Le conseil supérieur de la communication (CSC) a organisé ce mercredi 1er décembre 2021 une rencontre d’échanges avec les journalistes et responsables de médias. Il s’agit de faire des propositions pour mieux traiter l’information en cette période marquée par la dégradation de la situation sécuritaire et le climat social dans le pays.
Le Conseil supérieur de la communication est l’organe régulateur des médias et de la communication au Burkina Faso. Pour encadrer le traitement de l’information en période de crise et éviter tout manquement aux principes éthiques et déontologiques, il a organisé une rencontre d’échanges avec les professionnels des médias sur la question. Il s’agit d’inviter les médias à plus de vigilance afin d’éviter des dérapages dans le traitement de l’information dans cette période marquée notamment par la recrudescence des attaques terroristes et la dégradation du climat social. En témoigne la couverture médiatique des récentes manifestations du samedi 27 novembre 2021 où des journalistes ont été blessés en couvrant les manifestations à Ouagadougou.
Pour Azize Bamogo, vice-président du CSC, les journalistes ont plus ou moins respecté ces règles éthiques et déontologiques dans le traitement de ces manifestations. Pour lui, les journalistes sont restés professionnels mais le contexte particulièrement difficile de la situation nationale rend le travail difficile. Il souligne tout de même de manière générale des manquements ont été observés principalement dans des médias audiovisuels où interviennent des acteurs extérieurs et non professionnels aux médias.
Cette rencontre d’échanges se veut être donc un cadre pour explorer les pistes de solutions pour améliorer les conditions de travail des journalistes et contribuer à décrisper la situation nationale tendue. Pour Azize Bamogo, il s’agit de sauver et préserver l’avenir du Burkina Faso et les médias ont un rôle majeur à jouer dans cette période difficile. « C’est une situation difficile et nouvelle qui a surpris tout le monde. Personne n’était préparé à ça. Cette rencontre a pour but de trouver des leviers afin de faciliter le travail des journalistes, les protéger, protéger les populations et ne pas saper ou exposer les forces de défense et de sécurité », explique-t-il. Sur la question de certains manquements, il rassure que le CSC va redoubler les efforts dans le contrôle et est disponible pour accompagner les médias.
Selon Alexis Konkobo, un des conseillers au CSC, il s’agit d’une question de responsabilité sociale du journalisme et non une invitation à faire les éloges d’autorités politiques quelconques. Il appelle également les journalistes à faire preuve de prudence dans la couverture médiatique des évènements sensibles. « Avec cette situation nationale, les journalistes vivent actuellement les réalités du métier. C’est un métier très dangereux et ce n’est pas pour autant qu’il faut se jeter dans la gueule du lion. Il faut de la manière et des astuces pour couvrir les évènements sensibles dans une période marquée aussi par la course aux informations sensibles et au scoop. Ce n’est pas pour vous inviter à faire de la communication pour le gouvernement ou pour des partis politiques mais c’est pour sauver notre pays. Se mettre du côté du pays, sauver notre pays dans cette période de guerre et les journalistes ont leur partition à jouer », a-t-il soutenu.
Un avis partagé par Gaston Sawadogo, rédacteur en chef du journal d’investigation L’Evènement. Pour lui, il y a des informations trop sensibles qui exposent souvent les FDS et les populations et que les journalistes devraient se retenir de publier en évoquant leur responsabilité sociale. « Il s’agit pas d’accompagner le gouvernement mais il s’agit d’une question d’Etat, de nation. En période de crise, ce ne sont pas toutes les informations qui sont bonnes à publier. Il faut que le Burkina Faso reste sur pied pour que nous continuons à être des journalistes », a-t-il martelé.
Des propositions ont été faites à l’issue de ces échanges pour améliorer les conditions de travail des professionnels des médias. Il s’agit entre autres d’accentuer le monitoring, d’échanger avec les patrons de presse pour la mise en place des chartes liées au traitement de l’information en période sensible dans les rédactions, la mise en place d’un code de bonne conduite pour les médias, protéger davantage les journalistes et créer un cadre d’échanges entre FDS et journalistes, etc.