Suite à sa démission de la Fonction publique, Bassolma Bazié, professeur certifié en science de la vie et de la terre (SVT), par ailleurs secrétaire général de la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B) a accordé une interview téléphonique à la radio nationale du Burkina (RNB). Nous vous proposons cet entretien à travers ces lignes.
Pourquoi avez-vous démissionné de la Fonction publique ?
Bassolma Bazié : Avant de répondre à votre question, je tiens à l’orée de ce nouvel an à souhaiter beaucoup de courage et de santé à l’ensemble des travailleurs et des couches socioprofessionnelles et leur souhaiter beaucoup de courage pour les défis qui se présentent à nous. La démission de la fonction publique tout en m’excusant auprès de tous ceux qui l’auraient apprise de façon brutale, est une décision qui est conforme aux valeurs que j’ai reçues dans mon éducation, mais aussi aux valeurs reçues à travers la formation, l’instruction que j’ai obtenue de l’UGEB, de la CGTB et même de l’ensemble des travailleurs de notre pays. Troisièmement, je tiens à dire que quand on prend une telle décision c’est par apport à ses engagements que nous prenons devant l’histoire et devant l’ensemble des travailleurs de les défendre. Le samedi 30 novembre 2013, nous avons dit, dès que nous avons été élu Secrétaire Général de la CGTB, de nous engager fermement et de défendre les travailleurs. Je tiens donc à préciser qu’une démission de la Fonction publique n’est pas une démission de la confédération générale du travail du Burkina (CGTB). Ce n’est pas non plus une démission du mouvement syndical. Ma démission se justifie du fait que malheureusement nous constatons qu’on veut utiliser le salaire comme moyen de chantage d’un dirigeant syndical qui se bat de façon loyale, de façon honnête et intègre conformément aux missions qui lui ont été dévolues à travers les plateformes et les questions préoccupantes des travailleurs. Donc si on vous conduit en conseil de discipline et on sort avec une décision macabre qui dit qu’on vous reconnaît coupable sans une sanction, c’est un fait très gravissime de l’histoire.
Monsieur Bazié, à vous entendre c’est une décision souveraine, mais est-ce que le fait que vous avez été traduit en conseil de discipline, est-ce que vous n’avez pas été poussé vers la sortie ?
Bassolma Bazié : Justement c’est ce que je suis en train de vous expliquer ! Dès lors que le conseil de discipline a été fomenté de façon politique et qu’il n’y a pas eu de sanction malgré qu’ils aient dit que j’ai été reconnu coupable, sans me dire exactement quelle est la disposition légale qui a été violée. Le 2 octobre, j’ai été mis devant le fait accompli que l’emploi de temps a été suspendu. Le 3 novembre on m’affecte du Lycée Philippe Zinda Kaboré à la direction régionale, donc dans un bureau. Je n’ai pas fait le concours pour aller m’asseoir au bureau sans savoir exactement ce que je dois aller y faire. Par conséquent, quand on veut te trainer de cette façon, pour éroder à longueur de temps votre honnêteté, votre dignité et votre intégrité, il est un devoir pour vous de prendre des décisions qui sied, afin de défendre correctement les engagements qui ont été pris par apport à votre éducation, par apport à votre ligne et par apport à ceux pour qui vous aviez pris des engagements donc les travailleurs de notre pays. Je précise que ce n’est pas une démission du mouvement syndical, c’est une démission de la Fonction publique qui me permettra de mieux me positionner et de défendre conséquemment et de façon saine les intérêts des travailleurs de notre pays.
Donc « le général » n’abandonne pas la troupe ?
Bassolma Bazié : Pas du tout ! Un général ne doit pas abandonner la troupe.
D’aucuns pensent que c’est par ce que vous avez trouvé mieux ailleurs que vous quittez la Fonction publique, parce qu’à la Fonction publique ça ne paie pas bien ?
Si c’était pour des calculs financiers et autres j’aurais pu quitter depuis longtemps, je n’avais pas à attendre jusqu’à cette date. Ceux qui estiment que j’ai trouvé mieux ailleurs, ils savent bien que j’ai les compétences depuis belle lurette de m’octroyer mieux ailleurs. Donc si j’ai décidé de rester dans l’éducation et de servir c’est que c’est ma profession de choix. Mais maintenant, si on constate que la profession éducation est embrigadée par des aventuriers politiques qui ne savent pas exactement d’où ils viennent et où ils vont, il appartient à ceux qui ont un minimum de moralité d’avoir une direction de conduite et de prendre des décisions fermes pour ne pas tomber dans des caniveaux de boue.
Interview retranscrite par B.M.