Le délibéré du procès de l’assassinat de Thomas Sankara et ses 12 compagnons a été donné le 6 avril 2022 par le tribunal militaire de Ouagadougou. A l’issue du prononcé, les réactions étaient diverses dans la salle. Pendant que les uns saluaient le verdict, les autres ont manifesté leur indignation. Gilbert Diendéré a fait un salut à l’endroit de ses partisans et, dans la rue, a sorti le corps du véhicule qui le transportait, pour saluer la foule. Me Prosper Farama qualifie d’indigne et de manque de pudeur. Il s’est confié lors de la conférence de presse des avocats de la famille Sankara.
Les réactions dans la salle d’audience ont failli tourner à l’affrontement entre ceux qui étaient favorables au verdict et ceux qui l’ont rejeté. Mais, la réaction du général Gilbert Diendéré a encore plus laissé perplexe, l’un des avocats de la partie civile, Me Prosper Farama. « En ce qui concerne le Général Diendéré, lui par contre ça gène » a-t-il laissé entendre lors de la conférence de presse du collectif des avocats de la famille Sankara.
Quand je l’ai entendu au procès dire qu’il présentait ses condoléances aux familles, qu’il en était meurtri par ces crimes et quand j’ai vu son attitude à la fin, je me suis dit qu’il y a une hypocrisie, parce que je n’ai jamais cru en sa sincérité. Quand il disait ces mots pour moi c’était dans les circonstances du procès et on m’a donné la preuve. »
Selon l’avocat, Gilbert Diendéré avec sa réaction d’après verdict, « n’a même pas eu la moindre pudeur, ne parlez même pas de décence pour les familles. On parle quand même d’assassinat de 13 personnes, de 13 de ses anciens camarades. » Au regard de cela et « quel que soit ce qu’il a pu avoir entre eux, voir une telle attitude de défiance, de manque de pudeur, de manque de décence, de manque de respect, ne serait-ce qu’à l’égard des victimes, parce que c’est dans la salle que cela a commencé. Le salut d’ailleurs qu’il a fait ressemblait à un salut nazi. Je ne sais si ç’a un rapport mais … »
Après le méli-mélo dans la salle, le public a également observé que le général Gilbert Diendéré, du véhicule qui le conduisait à la MACA (maison d’arrêt et de correction des Armées), il est sorti, le poing levé, saluer ses partisans.
De cela également, Me Farama a sa lecture. « Il a le droit de se prendre pour un héros. Mais la logique dans laquelle il était sensé s’inscrire, je m’attendais à un peu plus de pudeur, à un peu plus de dignité même s’il a été condamné à vie parce que la vie ne s’arrête pas à la condamnation. Mais le personnage moi je le connais parce que ça fait des années que je plaide contre lui. J’ai une idée sur lui que je ne développerai pas ici mais chacun se fera, à partir de cet instant, son idée sur le général Diendéré ».
