Suite aux inondations survenues dans la journée du 20 aout 2022 au pont de Pâ sur la Route Nationale 1 (RN1), le ministère de l’Environnement de l’Energie, de l’Eau et de l’Assainissement (MEEEA) à travers la Direction Générale des ressources en Eau (DGRE) a dépêché deux équipes (une équipe de la DGRE et une équipe de la Direction Régionale de l’Eau et de l’Assainissement de la boucle du Mouhoun) sur le terrain.
L’objectif de cette mission est d’identifier l’origine de l’inondation, d’effectuer des mesures sur le terrain afin de déterminer le débit d’eau qui traverse la chaussée et de recenser les dégâts que cette inondation a occasionné.
Le premier constat fait sur le terrain, est qu’à la sortie de la ville de Boromo (en allant vers Bobo), de nombreux camions remorques étaient stationnés depuis le samedi 20 août 2022 sur instructions fermes des autorités de la région de la Boucle du Mouhoun. Sur les lieux, nous avons pu constater la destruction totale de toutes les habitations et des boutiques dans un rayon de 1 km du pont.
Aussi, avons-nous constaté une inondation complète de la RN1 sur 1km de part et d’autre du pont. On a également remarqué la présence de trois véhicules (deux camions remorques et un véhicule de type RAV4) dans le plan d’eau en rive droite.
Avec l’aide des riverains nous avons inspecté ces véhicules pour nous rassurer qu’il n’eût pas de sinistrés. Fort heureusement, aucune perte en vie humaine n’a été enregistrée.
Pour déterminer la quantité d’eau qui passe sous le pont et à travers la chaussée, l’équipe a procédé à une mesure de débit (à l’aide du matériel hydrométrique sophistiqué, ADCP). Cette mesure a été effectuée sur une section de largeur 867 m sur la RN1 inondée. Le débit obtenu est de 74 m3/s ). Après une analyse statistique, le débit maximum atteint aurait une période de retour de 200 ans. De plus, il ressort de l’historiques des inondations que des évènements remarquables ont été observés en 1978 et 1988 mais sans toutefois avoir la même ampleur.
Les causes probables des inondations
Deux (2) hypothèses ont été émises au départ : (i) rupture d’un barrage en amont du pont et (ii) forte pluviométrie enregistrée dans le bassin versant.
La première hypothèse (rupture d’un barrage) est écartée. En effet, on enregistre huit (barrages assez modestes dans le bassin versant et selon les informations recueillies auprès de la Direction Provinciale en charge de l’eau et les communes concernées, aucun ouvrage hydraulique n’a cédé en amont du pont. Bien au contraire la présence des barrages en amont du pont aurait permis de stocker une partie des écoulements et atténuer un tant soit peu l’ampleur des inondations constatées.
C’est la deuxième hypothèse qui est possible si on considère le cumule pluviométrique de la 2ième décade du mois d’août (11 au 20 août). En effet, les données enregistrées à la station de Boromo indiquent que dans la 2ième décade du mois d’août, on a enregistré 7 jours de pluies importantes (allant de 6 mm à 46 mm), dont le cumule s’élève à 142 mm. Bien que les pluies journalières enregistrées ne paraissent pas exceptionnelles, le cumule dans la décade peut être bien considéré comme exceptionnel. Les pluies successives de la décade ont donc entrainé une accumulation importante d’eau dans le bassin versant. Cette accumulation est bien possible au regard de la topographie modérément accidentée (altitude minimale ≈ 253 m et altitude maximale ≈ 561m), de la forte densité du réseau hydrographique (6km/km²) et de la taille relativement grande du bassin versant (environs 3 510 km²). Cette accumulation d’eau dans la 2ième décade du mois d’août a été difficile a évacuée par le pont qui n’est certainement pas dimensionné en tenant compte d’un tel processus hydrologique relativement complexe à prendre en compte dans le dimensionnement des ouvrages hydrauliques.
Solutions éventuelles
Afin d’éviter de telles inondations à l’avenir, les pistes suivantes peuvent être explorées :
La construction d’un barrage important en amont du pont sur le cours d’eau principal (les autres sont réalisés sur des petits bras du cours d’eau principal). Cela permettra non seulement de faire une bonne régulation des écoulements de sorte à éviter les inondations mais aussi et surtout d’apporter de l’eau à la population locale pour leurs différentes activités socio-économiques.
La réalisation de deux ouvrages annexes de franchissement de part et d’autre du pont actuel pour augmenter la capacité d’évacuation d’eau.
DCRP/MEEEA