22 novembre 2024
spot_img

Réconciliation nationale : « Il faut aller aux sources», Député Julie Kongo

Dans le sillage des activités de l’an 2 de l’Appel de Manega sur la réconciliation nationale, un panel sur les mécanismes endogènes de médiation a réuni les acteurs de société civile, les politiques et les chefs coutumiers qui s’est penché sur la réconciliation nationale. C’était ce 19 juin 2021, à Ouagadougou. A cette occasion, la député Julie Kongo a appelé à aller aux sources

C’était autour du thème : « Les médiateurs traditionnels et les mécanismes culturels de réconciliation, de paix et du pardon », que les panelistes à savoir, l’Emir du Liptako, la députée et princesse mossi, Julie Kongo; Yirim Naba Loll’ga, chef coutumier du Yatenga; le Sociologue Dah Sie De Bendoute et Drissa Sanogo ex Député s’étaient réunis.

Evariste Konseibo, coordinateur scientifique de l’appel de MANEGA a expliqué dès l’entame du panel qu’il s’agit d’un haut niveau de réflexion qui mobilise les personnes ressources du Burkina, dont l’optique est plancher sur la réconciliation nationale. Pour lui, la réconciliation nationale est une volonté politique qui fait appel aux mécanismes alternatifs, dans une vision de résorber les antagonismes de tous genres que traverse le pays. A cet effet, les mécanismes endogènes sont sollicités pour apporter des éléments de réflexion à même d’esquisser les pistes de solutions pour l’avenir du pays.

Pour la député Julie Kongo, dans le royaume Moaga, la Wemba est la médiatrice du royaume. Selon ses propos, les colonisateurs ont mis à mal l’organisation de la société. En guise d’exemple , Julie Kongo a expliqué que dans les royaumes , les femmes étaient des médiatrices. « c’est justement dans l’ancien temps qu’on écoutait les femmes et tout allait bien», a expliqué Julie Kongo, pour montrer le rôle des femmes dans l’intronisation dans le royaume. « je lutte contre l’égalité entre les hommes et les femmes, je suis contre, car chacun à son rôle sociétal à jouer dans la communauté. Retourner dans nos valeurs traditionnelles va nous sauver. Si on ne tient pas compte sur ce que nos parents ont pris pour bâtir une société, et on se base sur les occidentaux, on va droit dans le mur. Les femmes ont leur place dans une société, il ne s’agit pas de crier dans les médias pour les questions de quotas genre», a expliqué Julie Kongo.

« On ne doit pas abandonner nos valeurs traditionnelles, il faut une éducation traditionnelle. Cela permet aux jeunes de savoir qu’ils sont, nous avons un problème d’identité», a ajouté Julie Kongo.

«Il faut aller vers la solidarité responsable», Émir du Liptako

L’émir du Liptako a donné sa vision sur les questions de culture et de religion, en lien avec le vivre ensemble et la réconciliation nationale. Pour lui la méditation est un « accord».

« la culture est un facteur de résilience qui contribue à la survie de nos sociétés» a planté comme décor, l’émir du Liptako. Pour pouvoir vivre ensemble, l’émir du Liptako a rappelé qu’il y a des valeurs telles que l’amitié, la tolérance, le vivre ensemble et la solidarité qui doivent guider une société si on veut exister.

L’émir du Liptako a participé au panel

Pour l’émir du Liptako, face aux violences, le terrorisme et l’extrémisme violent , les sociétés tendent à se replier sur elles-mêmes. Face à cet état de fait, l’émir propose d’user de la parenté à plaisanterie, le mariage interreligieux et l’entraide.

Par ailleurs, l’émir a invité aux respects des aînés, aux leaders religieux et des autorités. Ceci à travers une dimension affective et le respect continu des différences. Pour éviter le repli identitaire, il faut œuvrer pour l’hospitalité, l’épopée, la transmission des valeurs locales. «On ne peut faire la promotion de la paix qu’à travers nos valeurs, il faut faire en sorte que chacun connaisse son histoire, mais surtout encourager la solidarité responsable , il faut partir de ce que nous sommes et non de ce que nous voulons être » a conclu l’émir de Liptako.

« La culture de la paix a fait que l’Afrique n’a pas d’arme », Dah Sié de Bendouté, sociologue

Les mécanismes de résolution de conflits dans le pays Lobi ont fait l’objet d’analyse par le sociologue , Dah Sié de Bendouté.

« Quand on parle de paix, en Afrique, on n’a jamais connu de prison. l’Afrique n’a jamais connu de prison. l’Afrique ancienne n’a pas de prison , c’est parce que tout tourne autour de l’homme» a analysé Dah Sié de Bendouté, à l’entame de ses propos. Pour lui, l’Afrique a bâti sa culture autour de l’homme en lien avec la nature. Parlant de la MAAT, une déesse dans l’Égypte ancienne, Dah Sié de Bendouté a expliqué que la femme est au centre de la vie. C’est ainsi qu’en période de grâce, d’initiatique, aucun sang ne doit être versé, ni aucune injustice ne doit être commise.

