22 novembre 2024
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Procès Thomas Sankara et compagnons : Les éléments matériels et intentionnels sont établis pour condamner (Me Jean-Patrice Yaméogo)

Les plaidoiries au tribunal militaire sur le procès Thomas Sankara et de ses douze compagnons se sont poursuivies ce jeudi 3 février 2022, toujours avec les avocats de la partie civile. Tour à tour, les avocats des familles des victimes ont réellement entamé l’évocation des éléments factuels et juridiques à la charge des 12 accusés impliqués dans le dossier.

Le premier devant le prétoire du tribunal militaire dans le procès de Thomas Sankara et de ses douze compagnons,  Me Désiré Sébogo de la partie civile. Me Sébogo est revenu sur l’infraction de la subornation de témoins impliquant le général Gilbert Diendéré et son chauffeur, Tondé Ninda Pascal alias « Mããng Naaba ».

Selon, Me Désiré Sébogo , les faisceaux d’information qui corroborent avec les faits dans les dépositions montrent que les faits sont clairs quant à la culpabilité des mis en cause. A sa suite, c’est  le tour de Me Séraphin Somé de démontrer à travers les  éléments constitutifs les charges retenues contre le général Gilbert Diendéré. D’entrée, Me Somé a rappelé les  conditions inhumaines  dans lesquelles le président Thomas Sankara et les douze autres personnes ont été ensevelis. Selon lui, la profondeur des trous était à peine 15 à 25 centimètres de profondeur.

Me soutient que « ce sont ces problèmes de non-respect de la dignité humaine qui a plongé le pays dans cette situation jusqu’à présent ». Pour lui,  l’accusé Diendéré Gilbert ne peut pas se tirer dans cette affaire.

Des avocats en discussion©infoh24

Puis il enfonce le clou en disant qu’au moment des faits, Gilbert Diendéré était le patron du conseil de l’Entente. Et quand  Karim Tapsoba, de procéder à l’enlèvement et à l’inhumation des cadavres. « Il a rendu compte à Gilbert Diendéré ».Pour cet avocat, « il est clair, l’infraction de recel de cadavres mise sur la tête du général Gilbert Diendéré est suffisamment constituée », a-t-il insisté.

Devant le tribunal,  Me Ferdinand N’Zepa a braqué  les projecteurs sur Yamba Elysée Ilboudo.

Celui-là même que l’avocat qualifie d’élément clé du dossier. Il est reproché à l’accusé Yamba Elysée Ilboudo, les infractions d’assassinat et de complicité d’attentat à la sûreté de l’État. Il est l’accusé qui a conduit le commando au conseil de l’Entente, lieu du massacre. Me Ferdinand N’Zepa à travers des éléments a démontré que l’accusé est coupable et devra, par conséquent, écoper d’une peine, conformément aux dispositions du code pénal, qu’il a pris le soin de référer.

Pour le faire, l’avocat a pris pour point d’appui de sa plaidoirie, la déposition de l’accusé Yamba Elysée Ilboudo lui-même, qu’il qualifie de crédible. Pour lui, l’accusé Ilboudo a donné des éléments qui ont éclairé le tribunal dans la manifestation de la vérité, notamment en permettant de savoir que le commando est parti du domicile de Blaise Compaoré. Avec de tels éléments concrets  l’avocat a aussi plaidé pour que le tribunal tienne compte du comportement de collaboration et de participation de l’accusé dans la manifestation de la vérité. « Son témoignage est crédible et est corroboré par d’autres éléments », estime Me Ferdinand Nzepa, abordant  les indices factuels mis en exergue  devant le juge d’instruction qu’à la barre par l’accusé Yamba Elysée Ilboudo.

Me Anta Guissé, avocate de la partie civile©infoh24

Pour ce qui concerne les infractions d’assassinat, de complot et le changement de régime (…) Me Ferdinand N’Zepa conclut que l’infraction de complicité d’attentat à la sûreté de l’État est aussi constituée. L’avocat poursuit en soutenant que « sa collaboration à la manifestation de la vérité dans ce dossier l’honore. Et que ses enfants et petits-enfants peuvent être fiers de lui » a conclu Ferdinand N’Zepa à l’accusé Ilboudo.

