Il y a eu même, un journal qui a titré « le grand Bazar », avant de s’aviser et d’édulcorer sa Une.
Vos observations ont montré le contraire. Vos statistiques ont montré que à 6h, dans vos observations plus de 90% des BV avaient ouverts et à partir de 9H 98% des BV avaient ouverts.
Le soir dans vos observations 98% des BV avaient dépouillés à temps avec tous les documents au complet.
Il ne s’agit pas de nier des difficultés. Il y en a eu. Mais résolument nous y avons fait face et nous les avons résorbées dans la journée à plus de 98%. C’est cela aussi, la marque du professionnalisme. Un PV de dépouillement qui manque au moment de l’ouverture du BV ne peut nullement signifier une élection bâclée. Nous avons fait face et progressivement nous avons résorbé les difficultés. Sauf dans la région du Sourou, où les kits malencontreusement déposé à Toeni, n’ont pas pu être récupéré avant la fermeture des bureaux de vote, par l’hélicoptère que nous avions dépêché. Mais dans un pays en crise ce que nous avons fait est à saluer. Il se trouve que nombre de critiques aussi, ne connaissent pas vraiment le pays.
Nous sommes la première CENI à avoir organisé des élections sous un Burkina dont 30% du territoire est inaccessibles. Monsieur le président Elysé Ouédraogo, votre CENI sera la deuxième à organiser dans moins de 10 mois, une grande élection dans un Burkina où la situation sécuritaire ne s’est pas amélioré depuis le 22 novembre dernier. Je vous souhaite beaucoup de chance.
Après cet intermède, permettez que je revienne aux remerciements :
Merci à mon adorable épouse. Elle a soigné chaque soir mes stress et calmé par sa douceur mes angoisses. Elle m’a aidé à affronter les bourrasques de la CENI.
Mes devanciers l’ont expérimenté, certains jusqu’à la mort. Celui dont cette salle porte le nom, Moussa Michel Tapsoba y a justement laissé la vie. C’est en expérimentant ces difficultés, que nous avons été convaincus qu’il fallait qu’on lui rende hommage.
Mesdames &Messieurs
Pour terminer, je voudrai du fond du cœur souhaiter bonne chance à M Elysée Ouédraogo et son équipe pour l’intérêt de notre chère patrie le Burkina Faso.
Bonne chance à vous !
Dieu bénisse le Burkina
Je vous remercie