Le ministère de l’agriculture, des ressources animales et halieutiques et ses partenaires ont convié la presse ce mardi 28 juin 2022 pour parler de la situation alimentaire et nutritionnelle au Burkina Faso. Il ressort de ces échanges que 3 453 000 personnes ont besoin d’assistance alimentaire immédiate entre la période de juin et août 2022. Par conséquent, 100 000 tonnes de céréales seront vendues à prix réduit de 6 000 FCFA le sac de 50 kg par la SONAGESS sur toute l’étendue du territoire national.
Le Burkina Faso fait fasse depuis des années à une crise sécuritaire sans précédent. Une situation qui a conduit de nombreux producteurs agricoles à fuir leurs zones, aggravant ainsi le déficit de production agricole nationale. La situation s’est davantage compliquée avec les crises à l’échelle internationale marquées notamment par la survenance de la maladie à coronavirus et récemment la crise entre l’Ukraine et la Russie.
Selon le ministère de l’agriculture, des ressources animales et halieutiques, la production agricole est en baisse contrairement à la production fourragère qui est excédentaire au plan national. C’était au cours du point de presse animé essentiellement par le secrétaire général du ministère de l’agriculture, des ressources animales et halieutiques, Wendné Victor Bonogo, par ailleurs président du comité technique du conseil national de sécurité alimentaire (CT-CNSA) et Abdoul Nasser Ibrahim représentant les partenaires techniques et financiers, notamment l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Le président du comité technique du conseil national de sécurité alimentaire (CT-CNSA), Wendné Victor Bonogo a fait le point de la situation alimentaire et nutritionnelle des ménages et du cheptel. Ainsi, il ressort que la production céréalière nationale au titre de la campagne écoulée est de 4 661 140 tonnes, soit une baisse de 10% par rapport à la moyenne des cinq (05) dernières années. En conséquence, 52% des ménages agricoles éprouvent des difficultés pour couvrir leurs besoins céréaliers sur la base de leur propre production. Aussi, il ressort que 2 366 447 personnes avaient besoin d’assistance alimentaire entre mars et mai 2022. Sur la période de juin à août, 3 453 000 personnes ont besoin d’assistance alimentaire immédiate.
Au plan fourrager, le bilan de la campagne agro-pastorale 2021/2022 a enregistré une production de 20 970 144 tonnes de matières sèches, avec un taux de couverture de 113%. Malgré cette production fourragère excédentaire au plan national, un déficit est établi dans quinze (15) provinces, dont neufs (09) en situation de détresse fourragère dû au manque de mobilité et à l’insécurité. Ces différentes provinces déficitaires se trouvent dans les zones en proie à l’insécurité principalement les régions du Sahel, du Centre-Nord, du Nord, etc.
Pour faire face à ces difficultés, plusieurs actions sont entreprises par l’Etat burkinabè et ses partenaires à travers le plan de réponse et de soutien aux personnes vulnérables à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition(PSRV). D’un coût global de 237 milliards 780 millions de francs CFA dont 78 milliards non encore mobilisés, ce plan vise à soutenir les populations vulnérables à travers des actions harmonisées d’assistance alimentaire, de protection des moyens d’existence, de prévention et de prise en charge de la malnutrition selon le ministère de l’agriculture, des ressources animales et halieutiques.
Les actions engagées portent sur l’activation des points de vente de céréales de la société nationale de gestion du stock de sécurité alimentaire (SONAGESS), la distribution de vivres aux personnes déplacées internes, l’acquisition d’aliments pour bétail et la distribution de cash aux ménages vulnérables. Au total, 100 000 tonnes de céréales y sont vendues à prix réduits de 6000 FCFA le sac de 50kg dans environ 400 points de vente repartis sur l’ensemble du territoire national.
Relativement à la mobilisation des ressources pour le financement du plan de réponse et de soutien aux personnes vulnérables à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition, le président du Comité technique du conseil national de sécurité alimentaire, Wendné Victor Bonogo a soutenu qu’une Task Force a été mise en place et œuvre dans ce sens. Il a profité de l’occasion pour lancer un appel à la solidarité autour du financement et de la mise en œuvre du plan de réponse.
Pour la campagne agropastorale en cours, 30 000 tonnes d’engrais et 5 000 tonnes de semences améliorées certifiées seront mises à la disposition des producteurs vulnérables à prix subventionné pour l’accroissement de la productivité agricole. Les opérations de distribution des intrants et équipements agricoles sont en cours. Il est également prévu un appui en semences fourragères. En outre, la Centrale d’approvisionnement en intrants et matériels agricoles (CAIMA) mettra à la disposition des producteurs 73 000 tonnes d’engrais dont une importante partie est déjà acheminée dans les différentes régions. Aussi, 4 000 tonnes de phosphate, de la fumure organique et de l’activeur de compost sont mobilisées au profit des producteurs selon le comité technique du Conseil national de sécurité alimentaire.
Le gap de financement du plan de riposte se réduit de jour en jour et les partenaires techniques et financiers par la voix de leur représentant Abdoul Nasser Ibrahim, espèrent mobiliser les ressources financières nécessaires pour l’atteinte des objectifs de ce plan de réponse.