En pays Lobi, explique Dah Sié de Bendouté , c’est l’oncle qui participe à résoudre les conflits. Ensuite vient le chef du village qui doit protéger les citoyens. C’est ainsi que tout Lobi doit envoyer un coq pour le fétiche du village pour la protection. C’est cela le fondement de la médiation du chef dans tous les types de conflits.

En outre, viennent les forgerons , les parents à plaisanterie qui sont souvent sollicités pour la médiation. Pour discuter des conflits, les lobiris utilisent deux émissaires pour résoudre les conflits.

En pays Lobi, la femme est symbole de paix, dont le fondement est la sacralité de la vie. Pour Dah Sié de Bendouté, la femme a son espace de liberté, comme la meule et la cuisine. « l’individu est un médiateur, il est toujours en situation de paix» a ajouté Dah Sié de Bendouté.

« la culture de la paix a fait que l’Afrique n’a pas eu d’armement, la vie est sacrée et que l’homme est au coeur de la société », dixit Dah Sié de Bendouté

« Il calmer la terre », Yirim Naaba, chef coutumier au Yatenga

Chef coutumier du village du Yirim dans le Yatenga, le Naaba Yirim a dévoilé les mécanismes de médiation dans le royaume mossi. Pour lui, tout le monde n’est pas fait pour la médiation.

« Les médiateurs types que nous connaissons sont les Yagmsé, le Rakyiré, les bougbas, les Bendrés, les pembsés, les Saaba, les tengsooba, qui sont les précurseurs que les Nakomsé et les princes sont venus trouver. Les grands médiateurs sont les wembas. Dans le royaume mossi , la saisine est simple suivant un rite. Il s’agit de faire en sorte que la partie offensée pardonne son offenseur et que la partie lésée trouve justice».

Yirim Naaba, chef coutumier au Yatenga

Le Naaba a ajouté que sur la base de l’humour, la parenté à plaisanterie est fait usage pour résoudre un malentendu. Mais pour le cas des forgerons, ou Saaba, la délégation offre des offrandes lors de la démarche de demande de pardon.

« Si la tradition privilégie la réparation des coeurs et de la société, la loi moderne privilégie la compensation» , a expliqué le Naaba , qui a toutefois invité la tradition et la modernité puissent se supporter pour aller vers la réconciliation nationale.

Pour lui, à travers les médiateurs endogènes, il faut calmer la terre, calmer l’invisible, calmer les esprits, calmer ceux qui sont sous la terre, dans l’optique de soigner les cœurs, aller à la paix et le vivre ensemble.


« Dans le mandè, les conflits sont réglés de façon foraine » Drissa Sanogo , expert en circulation des armes légères

Drissa Sanogo, expert en circulation des armes légères et de médiation internationale a expliqué la pratique du Mandè dans la résolution des conflits, en pays Senoufou.

Les médiateurs traditionnels dans le Mandè sont généralement des sages qui aspirent le respect, qui interviennent pour faire taire les différends.

Ainsi, le rôle du médiateur est dévolu aux castes, notamment des Dozo et les grands détenteurs des fétiches. Mais avec la modernité, il faut ajouter les prêtres, les imams et les richissimes.

C’est ainsi que le Mandè a initié l’arbre à palabres, les interventions des castes et les leaders religieux et culturels. La charte de Mandè ou Kouroukan Fougan, créé en 1236, sous Soundjata Keita, constitué d’un préambule en 13 articles.

Pour Drissa Sanogo, C’est ainsi que Louis IV s’est inspiré pour la constitution de la France. L’objectif de la charge de Mandè était d’éviter les conflits. Il s’agit de se baser sur l’arbre à palabres pour discuter des vies des personnes et de la société à l’amiable. Cela se fait sous forme d’assise foraines, au cours desquelles chaque intervenant s’explique pour situer l’origine du conflit, suivis du pardon et de la réconciliation.

Aussi, les castes sont souvent sollicitées pour la résolution des conflits, notamment à travers des personnes interposées, mais aussi par usage de la parenté à plaisanterie.

Souvent, la résolution des conflits est culminée par les sermons, des libations et le sacrifice d’animaux.

En dernier lieu, les chefs sont invités pour résoudre les conflits, qui sont gravissimes. A ce niveau, les fautes sont graves et des sanctions s’en suivent notamment des exclusions et des banissements.

Pour Drissa Sanogo, « ne devient pas médiateur qui peut l’être dans la tradition mandingue».

spot_img

Derniers Articles

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Suivez-Nous sur

Publicité partenaire

- Advertisement -spot_img

Publicité partenaire

- Advertisement -spot_img

Publicité partenaire

- Advertisement -spot_img

Publicité

- Advertisement -spot_img

Articles Populaires

Abonnez-vous pour ne manquer aucun de nos nouveaux articles!

NEWSLETTER