Ceci est une tribune de l’écrivain Adama Siguiré. Dans cette tribune, l’écrivain pointe le doigt sur l’état burkinabè comme responsable concernant le drame à l’université Norbert Zongo.
Le philosophe Emmanuel KANT se veut catégorique: L’homme ne devient homme que par l’éducation. Il n’est que ce qu’elle le fait. ». C’est pour dire que comme la culture développe les plantes, l’éducation développe les hommes. Aujourd’hui, en Europe comme en Asie, de petits États qui au début du 20e siècle avaient encore du mal à nourrir leurs populations s’imposent comme des Nations développées où il fait bon vivre, où chaque citoyen est fier d’être membre d’une collectivité, d’une Nation.
La Suisse et l’Inde sont de bons exemples.
Les États africains devraient comprendre la logique du développement humain. L’homme est la principale matière du développement. C’est lui qui est au centre de tout. S’il est mal formé, tout sera mal formé. S’il est bien formé, la grande partie des choses sera bien formée. C’est pourquoi la formation des jeunes gens devrait être une priorité, une préoccupation pour l’État. Il n’y a pas d’avenir sans une jeunesse formée aux défis de l’avenir. Et pourtant, je connais bien les jeunes au Burkina. Je côtoie les jeunes. Je suis avec eux. Ils sont au centre de mon activité professionnelle.
La jeunesse burkinabè connait d’énormes souffrances. On peut l’accuser de tous les maux, de tous les péchés, mais elle souffre aussi dans son corps et dans son âme. Comment comprendre qu’au 21e, à l’ère des technologies de pointe, des étudiants n’ont pas à manger, des étudiants meurent de faim. En 1940, c’était encore tolérable, mais en 2022, rien n’explique ce niveau de vie, cette situation plus que misérable. Et pourtant, nos étudiants n’ont pas à manger dans nos universités. Pour avoir à manger, c’est la bousculade. Et un étudiant est mort dans ces bousculades. C’est la honte de toute une Nation. Mais, c’est surtout la honte d’un État irresponsable, insouciant, boiteux qui ne comprend rien aux principes du développement endogène. Nous avons du chemin.
L’université devient le centre du désespoir. Chaque jour, je reçois des messages. Ceux qui doivent gérer la Nation dans le futur n’ont pas à manger. Voilà une situation qui donne encore raison à cet ami qui me disait que notre pays est parallèle au développement.
Il n’y a pas d’espoir sous nos tropiques. L’avenir n’est pas ici parce qu’on ne veut pas qu’il soit ici. Je comprends ceux qui partent quand l’occasion se présente. C’est souvent comme se renier, mais on n’a pas le choix. Le Burkina fait perdre tout espoir. Le Burkina bloque nos rêves. Le Burkina se moque de notre futur. C’est triste. Que reste-t-il de notre humanité, ici, ici au Burkina?