La situation sécuritaire au niveau des frontières des trois pays (Burkina, Mali, Niger) s’est considérablement détériorée en ce mois d’août 2021. La zone des 3 frontières reste le sanctuaire des forces du mal qui font couler le sang de leurs semblables dans les trois pays . Au Burkina Faso, les attaques meurtrières se multiplient. Solhan, Tokabangou (Markoye), Barsalogho, Toeni, Arbinda, … On enchaine les deuils sans réellement tirer les leçons de ces embuscades et autre massacres à ciel ouvert. Face à cet enchainement des malheurs, l’on se rend à l’évidence, comme nous l’avons d’ailleurs soulevé, que les réaménagement apportés au sommet sont loin d’être la panacée. Casser le thermomètre est loin d’être un moyen pour faire baisser la température.
Le pays des hommes intègres continuent de pleurer ses filles et fils, civils et militaires, volontaires pour la défense de la patrie (VDP), qui tombent régulièrement et parfois massivement sous les balles assassines des forces du mal. Rien qu’en ce mois d’août le décompte macabre dépasse déjà la barre des 100 morts. Des chiffres qui donnent froid dans le dos. Certes, des pertes sont infligées également à l’ennemi mais elles ne sont pas suffisantes pour porter un coup sérieux à ses capacités de nuisance. Mieux, ces dernières attaques par embuscade interrogent à nouveau sur la stratégie de lutte contre ces groupes armés qui, vraisemblablement ont toujours une longueur d’avance sur les forces de défense et de sécurité. Aujourd’hui, plus que jamais, les renseignements montrent leurs véritables limites. On peut l’affirmer, sans être un expert en sécurité.
Après l’attaque de Solhan et face à la colère grandissante au sein de la population, des têtes sont tombées et on pensait que c’était la solution. Mais le mal est plus profond. Il faut plus que des chaises musicales.
Il faut une véritable stratégie nationale de lutte contre le terrorisme, alliant à la fois des renseignements de grande précision et à la hauteur des défis, des moyens logistiques et humains à la hauteur des exigences du terrain, des opérations militaires (offensives et défensives, terrestres et aériennes, ponctuelles et permanentes), l’adhésion et la mobilisation des populations. Car, comment comprendre que des mouvements de 300 à 400 personnes à motos puissent se déployer et tendre des embuscades à des escortes, sans être dénoncés et neutralisés?
Décidément, le bout du tunnel n’est pas pour bientôt. On savait que cette guerre allait durer dans le temps. Mais l’on espérait une montée en puissance de l’Etat dans la protection de la vie des citoyens, de leurs biens et l’intégrité du territoire. Malheureusement, 6 ans après, on est toujours dans la même situation, sinon pire. L’on fait face maintenant à des tueries de masse contre des villages, des escortes, des patrouilles, entrainant la fuite de plus d’un millions de paysans, d’agents publics de l’Etat, d’élus locaux, abandonnant derrière derrière eux, champs, animaux, écoles, centres de santé, mairies, préfectures, etc.
En se confiant lui-même, le portefeuille de la défense nationale, le Président du Faso engage sa responsabilité personnelle dans la lutte contre le terrorisme et l’insécurité au Burkina Faso. Nous l’avons dit et nous le répétons, le pays dispose toutes les intelligences nécessaires pour vaincre ce mal. Il doit avoir la lucidité et le courage d’aller au-delà des chapelles et des calculs politiques pour sortir le pays de ce bourbier. Le Burkina Faso est dessus de tout. Le Président du Faso doit se mettre au-dessus de la mêlée pour mobiliser partout où besoin est pour assurer la survie de la nation. Nous ne parlons pas de ceux qui croient en des demi-dieux qui, en d’autres circonstances ont endeuillé des familles Burkinabè et cherchent des courtes échelles pour échapper au châtiment de leurs fautes. Nous parlons des hommes de valeur et d’honneur (soldats comme civils) prêts à tout sacrifice pour restaurer la dignité de la patrie, malmenée par des groupes de hors-la-loi. Oui, il existent encore des Burkinabè convaincus que leur devoir est de se battre pour léguer aux générations futures un pays débout et fier, malgré les hostilités de l’environnement tant national qu’international. C’est un rendez-vous à ne pas manquer. Il est encore possible de sauver le Faso.