Le covid19 a amorcé une vitesse de croisière au Burkina Faso. L’on compte de plus en plus de personnes infectées dont beaucoup de jeunes. Retour sur l’expérience d’un jeune qui passé tout son temps à nier l’existence du Covid19.
La trentaine bien sonnée, célibataire sans enfant et vivant à Loumbila dans la périphérie de Ouagadougou, dans un celibatorium, MX faisait partie de ces jeunes dans la capitale Ouagalaise qui émettent de sérieux doutes sur l’existence du covid19 au Burkina Faso.
Mais le sort se chargera de le rappeler à l’ordre et de la plus mauvaise des manières. La nuit du dimanche 10 janvier 2021 ne sera pas un fleuve tranquille pour MX. Son sommeil est pris en otage par des courbatures et des douleurs sur tout son corps. N’ayant pas fait d’activités physiques, il ne comprenait pas ce qui lui arrivait.
Cette sensation de fatigue générale s’intensifiait d’heure en heure malgré le temps de repos qu’il s’est imposé. Il a fini par se confier à ses amis qui lui font savoir qu’il s’agit des signes de manifestations du paludisme. Alors, MX commence à suspecter le paludisme, et sans être trop convaincu.
Le lendemain, dans la soirée, soit le mardi 12 janvier 2021, il est envahi par un rhume. Et le voilà en pharmacie pour chercher un produit contre ce rhume. A la pharmacie, on lui propose un produit contre le grippe et les états fébriles. Avec ce produit, il commence le traitement dès le lendemain. Mais la grippe va s’intensifier avec la toux le mercredi à son réveil. Ces manifestations ne seront pas suffisantes pour alerter MX. Il continue tranquillement le traitement de son rhume jusqu’au jeudi nuit. Le mal va prendre un autre tournant. MX commence à avoir des difficultés respiratoires qui s’intensifiaient au fil du temps. C’est en ce moment que MX, curieusement se souvient du Covid19.
Toutes les publicités sur les symptômes de la maladie traversent son esprit. Il commence à se faire une idée sur ce qu’il avait entendu à propos de la maladie et ce qu’il subissait. Dans son esprit, les manifestations pourraient être celles du Covid19. Malgré tout, il s’efforce de ne pas croire à la possibilité qu’il puisse être atteint. Il voulait rester dans le déni et la négation de la maladie, mais les problèmes respiratoires se chargeront d’intensifier les doutes.
Après une grippe de trois jours bien marquée suivie de problèmes respiratoires aigus, MX a commencé à revoir sa position par rapport au covid19. Ainsi, éprouvant de plus en plus de problèmes pour respirer, il a pris la décision tout seul et s’est résolu à aller au CMA du quartier pour faire le test de covid19, en cachette. A l’écouter, il s’est arrangé pour ne pas que ces amis à qui il racontait sa position par rapport au Covid19 puissent savoir qu’il allait faire le test. Tout compte fait, le nihiliste de l’existence du covid19 va enfourcher sa moto sans grand bruit, le jeudi nuit vers 23 H de Loumbila pour se rendre au CMA de kossodo afin de faire le test Covid19. Il ne pourra pas ce jour -là. A cette heure, pas de personnel pour faire le test. Le service médical qui assurait les test Covid19 n’était pas opérationnel 24/24. Sur place, Il réalisera que le test se faisait les matins de 7h à 10 h.
Vu son état, un vigile lui conseille de revenir très tôt s’il veut pouvoir faire le test. Comment maintenant se retourner ? Le mal s’empirait. La difficulté respiratoire s’accentuait et à croire MX, il fallait qu’il respire avec la bouche pour pouvoir tenir. « J’ai eu tout le mal du monde pour se retourner et j’ai respiré avec ma bouche jusqu’à Noumbila» confie- t-il. Et le lendemain matin, avec les mêmes difficultés il a démarré encore de Noumbila vers 4h pour se rendre au CMA pour faire le test Covid19. Arrivé au CMA à 05h du matin , MX était 22eme sur la liste de ceux qui veulent faire le test. Et c’est autour de 12 H que l’équipe médicale va commencer les prélèvements parce que les TDR n’étaient pas disponibles.
Finalement c’est vers 13 heure que MX aura son résultat. Il est diagnostiqué positif au Coranavirus. Ce jour-là, sa vie a basculé. Il ne croyait pas. Au même moment, les questions se bousculent dans sa tête. « Où j’ai pu attraper cette maladie ?» « Qui a pu me contaminer ? » « Cela s’est passé au restaurant ou j’ai l’habitude de manger, au service, avec mes amis du grin de thé, lors de mes entretiens accordés dans le cadre du service ? » Il ne trouvera pas la réponse. Toujours est-il que l’équipe médicale lui fournira un traitement à base de chloroquine et conseillera d’aller se faire confiner à la maison. Les interrogations vont se poursuivre sans réponse.
Abandonné dans sa maison « chambre salon »
Après la remise du traitement, notamment de la chloroquine associée à un autre produit, l’équipe médicale le conseille d’aller se faire confiner et de revenir dans 7 jours pour refaire le test. Sur ces conseils, MX sera abandonné par l’équipe médicale. « Depuis que j’ai été déclaré positif, l’équipe CORUS du CMA ne m’a jamais contacté pour voir comment je me débrouillais, ou je suis confiné. Ils m’ont juste remis les produits et ils m’ont laissé, pourtant j’avais souvent besoin d’être rassuré » Déplore- t-il. Toujours est-il que sa période de confinement sera l’un des pires moments de son existence. Seule dans dans sa chambre salon, n’ayant pas fini avec la souffrance psychologique de se faire à l’idée qu’il est atteint du coronavirus et qu’il pouvait même y laisser sa peau du fait de la connaissance tardive de son état, MX doit faire tout pour garder sa situation secrète avec ses amis mais aussi avec les habitants du celibatorium dans lequel il vit et ce, pour éviter la stigmatisation. Néanmoins il sera obligé de tenir informé le responsable de l’entreprise dans laquelle il travaille.
Toujours est-il que son confinement d’une semaine durera une éternité. Pour avoir à manger MX est obligé de se rendre au restaurant de la place ou chez le boutiquier du quartier. Lui-même il sait que ce contact peut être dangereux mais comment faire s’il n’à personne pour lui apporter à manger. Aussi l’appétit va lui jouer un tour mais il va s’efforcer de manger. Ayant l’habitude de s’amuser avec les enfants du celibatorium, MX était obligé de fermer chaque fois sa porte pour éviter tout contact avec ces enfants. Il était chaque fois dedans à tel point que ses voisins commençaient à s’inquiéter et à lui poser des questions sur sa trop présence à la maison. Mx trouvait toujours le moyen d’esquiver.
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Après une semaine, soit le vendredi suivant, MX est reparti faire le test. Il a été diagnostiqué négatif au covid19. Un soulagement qui ne finit pas les problèmes de MX. Des problèmes gastriques liés à la prise du traitement hante actuellement MX qui espère un retour à la normale bientôt.
A tous les jeunes qui continuent de faire comme si le Covid19 n’existait pas au Burkina, MX leur demande de se réveiller de leur rêve profond et de commencer à être intransigeant avec les mesures barrières, car le Coronavirus est loin d’être une vue d’esprit. C’est un problème de santé publique à prendre très au sérieux. Soutient-il.
Simplice ZONGO