L’ancien président de l’UEFA et l’ex-patron de la FIFA vont comparaitre du 8 au 22 juin 2022, devant le Tribunal Pénal Fédéral de Bellinzone pour « escroquerie », dû à un versement présumé déloyal de 2 millions de francs suisses fait en 2011 à Michel Platini par l’ancien président de la FIFA Sepp Blatter.
Michel Platini et Sepp Blatter ne s’étaient pas revus depuis le 7 septembre 2020, lors de l’audition de l’ex-numéro 10 de l’équipe de France de football au siège du ministère public de la Confédération (MPC), à Berne en Suisse. A l’époque durant l’instruction de l’affaire, les deux hommes pouvaient déjà se douter qu’ils finiraient par comparaître ensemble devant le Tribunal pénal fédéral (TPF) Suisse dans l’affaire du paiement présumé déloyal de 2 millions de francs suisses (1,9 million d’euros) fait à Michel Platini, en février 2011, par Sepp Blatter.
Ainsi au terme de plus de six ans d’instruction, l’ancien président français de l’Union des associations européennes de football (UEFA), de 2007 à 2015, et l’ex-patron suisse de la Fédération internationale de football association (FIFA), de 1998 à 2015, se sont retrouvés pour le premier jour de leur procès de « soupçons d’escroquerie, gestion déloyale, abus de confiance et faux dans les titres », dans une ambiance froide. Entre les deux anciens dirigeants du football mondial, ex-alliés devenus rivaux irréconciliables, le vouvoiement est désormais de rigueur sur le banc des prévenus.
Cette affaire est l’épilogue d’une saga politico-judiciaire qui devrait remettre sur le devant de la scène le conflit larvé entre MM. Platini et Blatter, dont la chute commune fut causée par l’ouverture d’une procédure pénale du MPC, le 24 septembre 2015, notamment en raison de ce paiement « illicite », selon l’accusation, de 2 millions de francs suisses. A l’époque, le Français avait vu sa candidature à la succession de M. Blatter torpillée par les investigations du parquet.
Soupçons de corruption selon le procureur
Pour le procureur fédéral suisse, Thomas Hildebrand, qui a mené à terme la procédure pénale, il ne fait aucun doute que M. Platini a bénéficié d’un « avantage pécuniaire au titre d’une créance qui n’existait pas en réalité et auquel il n’avait pas droit ». Selon le magistrat, le « double enrichissement illégitime » du Français « s’est réalisé par l’indemnisation de 2 millions de francs suisses et, en sus, dans la mesure de la dette correspondante de sécurité sociale de Platini assumée par la FIFA [229 126 francs suisses] ».
M. Hildebrand ne croit pas à la version donnée par MM. Blatter et Platini depuis l’ouverture de l’enquête, le 24 septembre 2015 : ceux-ci affirmant que ce paiement a été fait comme un « arriéré de salaires » en vertu d’un accord « oral » en 1998 lors duquel M. Blatter s’était engagé à verser 1 million de francs suisses annuel au Français pour sa mission de conseiller technique à la présidence de la FIFA (1998-2002).