En marge du festival international de la liberté d’expression et de presse (FILEP), un panel a été animé sur les enjeux des médias à l’ère du numérique. Ce panel a été animé ce jeudi 11 novembre 2021 par des spécialistes de la question venus du Burkina Faso, de la France et du Bénin.
Le festival international de la liberté d’expression et de presse bat son plein à Ouagadougou et ce jusqu’au 13 novembre 2021. A cette occasion, des réflexions ont été menées sur les enjeux des médias à l’ère de la digitalisation. Il s’agit de comprendre les transformations des médias à l’ère du numérique. De façon précise quels projets médiatiques à l’ère de la digitalisation ?
Ce panel a été co-animé par le Burkinabè Moussa Sawadogo enseignant à l’Université Joseph Ki-Zerbo, Laurent Bigo spécialiste du factchecking et directeur de l’école publique de journalisme de Tours en France et Gaston Yamaro venu du Bénin. Ce débat a été modéré par le journaliste mauritanien Amadou Sy.
Selon Moussa Sawadogo, le digital offre de nombreuses opportunités aux médias mais ces derniers doivent faire face à certains défis comme la ligne éditoriale, la formation des journalistes en la matière. Il soutient que le numérique a bouleversé le paysage médiatique avec l’apparition des médias sociaux, des blogs, du journalisme citoyen, etc. Une situation qui a créé une autre pratique du journalisme et une nouvelle relation avec le consommateur qu’est l’immédiateté. « Mais la mission principale du journaliste n’a pas changé. Il reste informer, éduquer et divertir. En Afrique, en plus de ces fonctions principales, le journaliste doit contribuer au renforcement et l’ancrage de la démocratie. L’Afrique se modernise et a besoin d’un journalisme qui innove», explique Moussa Sawadogo.
Sur la question de la formation des journalistes, Moussa Sawadogo reproche aux patrons de presse de ne pas former suffisamment leurs journalistes, attendant ainsi les formations spontanées organisées par certaines ONG. Tout en reconnaissant la volonté de certains privés dans le développement du web journalisme, il regrette qu’il n’y ait pas suffisamment de programmes universitaires sur le digital et le mobile journalisme dans la formation des futurs journalistes. Pour lui, les rédactions souffrent également de l’instabilité du personnel. « Les formations spontanées de 2, 3 jours ne suffisent pas. Il faut une formation en continu, dans la durée. Il faut aussi trouver des modèles économiques pour intégrer ces aspects » a-t-il souligné.
Pour Moussa Sawadogo, les médias burkinabè dans leur grande majorité sont dans le numérique mais il s’agit d’une entrée forcée. « C’est une fois en activité que les journalistes et les rédactions se rendent comptent que c’est incontournable », regrette-t-il. Selon lui, il y a un mélange de genres entre certains journalistes et des bloggeurs ainsi que des web activistes à cause du numérique.
Gaston Yamaro du Bénin regrette aussi qu’il n’y a pas de curricula sur la formation en journalisme numérique dans son pays et dans la majorité des pays africains. Il appelle donc les étudiants et les journalistes à s’auto-former notamment en visionnant en ligne les tutoriels sur le web journalisme.
« La plupart des jeunes journalistes professionnels en Afrique n’ont pas accès à une formation poussée en matière de web journalisme car il faut suffisamment de moyens adéquats et du matériel de pointe, de la connexion, etc. », a ajouté Laurent Bigot. Pour lui, la mauvaise connexion ne permet pas au public d’avoir facilement accès aux informations en ligne et empêche les journalistes de mener des enquêtes numériques. Il recommande de former les journalistes sur la sécurité informatique notamment en cas de traitement sur des sujets sensibles pour qu’ils protègent leurs sites, leurs serveurs, leurs rédactions, etc.
L’autre face du web journalise est la diffusion des fausses informations en voulant aller vite face à la concurrence des réseaux sociaux. Le journaliste se doit donc de vérifier et diversifier ses sources avant la publication de toute information pour ne pas tomber dans le piège de certains activistes selon les communicateurs du jour. « Toute bonne vérité peut attendre encore cinq minutes », a déclaré le Béninois Gaston Yamaro recommandant ainsi la patience et la prudence dans le traitement journalistique.