La France à travers son ambassadeur au Burkina Faso, Luc Hallade, a transmis officiellement, ce samedi 17 avril 2021 à Ouagadougou, le troisième et dernier lot d’archives sur l’assassinat de Thomas Sankara. Ces archives a été demandées par le juge d’instruction du Tribunal militaire de Ouagadougou, dans le cadre de la commission rogatoire internationale contre Blaise Compaoré et autres.
Promise par le président français, Emmanuel Macron, lors de son passage au Burkina en 2017, la déclassification des archives françaises sur l’assassinat du Président Thomas Sankara le 15 octobre 1987 se confirme avec la transmission du troisième et dernier lot desdites archives ce 17 avril 2021 aux autorités burkinabè. Ce lot d’archives a été reçu par le ministre délégué en charge de l’intégration africaine et des Burkinabè de l’extérieur, Maxime Koné, des mains de l’ambassadeur français.
Pour le ministre délégué chargé de l’Intégration africaine et des Burkinabè de l’Extérieur, Maxime Koné, la France a ainsi « tenu parole » puisque le Burkina Faso a officiellement réceptionné les trois enveloppes scellées avant de rappeler l’intérêt pour le pays (Burkina Faso) d’entrer en possession de ces archives.
Selon lui, cet acte traduit l’excellence de la coopération judiciaire entre la France et le Burkina Faso. « Nous osons croire que ces documents vont permettre d’avoir des informations complémentaires pour cette affaire (le juge d’instruction ayant déjà donné le ton) », a indiqué le ministre, Maxime Koné.
En effet, dans la quête de la vérité sur l’affaire Thomas Sankara, le président français, Emmanuel Macron, lors de son passage à Ouagadougou, en novembre 2017, avait promis que tous les documents produits par les administrations françaises pendant le régime de Thomas Sankara et après son assassinat, couverts par le secret national, seront déclassifiés et consultés.
Ainsi, deux premiers lots avaient été transmis aux autorités burkinabè en octobre et décembre 2018.
Pour l’ambassadeur de France au Burkina, Luc Hallade, les documents sont constitués de productions issues à la fois des administrations centrales et des postes (pour l’essentiel à Ouagadougou, Abidjan, Lomé, Dakar, Alger). « Le contenu ne comporte pas uniquement des notes diplomatiques, mais surtout des notes d’analyse, des notes de renseignements ou encore des documents locaux (tracts). Ces documents concernent les archives du ministère de l’Intérieur de la France qui dispose de plusieurs archives en lien avec le contexte de l’assassinat de Thomas Sankara » précise l’ambassadeur.
Certains documents étaient détenus par les archives nationales, d’autres par la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Huit documents déclassifiés de la direction générale de la police nationale proviennent des archives nationales. « Nous avions informé, dès réception des lots, les autorités burkinabè compétentes. Elles l’ont été à la fin du mois de février 2021 pour ce qui concerne ce troisième lot. Ces archives sont arrivées à l’Ambassade sous plis fermés » a-t-il ajouté.
»La séparation des pouvoirs impose, au Burkina Faso comme en France, que nos justices soient indépendantes du pouvoir exécutif. La qualité de la justice burkinabè est telle que les éléments contenus dans ces dossiers d’archives françaises et portés au dossier d’instruction par le juge burkinabè, ne doivent pas nous faire oublier que cette même justice a des moyens d’investigations propres. Le dossier de l’instruction judiciaire qui a amené la chambre du tribunal militaire à rendre, le mardi 13 avril 2021, son délibéré, contient certainement bien plus d’éléments que les seules archives françaises, sur lesquelles l’opinion se focalise’’, a relaté l’ambassadeur français au Burkina Luc Hallade.
Dans cette affaire, sûrement et lentement, nous allons vers l’éclatement de la vérité sur les événements du 15 octobre 1987, le dossier Thomas Sankara étant officiellement prêt à être jugé.