2 octobre 2024
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Journée mondiale de la liberté de presse : Hommage aux hommes et femmes de médias disparus

Ceci est la déclaration du président du comité de pilotage du Centre Norbert Zongo à l’occasion la célébration ce 3 mai 2021 de la journée mondiale la liberté de presse.

Le monde entier célèbre ce lundi 3 mai 2021, pour la 28e fois, la journée mondiale de la liberté de presse. En ce moment précis, nous avons une pensée pieuse pour les hommes et femmes de médias qui ont été arrachés à notre affection dans notre pays et à travers le monde. Nous avons une pensée émue pour le Pr Marie Soleil Frère, celle-là qui a donné de son temps et de son énergie pour l’édification du Centre national de presse Norbert Zongo.

Nous saluons les efforts de tous les hommes et femmes de médias du Burkina qui malgré leurs conditions de vie et de travail extrêmement difficiles, se battent nuit et jour pour que les burkinabè puissent avoir accès à l’information juste.  Nos encouragements vont également aux responsables de médias, qui malgré la situation économique difficile que traverse le Burkina Faso, ont su maintenir le cap du professionnalisme.

A tous ces journalistes, qui travaillent à troubler le sommeil des décideurs, des fonctionnaires, des chefs d’entreprise et des élus sans foi ni loi, le Centre national de Presse Norbert Zongo vous encourage à poursuivre votre travail de chien de garde pour que prennent fin au pays des hommes intègres, le pillage des deniers publics, la corruption, et les crimes économiques de tout genre. Sachez que vous faites la fierté du pays des hommes intègres et personne ne doit vous arrêter dans cette noble mission.

Mesdames, messieurs

Pour l’année 2021, l’UNESCO a bien voulu placée la célébration du 03 mai sous le thème : « L’information comme bien public ». A travers ce thème, l’UNESCO entend affirmer « l’importance de défendre l’information comme un bien public, souhaite explorer ce qui peut être fait dans la production, la distribution et la réception de contenu pour renforcer le journalisme et faire progresser la transparence et l’autonomisation tout en ne laissant personne de côté. » Le thème de la Journée mondiale entend faire prendre « en compte l’évolution d’un système de communications qui a un impact sur notre santé, les droits de l’homme, les démocraties et le développement durable ».

Au Burkina Faso, nous avons choisi de placer cette journée sous le thème : « La viabilité de l’entreprise de presse ». En choisissant ce thème, nous exprimons notre souhait de voir l’ensemble de la communauté politique, économique et médiatique consentir des efforts au profit de l’entreprise de presse. Ce maillon indispensable à la production de l’information est en péril.

Mesdames, messieurs,

La commémoration de la 28e Journée mondiale de la liberté de la presse se tient dans un contexte où le Burkina Faso est plus ou moins bien côté au plan de la liberté de la presse.

En effet, selon le classement mondial 2021 de Reporter Sans Frontière (RSF), en Afrique, notre pays occupe la 5e place après l’Afrique du Sud (4e), le Ghana (3e), le Cap Vert (2e) et la Namibie (1re), faisant du Burkina Faso le 1er en Afrique francophone, en matière de liberté de presse. Dans le monde, le Burkina occupe la 37e position sur 180 pays, juste après la Slovénie (36e), la Slovaquie (35e), la France (34e) et le Royaume-Uni (33e). Nous avons des motifs de satisfaction. Mais, nous ne devrons pas perdre de vue que les défis restent entiers pour construire des médias économiquement viables, professionnellement irréprochables, libres et indépendants de toutes les chapelles politiques et des pouvoirs économiques, participant au renforcement de l’Etat de droit et à l’élargissement des espaces de liberté. Mais comme on le dit, pour que la liberté passe, les fossoyeurs de la liberté ne doivent pas passer.

Mesdames et messieurs

Mais qui sont les fossoyeurs de la liberté ? Ils sont nombreux malheureusement. Les fossoyeurs de la liberté ces dernières années au Burkina Faso, c’est la pandémie à coronavirus. Cette maladie a ébranlé tous les pays du monde entrainant des conséquences désastreuses sur le plan humain et économique. À la date du 21 mars 2021, le monde entier enregistrait plus de 123 millions de cas positifs et 2,7 millions de morts. A la même période, notre pays comptait 145 décès pour 12 559 cas positifs. Cette pandémie a déstructuré les moyens et systèmes de production économique. Les entreprises de presse n’en ont pas été épargnées dans un contexte où leur rôle d’information, de sensibilisation et d’éducation des citoyens était plus que jamais primordial. Dès l’apparition du covid 19, le 9 mars 2020, le gouvernement burkinabè a adopté une batterie de mesures visant à limiter la propagation de la maladie. Si l’adoption de ces mesures a plus ou moins permis de contenir la propagation de la pandémie, elles ont, a contrario, constitué un obstacle à l’accès à l’information journalistique.

Mesdames et messieurs

L’inaccessibilité aux informations relatives au covid 19 a été davantage facilitée par les zones d’ombre qui entourent les textes législatifs. La loi 051-2015 / CNT portant droit d’accès aux informations publiques et aux documents administratifs n’a toujours pas été rendue opérationnelle par la prise d’un décret d’application. À cela viennent se greffer les textes spécifiques régissant le secteur de la santé. Ces textes consacrent le secret médical, rendant difficile l’accès à l’information par les journalistes.

