Ceci une réflexion d’un citoyen, Apollinaire Kaboré, sur l’initiative prise par le ministre de l’éducation d’organiser les Etats généraux de l’éducation. A travers son analyse, Apollinaire Kaboré s’interroge sur les véritables raisons qui selon lui peuvent être pédagogiques ou politiques. Lisez !
L’environnement sécuritaire, l’avènement de la pandémie à Corona virus sont des données qui interrogent plus d’une personne à revisiter les socles qui soutiennent notre système Educatif. Envisager la tenue des Etats Généraux de notre système Educatif apparaît comme une nécessité impérieuse et surtout salutaire de la part de notre classe politique.
Aussi à jeter un coup d’œil sur l’état des lieux, on peut sans risque de se tromper, apercevoir entre autres des contenus inadaptés, des approches pédagogiques inadaptés et disparates ; un système d’évaluation sélectif etc… Mais si la tenue de telle instance est salutaire, il faut cependant résoudre des préalables réels voulus par nous avec la complicité du Monde de l’Education pour des raisons égoïstes et politiques.
Aux nombres desquelles, nous pouvons retenir :
- Le non-respect des textes en vigueur. Il faut, le rappeler que dès le lendemain des indépendances, le législateur avait anticipé pour garantir le développement harmonieux du pays en définissant les domaines prioritaires et le profil des hommes qui devaient les piloter. Ce sont : l’Education, la Santé, l’Armée, les Postes et télécommunications.
Seul le Personnel issu de ces secteurs devait être formé en vue d’avoir les compétences requises pour mener à bien les missions à eux confiées.
Si à la santé, dans l’armée, les PTT, les services sont exclusivement gérés par des Gestionnaires des Hôpitaux, des Intendants Militaires et des Agents des postes, à l’Education Nationale les Gestionnaires du système Educatif (Encadreurs Pédagogiques, Administratifs et Financiers) sont mis sous Tutelle. A la limite, oubliés ou humiliés.
Ne soyons donc pas étonnés que l’Education devienne une préoccupation telle que nous la vivons.
- L’Abus de l’arme Politique (nomination ou responsabilisation des cadres).
La nomination prime sur le grade, entendons-nous souvent d’une vieille maxime administrative, en effet si occuper un poste de responsabilité peut être par le biais d’une donne politique, cela devrait tenir compte des compétences ou s’appuyer sur un technicien avisé pour la circonstance.
On peut nommer un Gouverneur, un Haut-Commissaire, un Préfet, un Maire venant de tous les emplois mais on ne peut nommer un secrétaire Général qui ne soit pas issu des emplois d’Administrateur civil, de secrétaire Administratif, d’adjoint Administratif etc… Il en est de même pour les membres du gouvernement.
C’est au MENAPLN que des Agents spécialisés sont formés pour embellir seulement le département alors que des domaines dits prioritaires sont toujours pilotés par des responsables de fait (cas des cadres du non formel).
Aussi nul n’a besoin d’avoir des compétences requises pour aujourd’hui encadrer nos braves enseignants du Primaire ; une connotation Politique est suffisante (cas de Chefs de Circonscription d’Education de Base CCEB non encadreurs pédagogiques).
Que peuvent-ils reprocher à un enseignant consciencieux dans sa préparation et tenue de classe ?
Ne dit-on pas que gérer c’est prévoir, prévoir c’est anticiper et que l’anticipation est pédagogique ?
Nous allons marquer une halte sur ces préliminaires tout en vous rassurant que nous reviendrons de manière plus précise sur les véritables leviers à revisiter pour un succès des Etats Généraux si le combat à nous confier est franc, sincère pour garantir à notre système Educatif un avenir radieux.
Pour ce faire toute la communauté éducative est interpellée que les parents d’élèves s’assument, que les élèves participent activement que les enseignants reprennent confiance que les organisations syndicales redeviennent des partenaires incontournables, des structures de dénonciation, des forces de propositions réalistes et réalisables pour un Burkina meilleur. Enfin que l’Etat fasse de l’éducation une véritable priorité en n’abandonnant pas le financement de l’éducation aux seuls parents d’élèves (cas de l’enseignement secondaire).
Pour terminer, si des reformes sont aujourd’hui nécessaires pour des lendemains meilleurs, encore faut-il qu’elles soient transparentes, participatives et réalistes.
Appolinaire Kaboré
Chevalier l’ordre des palmes académiques
Chevalier de l’ordre de Mérite Burkinabé Ambassadeur de la Paix