Dans cette tribune, l’ex-patron de la commission électorale nationale indépendante (CENI) et journaliste, Ahmed Newton Barry a donné des propositions pour une meilleure prise en charge des déplacés internes au Burkina Faso. Lisez !
Organisons mieux la solidarité !
Principalement la solidarité territoriale. Actuellement les villes d’accueil de la ligne de front sont à la limite de la rupture dans tous les domaines (capacités d’accueil et pression anthropique sur les ressources naturelles eaux et pâturages). Les flux de déplacés sont quasi incessants.
Que faut-il faire ?
Il faut instituer une solidarité territoriale en organisant l’accueil de ces DPI par les autres communes et provinces. De la sorte on dessert l’étau sur des villes comme Ouahigouya, Koungoussi, Djibo, Dori, Kaya etc. Le fardeau ainsi reparti, évite à terme l’effondrement des régions de la ligne de front.
Évidemment, ce sont des choses qui s’organisent et se planifient. En canalisant les flux, dans un dispositif organisé et planifié, on pourrait facilement réussir la dissémination des déplacés, mettre à disposition des terres pour ceux qui veulent continuer à produire et préserver leur dignité.
La pression sur les ressources naturelles (eau et pâturages) va être absorbée. Les pôles de croissance agricole; Bagré, Samandeni et Sourou dans une moindre mesure (puisque cette zone est quasiment infestée) doivent être mis à profit pour résorber les flux des DPI.
On pourrait utilement profiter et renforcer l’état-civil (identification, CNIB, recensement à but fichier électoral), en somme un début d’une meilleure organisation de l’état des personnes.
On peut faire de cette difficulté une opportunité, en attendant que les conditions permettent à ces Burkinabè de rentrer chez eux.
Réfléchissons donc et organisons mieux la solidarité nationale et la prise en charge de nos frères déplacés.
Les flux de déplacés que nous voyons ces derniers jours sur les routes de Titao constituent un véritable crève-cœur. Il faut saluer la télévision OMEGA qui fait un travail remarquable. A contrario on ne sent pas un dispositif administratif réfléchi pour les gérer.
Comme la situation devient endémique, on ne peut plus continuer avec les artifices qui ont jusque-là prévalu.
En plus, les nombres deviennent énormes. Avec Titao plusieurs milliers de personnes sont venues grossir le rang des déplacés. Or aux déplacés de Titao, il faut ajouter ceux de Ouindigui, de Sollé et dans une moindre mesure ceux de Banh.
A ce stade de la crise, on ne peut plus continuer à improviser. Surtout dans la gestion des DPI. Quand les flux sont ininterrompus et ne cessent de grossir, penser qu’on peut continuer à les contenir et à les cantonner avec l’appât des subsides humanitaires est une erreur.