De plus, la maladie à coronavirus a exposé les journalistes au risque de contagion. Si dans les rédactions un dispositif de protection était disponible, sur le terrain, il fallait se débrouiller. Et dans cette absence de mesures de protection spécifiques, certains journalistes ont malheureusement contracté la maladie.

Le Covid 19 a également accéléré l’effondrement des modèles économiques des entreprises médiatiques, mettant à mal la liberté de la presse.

Mesdames et messieurs

Un autre fossoyeur de la liberté de la presse au Burkina Faso et non des moindres, s’appelle insécurité. L’insécurité affecte incontestablement les médias. Dans les régions durement éprouvées, il est difficile voire, dans certains cas, impossible pour les journalistes de rejoindre les sources d’information. Il est évident que le terrorisme et les violences intercommunautaires sont une menace à l’endroit des journalistes. Les nouvelles dispositions liberticides introduites dans le code pénal en 2019 ont contribué à restreindre la liberté de presse et d’expression pour les  medias et pour les citoyens.

Mesdames et messieurs

Les fossoyeurs de la liberté, c’est aussi tous ceux qui travaillent à perpétuer l’impunité. Voilà 23 ans que les assassins de Norbert Zongo courent toujours.  Il faut le dire tout net : l’une des conséquences de l’impunité dans le dossier Norbert Zongo ainsi que de tous les autres crimes crapuleux impunis dans ce pays, est la recrudescence de la violence et des menaces régulières dont sont victimes certains journalistes et défenseurs de la liberté d’expression et de la presse.  En 2020, au moins six (6) cas d’agressions et de menaces de mort par balles à l’égard de journalistes ont été récencés. Les assoiffés du sang, constatant que la justice burkinabè n’est pas parvenue à faire la lumière sur certains dossiers pensent qu’ils peuvent impunément continuer à inquiéter les hommes et femmes de la plume, du micro et de la caméra. Mais c’est peine perdue. Car, notre conviction est  faite que le peuple burkinabè prendra toujours ses responsabilités et constituera un bouclier pour les défenseurs de la liberté d’expression, de la démocratie et de l’État de droit.

 Les fossoyeurs de la liberté, ce sont aussi ces hommes et femmes, qui ont décidé d’abattre sur les travailleurs des médias publics, une répression barbare et cynique à travers notamment des affectations arbitraires. Il est temps qu’ils permettent à ces journalistes expulsés de Sidwaya et de la RTB de retrouver leurs places au sein des médias publics.

Mesdames et messieurs,

Les fossoyeurs de la liberté sont nombreux, on ne finira pas de les citer aujourd’hui. Mais face à eux, il y a les défenseurs de la liberté de presse, qui sont tout aussi déterminés. Ces défenseurs, c’est vous, mesdames et messieurs, qui avez sacrifié de votre temps pour être là, qui nous souteniez dans nos initiatives diverses depuis plusieurs années. Vous êtes les plus forts, vous êtes les boucliers des journalistes, et tant que vous resterez débout à nos côtés, nous n’allons pas flancher, nous n’allons pas courber l’échine. Le combat va continuer et ce malgré les nuages difficiles qui s’amoncèlent à l’horizon aussi bien sous le ciel du Centre national de presse Norbert Zongo que sous celui de la plupart des entreprises de presse. Pour le centre, c’est une autre histoire. Mais pour nos entreprises, les pouvoirs publics doivent agir vite. Ils doivent non seulement aider les médias à réussir leur transition numérique, les aider à l’assainissement de leur milieu totalement infesté malgré la carte de presse et le laisser-passer, mais également à la gouvernance des entreprises médiatiques. Si tout cela est suivi d’une meilleure structuration du soutien à la presse privée, de l’allègement de la fiscalité et l’accompagnement promis dans le cadre de l’application de la convention collective, nul doute que les médias Burkinabè éviteront la mort certaine dont la plupart ne pourront échapper. Pour tout dire, le Centre national de presse Norbert Zongo soutient l’idée de la tenue d’Etats-généraux de la presse burkinabè.

Mesdames et messieurs,

Tout à l’heure, nous avons rendu hommage au Professeur Marie Soleil Frère. Cette brave dame a été pour beaucoup dans la création du Centre national de Presse Norbert Zongo. Mieux, la bibliothèque du Centre a été en grande partie son œuvre. Sa famille nous informe que sa bibliothèque personnelle du côté de Bruxelles, riche de plus de 1000 livres, sera exclusivement reversé au Centre national de presse Norbert Zongo. Ensuite, le prix de la meilleure journaliste que nous venons de lancer, va porter désormais le nom de cette grande dame qui a contribué à former plusieurs générations de journalistes et de chercheurs à travers le Burkina et le monde. On aura donc désormais le prix Marie Soleil Frère de la meilleure journaliste au Burkina et avec l’accompagnement de la famille de Marie Soleil Frère.

C’est sur ces notes d’espoirs et en espérant que d’autres partenaires apporteront leurs contributions à ces initiatives, que le Centre de presse Norbert Zongo vous souhaite une belle célébration du 3 mai.

Vive la journée mondiale de la liberté de la presse !

Vive la liberté de presse !

Pour le Centre National de Presse Norbert Zongo

Le comité de pilotage !

Le Président

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