La coalition des associations pour la défense du droit au logement (CADDL) a animé ce jeudi 29 avril 2021 à Ouagadougou, un point de presse relatif à la gestion du foncier et du logement au Burkina. Cette rencontre vise à faire le point de la situation sur le front du logement et surtout renouveler les revendications des populations en lutte pour la justice en matière de gestion du foncier et d’accès des populations à des logements décents. Selon la coalition, la crise du logement s’est aggravée au Burkina par la mise en œuvre d’une politique foncière et de logement en faveur des riches et contre les gens du peuple par le pouvoir du mouvement du peuple pour le progrès (MPP) et ses alliés.
Devant la presse, la coalition des associations pour la défense du droit au logement (CADDL), vent debout n’est pas allé par quatre chemins pour fustiger le gouvernement du pouvoir Kaboré d’être de connivence avec les promoteurs immobiliers. Pire, elle martèle que la crise foncière a pris tournure inquiétante depuis l’arrivée du MPP au pouvoir à travers la mise en œuvre de cette politique foncière et de logement en faveur des riches et contre les gens du peuple. Cette politique est caractérisée par certains faits. Pour la coalition, la culture du pillage du foncier par les élites politiques à travers notamment leurs instruments d’enrichissement de classe que sont les sociétés immobilières, créées à tour de bras.
En effet, pour la coalition, en cinq ans du pouvoir MPP, le nombre des sociétés qui était environ une cinquantaine en 2014 est passé à 268 sous leur règne, preuve que celles-ci constituent le pilier de la politique du pouvoir en place en matière de gestion foncière et du logement. Pire, ces sociétés dont les actions sont porteuses de menaces pour la paix sociale, opèrent en toute quiétude avec la bénédiction de l’appareil d’État.
Avec de telle connivence, quelle valeur accordée aux propos du président l’assemblée nationale qui semblait se préoccuper du ravage foncier dans la périphérie de Ouagadougou. « Les promoteurs immobiliers sont au cœur de la politique du logement du pouvoir actuel car depuis la loi de 2008 si on fait le bilan des actions des différents promoteurs immobiliers sur le terrain, on se rend compte qu’on est passé à côté de l’objectif que les autorités elles-mêmes avaient fixé » a déclaré le secrétaire général du CADDL, Pama Nébié.
Et que devient, le rapport d’enquête parlementaire sur le foncier de 2016 qui a révélé que plus 105 000 parcelles ont été détournées et volées. Face à cette situation, le pouvoir est toujours du saupoudrage, de la diversion pour continuer pour laisser libre voie aux sociétés immobilières à s’accaparer des terres urbaines et rurales au détriment du peuple. Outre, cette accointance avec leurs partenaires immobiliers, la négation du droit des populations à des logements décents à travers les projets de restauration ne visent que la création de bidonvilles.
Ces bidonvilles pour eux ne seront que de véritables enclaves de promiscuité et de misère pour des millions de personnes. Pour la coalition, le programme onusien appelé ONU-HABITAT que le pouvoir MPP a jeté son dévolu pour imposer aux populations est un projet antisocial et inhumain en matière de logement, appelée restructuration. Présenté comme un gigantesque projet financé à hauteur de 100 000 000 000 milliards de FCFA, la restructuration en phase d’opérationnalisation actuelle a pour finalité de créer des bidonvilles dans toutes les régions du Burkina. Elles seront en réalité pour la coalition que des ghettos, des enclos de misère sociale.
Sur le terrain, dans le cadre de leur activité de sensibilisation, la coalition dit faire face à des tentatives de musellement. Car les actes de répression contre le mouvement se multiplient. Pour la coalition, le nouveau ministre de l’Habitat, Bénéwendé Sankara tente de museler et d’embrigader les organisations authentiques de défense du droit au logement.
Depuis le mois février 2021, le ministre se déploie intimant même l’ordre aux organisations en lutte de se constituer en faitière. Ses responsables s’adressent aux responsables de la CADDL en leur recommandant avec force de prendre contact avec les autres organisations pour fixer une date. Faute de quoi le ministère se fera le devoir d’imposer une date et un lieu. « Les organisations ne sont pas créées par le gouvernement indique les responsables de la CADDL » indique-t-il.
En plus des persécutions juridico-policières et des harcèlements des sociétés immobilières dont les membres de la coalition sont victimes au quotidien. Ils assistent à des levées de milices dans plusieurs zones contre leurs actions. C’est le cas dans la zone non lotie de Djikofé, dans la commune de Saaba, où une milice armée est mise sur pied pour empêcher les populations de se réunir pour discuter de la restructuration que le gouvernement veut leur imposer.
Face à tous ces agissements, la CADDL lance un appel aux populations à organiser la résistance active contre les milices et leurs parrains politiques, rejeter la politique de restructuration des zones non-loties qui est une politique antisociale et inhumaine, exiger des logements décents et accessibles aux populations aux revenus modestes, exiger des audits sérieux des opérations de lotissements passés et la mise en œuvre des recommandations du rapport d’enquête parlementaire sur le foncier 2016, exiger l’arrêt des actions des sociétés immobilières etc.