Le collectif des syndicats de l’aéronautique de l’ASECNA a organisé, ce lundi 9 août 2021 à Ouagadougou, un point de presse pour informer l’opinion publique burkinabé sur le deal organisé entre le gouvernement et le groupement français Meridian AMP concernant le projet de réalisation de l’aéroport de Donsin. Pour le collectif syndical, rien n’est clair dans ce projet. Pourtant, le gouvernement a repris les négociations pour concéder le futur aéroport de Donsin à Meridian Aéroport de Marseille Provence (AMP). Une décision que le collectif avait été pourtant rejeté. Pour attirer l’attention de l’opinion, le syndicat a annoncé une grève de 48h, à compter du jeudi 26 aout 2021.
Le collectif des syndicats de l’aéronautique de l’ASECNA tire sur la sonnette d’alarme sur le projet de cession de l’exploitation de l’aéroport international de Donsin à un groupe français. Pour les syndicats, ce projet vise à tuer l’aviation civile burkinabè et bradé les maigres ressources du pays. Tel a été son cri de cœur lors de son point de presse organisé ce lundi 9 août 2021 à Ouagadougou. D’entrée, le syndicat dénonce le « comportement irresponsable » du gouvernement. Lors d’une rencontre sur le projet, les syndicats avaient clairement signifié au Premier ministre que la stratégie de concession était inappropriée à plusieurs égards.
Le collectif en son temps avait prévu d’aller en grève en octobre 2019 avant de la suspendre à la veille de son déclenchement, suite à une rencontre avec le Premier ministre Christophe Dabiré. Les récriminations du collectif concernent, entre autres, la mort programmée des structures régaliennes nécessaires à la supervision de l’aviation civile burkinabè, l’exploitation de Donsin sur 30 ans contre un investissement provenant de Méridian-AMP d’à peine 20% du coût total du projet et surtout la gestion opaque entretenue autour du projet, etc.
Et le chef du gouvernement, Christophe Dabiré devant l’assemblée nationale avait dit, sur le projet, que « le projet de l’aéroport international de Donsin est bon, mais le choix économique est mauvais, d’où les difficultés pour sa réalisation ». Cette réponse avait réconforté le collectif syndical. Mais suite à la visite du président du Faso à Paris dans le cadre de la relance des économies des États africains dans le contexte de la Covid 19, l’optimisme du collectif a été estompé parce que dans la foulée, une délégation de Meridian-AMP a été dépêchée à Ouagadougou pour reprendre les négociations.
Des annonces ont été faites sans que le collectif n’ait eu des informations rassurantes sur ce qui a pu changer contrairement aux engagements pris par le Premier ministre de les associer. Face à cette situation qu’ils jugent sans avenir pour l’aviation civile au Burkina Faso, « Le collectif a convoqué tous ses membres afin de se remettre en ordre de bataille contre le projet » a déclaré le porte-parole du collectif, Ahmed Lamizana.
Pour le porte-parole du collectif des syndicats, « cette grève vise à dénoncer le manque de transparence dans la réalisation du projet, son exclusion des instances de conduite de la construction de l’aéroport, l’abandon de l’aéroport international de Bobo Dioulasso, et surtout l’exploitation de l’aéroport international de Donsin par un investisseur étranger sur 30 ans contre un investissement de 134 milliards sur 500 milliards. Un passage en force que le collectif qualifie de « bradage du patrimoine ».
N’étant pas associé à la décision, les syndicats estiment que le gouvernement veut passer en force dans la réalisation du projet. Ils refusent d’être un acteur passif dans ce projet parce que le gouvernement semble ne pas prendre en compte toutes les étapes conformément aux dispositions légales et réglementaires en matière de restructuration d’entreprise.
En rappel, le collectif avait rejeté le projet de la convention que le groupement Méridian Aéroport de Marseille Provence (AMP) avait soumis au Gouvernement burkinabè pour signature. Selon les syndicats, le projet n’augure aucune perspective pour l’avenir de l’industrie de l’aviation civile au Burkina Faso.