La Côte d’Ivoire amorcera-t-elle un nouveau virage avec cette rencontre entre les deux anciens politiciens ce mardi 27 juillet 2021. Il s’agira de leur première rencontre depuis l’élection présidentielle de 2010, où ils étaient adversaires au second tour. Une crise postélectorale (2010-2011) née du refus de Gbagbo, au pouvoir depuis 2000, de reconnaître sa défaite à la présidentielle face à Alassane Ouattara. Plus de 3 000 personnes étaient mortes et Laurent Gbagbo avait été arrêté en avril 2011, avant d’être poursuivi par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité lors de cette période. Cette retrouvaille permettra-t-elle de tracer le début de la marche vers une réconciliation réelle dans le pays ?
Deux semaines après sa visite à Henri Konan Bédié, d’où les deux hommes ont lancé un appel au dialogue national, Laurent Gbagbo, de retour en Côte d’Ivoire depuis le 17 juin dernier, va rencontrer son successeur Alassane Ouattara. Cette rencontre entre ces deux leaders politiques, qui se sont violemment affrontés après le scrutin présidentiel de 2010, est prévue pour se tenir au Palais de la présidence Ivoirienne. « Dix ans [d’absence], c’est beaucoup », avait notamment lancé Laurent Gbagbo lors de son retour dans son village natal de Mama (Ouest), fin juin.
Très vite, Laurent Gbagbo a de nouveau décidé de ne pas perdre du temps pour occuper le champ politique, en allant rencontrer l’ancien président et ex-rival, Henri Konan Bédié. À cette occasion, Laurent Gbagbo avait appelé Alassane Ouattara à « respecter les textes », en référence à sa réélection en 2020 pour un troisième mandat controversé. Une rencontre qui va certainement donner un coup d’accélérateur au processus de réconciliation nationale annoncé depuis la prise de pouvoir d’Alassane Ouattara, mais qui balbutie encore.
Pour beaucoup, cette rencontre répond aux attentes de nombreux Ivoiriens qui espéraient dans le cadre d’une véritable réconciliation du pays, la tenue effective d’une rencontre entre les deux hommes. Pourvu que cette proximité de circonstance en perspective ne soit pas chapeautée par des hommes politiques vindicatifs qui sont toujours malheureusement nombreux dans les deux camps. Pourtant ils doivent mais plutôt tirer leçon des crises successives qui ont secoué le pays, notamment celle de 2010-2011.
L’espoir est d’autant plus permis que les deux briscards de la politique qui ont leur part de responsabilité dans le chaos qu’a connu la Côte d’Ivoire, ont décidé de franchir le pas vers la réconciliation et surtout la placer sous le signe de l’apaisement du climat sociopolitique. On espère qu’à l’issue de cette rencontre les deux vont faire baisser davantage les tensions politiques et communautaires toujours latentes.
Le président Ouattara, disposant de tous les leviers, doit œuvrer à poser les jalons de cette réconciliation et aller dans le signe de l’apaisement surtout que son ancien collègue, Laurent Gbagbo, est sous le coup d’une condamnation à 20 ans de réclusion pour le « braquage » de la BECEAO pendant la crise postélectorale de 2010. Car, s’il veut mener à bien le processus de réconciliation tant chantée, il devra impérativement faire ce geste, l’ancien président, quoi qu’on dise, est un élément incontournable de l’équation d’autant qu’il compte encore et toujours de nombreux partisans.
Mieux, la réconciliation nationale dont on parle ne doit pas être vue sous le prisme des relations entre hommes politiques, mais plutôt comme un processus qui permettra à terme, à l’ensemble des Ivoiriens de se pardonner. Et pour y arriver, il faudra par oublier de solder les comptes et rendre justice à toutes les victimes durant toutes ces décennies de braise, et amnistier ou gracier ceux qui auront été reconnus coupables.
C’est à ce prix que la Côte d’Ivoire, qui est l’un des pays les plus cosmopolites de la sous-région, pourra chasser les démons de la division, et que les Ivoiriens pourront réapprendre à vivre ensemble, et à se serrer les coudes face à la myriade de défis, notamment sécuritaires, qui sont actuellement les leurs.
Une très belle analyse mais pour germer cette réconciliation, il va falloir que ces trois cadres de la scène politique passent le flambeau à la nouvelle génération. Et que le <> soit comme un oxygène de vie pour chaque Ivoirien qui doit être couronné par le <> qui frissonnera comme l’emblème de cette belle Côte d’Ivoire.