La corporation de l’association nationale des étudiants burkinabè (ANEB) de l’unité de formation et de recherches en sciences de santé de l’université Joseph Ki-Zerbo a animé ce mardi 19 janvier 2021 à Ouagadougou, un point de presse. A cette rencontre, la corporation ANEB de l’UFR/SDS a évoqué la crise qui mine le département depuis la reprise des activités en 2020. Pour la corporation, la crise se manifeste sur un triple plan académique, hospitalier et social. Et pour se faire entendre, ils ont décidé de marcher le 22 janvier sur le ministère en charge de l’enseignement supérieur.
Réduction drastique des volumes horaires, non-exécution entière de certaines activités, la quasi-absence de l’administration dans l’organisation des activités, réduction de la durée de stage de 11 à 6 mois, du nombre de jours de stage par semaine de 5 à 2 semaines en quatrième année médecine et le non-respect du statut de l’étudiant stagiaire par le ministère de la santé. Telles sont les questions évoquées par la corporation ANEB de l’UFR/SDS lors de cette rencontre avec la presse.
En effet, sur le plan académique, la corporation a fustigé le bâclage académique orchestré par l’administration. Selon elle, les volumes horaires ont été drastiquement réduits. Et cette réduction va jusqu’à la non-exécution entière de certaines activités. Par exemple, en 3e année médecine, le cours de biochimie a été fait en 20 heures au lieu de 40 heures. Les travaux dirigés ont été bâclés dans plusieurs promotions ou simplement non exécutés.
C’est le cas en première année médecine et chirurgie dentaire. «Malgré ce bâclage des travaux pratiques, les étudiants sont obligés de se faire racketter en payant pour faire les travaux pratiques. Les promotions qui ont refusé ces rackets, se sont vues souvent refusées les travaux pratiques» a déclaré le délégué de la corporation Cessouma Soumaira.
Et c’est dans ce non-respect des programmes concernant les activités académiques que l’administration a décidé d’imposer le calendrier de composition de la session normale des semestres impairs, sous forme d’examens en deux jours. Face à cette situation, les étudiants au regard de l’indisponibilité de certains supports de cours ont demandé à l’administration d’alléger le programme des évaluations.
Elle a refusé la demande des étudiants et pire, elle opte pour la répression. Cette attitude de mépris de l’administration a conduit à un refus total des étudiants de composer. Et c’est dans ce climat délétère qu’elle a collé des zéros pour les semestres 1 et 3 à six promotions notamment les premières années de médecine, pharmacie et chirurgie dentaire et les deuxièmes années médecine, pharmacie et TSS.
En ce qui concerne le plan hospitalier, à en croire la corporation, le mal est profond. Comme preuve selon elle, la réduction drastique de la durée des stages de 11 à 06 mois, du nombre de jours de stage par semaine de 05 à 02 en 4e année médecine. Le système de double lux, l’absence d’encadrement sur le site. « Tel est le tableau de la formation des futures professionnelles de santé au Burkina » a souligné le délégué de la corporation Cessouma Soumaira.
Sur les conditions sociales, les étudiants stagiaires qui sont en première ligne sur pour la prise en charge des malades dans les centres hospitaliers universitaires n’ont aucune couverture sanitaire. Pourtant selon la corporation, dans le statut de l’étudiant stagiaire, ce droit est garanti mais le ministère de la santé a décidé de fouler au pied ce droit.
Quant aux indemnités, l’irrégularité dans son payement n’a atteint un niveau record jamais égalé avec des retards de paiement qui s’étendent sur deux années académiques (2018-2019 et 2019-2020). Pour le délégué de la corporation Cessouma Soumaira « ces indemnités de stage sont utilisées par certains maitres comme moyens de chantage. Et quand l’étudiant veut parler, il refuse de signer l’attestation de stage » a-t-il ajouté.
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Il s’agit de la reprogrammation dans un meilleur délai de l’ensemble des évaluations non ténues, le paiement régulier, intégral et à bonnes dates des allocations des étudiants notamment les arriérées d’indemnités de stage des années académiques 2018-2019 et 2019-2020, la bourse de certains étudiants de 7e année pharmacie et 8e année médecine et enfin le respect de l’ensemble des engagements pris par les autorités.
Malgré la situation, l’administration a choisi la carte de la répression tout en remettant en cause la promesse du ministre Alkassoum Maiga qui avait instruit le président de l’université à trouver une solution à la situation depuis le 5 décembre 2020. Au regard du comportement des autorités universitaires, la corporation de l’URF/SDS a lancé un appel à se mobiliser pour une marche sur le ministère des enseignements supérieurs le 22 janvier 2021. Et elle tient pour responsable les autorités universitaires et ministérielles de la dégradation de la situation.
O.I.