Le Réseau National de Lutte Anti-Corruption (REN-LAC) a dévoilé son rapport d’observation des élections du 22 novembres 2020. Selon ce rapport, en termes de corruption électorale, le Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP) vient en tête devant le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) et l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC). Ces résultats ont été présentés au cours d’un déjeuner de presse organisé ce jeudi 11 février 2021 à Ouagadougou.
Le Réseau National de Lutte Anti-Corruption (REN-LAC) a observé des cas de fraudes durant la campagne des élections présidentielle et législatives du 22 novembre 2020. Dans le but de contribuer à lutter contre la fraude et la corruption électorale, le REN-LAC a engagé 26 personnes dont 2 par région pour l’observation de ces élections. 19 autres membres ont été également mobilisés pour cette observation qui s’est déroulée en trois phases : Pendant, avant et après les élections.
Selon les résultats de cette enquête de terrain, il s’agit des cas d’achat de conscience, de manipulation des listes électorales, d’utilisation des biens publics à des fins de campagne et de détournements de votes, etc.
Selon ces mêmes résultats de l’observation du REN-LAC, il y a eu une campagne électorale déguisée, une violation du code électoral, un manque de transparence dans le recrutement des agents électoraux et le droit de vote des citoyens a été remis en cause dans certains endroits.
Au total, 439 pratiques de corruption électorale ont été observées par le REN-LAC dont 314 observations directes et 125 cas de témoignages. Parmi ces cas de fraudes, la distribution d’argent aux potentiels électeurs représente 43%, la distribution de carburant représente 16% et la distribution de tee-shirts avec ou sans effigie du parti 14%.
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Les dons en nature sont évalués à hauteur de 14%, l’utilisation des biens de l’Etat à des fins de campagne électorale représente 5%. Les autres actes de corruption notamment les cadeaux à des leaders d’opinion, le transfert et le transport d’électeurs pour s’inscrire sur une liste électorale ou pour voter, l’intimidation des électeurs représentent 8%.
Le MPP en tête du classement
Selon le REN-LAC, en considérant les faits de corruption observés, le MPP vient en tête avec 46,9% des cas de corruption électorale suivi du CDP 10,3%, de l’UPC 7,3%, du RPI 5,5%, du parti Agir Ensemble avec aussi 5,5% et le NTD ferme le top 6 avec 3,2%.
Toujours selon Sagado Nacanabo, secrétaire exécutif du REN LAC et ses collaborateurs, ces six premiers partis qui sont ceux qui ont le plus utilisé de mauvaises pratiques au cours de la pré-campagne et la campagne, sont ceux qui ont eu plus de voix lors du scrutin. Le REN-LAC conclut donc que la corruption et la fraude ont joué un rôle majeur dans l’issue des élections du 22 novembre 2020.
Des difficultés n’ont pas manqué durant cette période d’observation. Il s’agit précisément du faible maillage du territoire pour des raisons budgétaires et sécuritaires, la non disponibilité et surtout le non-respect des chronogrammes de campagne au niveau régional. Il y a aussi les agressions et les intimidations lors des prises d’images, d’enregistrement, de prise de notes dans certaines activités politiques, etc.
Pour finir, le REN-LAC a formulé des recommandations à l’endroit des acteurs politiques, au gouvernement, au parlement, de la CENI, de la société civile, de la cour des comptes, au CSC, à la justice et aux populations pour lutter efficacement contre la fraude et la corruption électorale.