Après Me Ferdinand N’Zepa, ce fut le tour de  Me Jean-Patrice Yaméogo de plaider  pour une condamnation des accusés Nabonswendé Ouédraogo et Bossobè Traoré.

 Ils sont poursuivis pour respectivement, assassinat et complicité d’attentat à la sûreté de l’État, complicité d’assassinat et complicité d’attentat à la sûreté de l’État. Me Patrice dans sa démarche a relevé que l’accusé Nabonswendé Ouédraogo a tenu mordicus sur sa position, en niant d’avoir participé  ni de près ni de loin, aux événements du 15 octobre 1987.

Pour montrer à l’accusé Nabonswendé Ouédraogo que sa manière de se défendre n’est pas fondée. Me Yaméogo  va s’appuyer  entre autres, sur le témoignage d’un accusé clé, Yamba Elysée Ilboudo, lorsqu’il affirme que Nabonswendé Ouédraogo faisait partie du commando dans ses déclarations devant le juge d’instruction et devant le tribunal. Selon l’avocat, « Yamba Elysée Ilboudo a dit qu’il a trouvé effectivement Nabonswendé Ouédraogo au domicile de Blaise Compaoré afin qu’ils se rendent au Conseil. Ilboudo dit encore que dans la Galante qu’il conduisait, se trouvait Nabonswendé Ouédraogo », rappelle l’avocat au tribunal lors du témoignage de l’accusé Yamba Elysée Ilboudo.

En plus de l’accusé Yamba Elysée Ilboudo, l’avocat cite aussi le rescapé Alouna Traoré, et bien d’autres témoins qui ont affirmé  la présence de l’accusé Nabonswendé Ouédraogo parmi les membres du commando. Partant de ces éléments, l’avocat a attiré l’attention du tribunal sur le fait que l’accusé Nabonswendé Ouédraogo est allé de dénégation à dénégation, refusant de faire amende honorable. Pourtant les témoignages montrent que l’accusé Nabonswendé Ouédraogo a bel et bien participé aux évènements du 15 octobre 1987.

Me Prospère Farama, avocat de la partie civile©infoh24

Pour ce qui concerne le cas de l’accusé Bossobè Traoré, Me Jean-Patrice Yaméogo estime qu’il a déclaré n’avoir pas été au courant du coup d’État. Or devant même ce tribunal, les témoignages de Thérèse Kationga montrent que l’accusé était au courant de ce qui allait se passer au conseil le 15 octobre 1987. Pour preuve, il a évoqué la causerie entre  Bossobè Traoré et Thérèse Kationga le 12 octobre 1987. Dans cet échange, l’accusé avait confié à  Thérèse qu’un coup d’État  aura lieu le 15 octobre 1987, à l’initiative de Blaise Compaoré. Et selon l’avocat le témoignage de Mme Kationga est cohérent et précis.

Toujours à la charge de l’accusé, Me Yaméogo a fait appel à la déposition des éléments de la sécurité rapprochée de Thomas Sankara. Dans ces dépositions, il ressort, bien que n’étant pas membre de la sécurité en cette soirée du 15 octobre 87, Bossobè Traoré s’est retrouvé sur le lieu du drame au moment des faits. « Comment se fait-il qu’il se retrouve en ce lieu et à cette heure ? », s’interroge l’avocat avant d’expliquer. Selon lui,  à la lumière des témoignages, Bossobè Traoré et N’Soni Nabié qui était un élément de sécurité de Blaise Compaoré étaient des amis, bien avant la révolution.

Me Ambroise Farama, avocat de la partie civile©infoh24

De ce fait, Bossobè Traoré participait aux rencontres préparatoires du coup d’État. C’est ainsi que Bossobè Traoré au maquis colonial dont Thérèse Kationga était propriétaire a été informée, le 12 octobre 87, à en croire Me Yaméogo. Partant de ces informations, c’est Bossobè Traoré qui a donné les mouvements de Thomas Sankara, notamment lorsqu’il a démarré pour le conseil.

Pour  l’avocat, le fait que Bossobè Traoré ait bénéficié de largesses du nouvel homme fort dès novembre 1987, pour aller se soigner en France et des promotions  montre bien sa culpabilité. C’est pourquoi, il requiert des peines pour les deux accusés, Nabonswendé Ouédraogo et Bossobè Traoré.

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