Ceci est une déclaration de la Synergie Sauvons le Mali-Anka Mali Kisi qui regroupe des organisations de la société civile et des partis politiques du Mali. Ce regroupement fustige les conditions d’organisation des Assises nationales de la refondation, rejette les conclusions qui en sont issues et lance un appel à l’endroit des Maliens de bonne foi qui ont été « floués et trahis à nous rejoindre pour défendre ensemble la démocratie et l’État de droit ». Lisez!
En s’emparant du pouvoir le 18 août 2020, la junte militaire avait juré qu’elle n’était pas intéressée par le pouvoir : « Maliennes et Maliens, nous ne tenons pas au pouvoir mais nous tenons à la stabilité du Mali qui nous permettra d’organiser des élections générales dans les délais raisonnables et consentis pour doter le Mali d’institutions fortes… » (première déclaration du 18 août 2020).
Sur la base de ce serment, des concertations nationales se sont tenues en septembre 2020. Une Charte de la Transition issue de ces concertations a fixé la durée, les règles du jeu et l’architecture institutionnelle de la période transitoire.
La Charte de la Transition consacrant les missions et le délai maximum de 18 mois à partir du 15 septembre 2020 pour restaurer la légalité constitutionnelle a été acceptée par les forces vives de la nation et les partenaires internationaux.
Les premières autorités de la transition en prêtant serment se sont engagées au respect strict de la charte de la transition et de la constitution. Un chronogramme, élaboré par le premier gouvernement de transition et présenté au Conseil National de Transition (CNT), avait prévu la tenue de l’élection présidentielle pour le 27 février 2022.
Après le coup d’État du 24 mai 2021, en diverses occasions, notamment lors de sa prestation de serment, le 7 juin 2021 et au cours d’une audience avec les principaux chefs religieux du pays, le nouveau Président de la Transition s’est engagé solennellement à respecter les délais de la transition. C’est ainsi que le calendrier électoral initial a été endossé publiquement et en toute connaissance de cause par l’actuel Premier ministre devant le même CNT.
Depuis la déclaration de programme d’action gouvernemental, excepté le projet de loi électorale non consensuelle, aucune action concrète n’a été posée dans le sens d’un retour à l’ordre constitutionnel normal tant en ce qui concerne la préparation des élections que le retour de l’administration sur toute l’étendue du territoire.
Depuis juin 2021, toute l’énergie et d’importantes ressources de l’État ont été consacrées à la préparation et à la tenue des assises nationales dites de la refondation (ANR).
Au lendemain de la clôture desdites assises, les masques sont tombés : la junte au pouvoir a produit un chronogramme électoral qui, s’il est accepté, lui permettra de confisquer le pouvoir pendant les cinq (5) prochaines années !
Ce chronogramme est l’illustration de l’absence criante de volonté politique d’organiser le retour à la normalité constitutionnelle. Le manque de volonté politique de restaurer l’ordre constitutionnel saute à l’œil nu depuis les événements de mai 2021 et la nomination de l’actuel Premier ministre.
Les soit-distantes assises de la refondation apparaissent comme ce qu’elles ont toujours été : un alibi et un subterfuge pour prolonger indéfiniment le régime militaire.
L’histoire du Mali retiendra que ceux qui ont conçu et planifié cette parodie de « refondation » ont avalisé un coup d’État dont les plans et les synthèses préfabriquées ont été imposés malgré les protestations de nombre de participants. Pour preuve, la prolongation de la transition n’était nullement au nombre des « 13 thématiques » soumises aux délibérations.
Les organisateurs, le Panel, le « comité scientifique » et ceux qui ont tiré les ficelles, n’ont pas osé soumettre aux ateliers et à la plénière leur « résolution sur le chronogramme de prolongation de la transition ». Ces assises étaient inopportunes. Elles ont été un immense gâchis. Elles n’étaient pas inclusives. Leurs conclusions ne sont donc ni consensuelles ni légitimes. Elles ne sauraient s’imposer. Nous les rejetons.
Nous rejetons également le chronogramme sorti des assises parce qu’il porte atteinte aux principes élémentaires de la démocratie et au droit du peuple malien de choisir librement ses dirigeants.
Ce chronogramme prolonge le coup d’État. Il porte les germes de l’instabilité politique et de la généralisation de l’insécurité. Par-dessus tout, le nouveau chronogramme notifié à la CEDEAO viole la Charte de la Transition. Il viole la parole et l’engagement des autorités vis-à-vis du peuple malien. Il viole la parole du Mali vis-à-vis de la sous-région, de l’Afrique et du reste de la communauté internationale.
Nous invitons toutes les forces démocratiques et patriotiques, tous les mouvements, toutes les associations et toutes les personnalités soucieuses de la stabilité du Mali à se retrouver pour apporter les réponses appropriées aux velléités dictatoriales des autorités militaires et civiles de la transition.
Nous exhortons ceux qui ont participé à ces assises, en toute bonne foi, et qui se sentent aujourd’hui floués et trahis à nous rejoindre pour défendre ensemble la démocratie et l’État de droit.
Parce qu’une transition de six années et demie comporte les germes de l’insécurité et de l’instabilité politique, nous en appelons à la solidarité et à la mobilisation des peuples frères et amis du Mali.
Le peuple malien qui souffre, a besoin de la solidarité agissante au-dedans comme au dehors. Ne soutenez pas une transition non consensuelle !
Bamako, le 5 janvier 2022
Les membres de La Synergie SAUVONS LE MALI – ANKA MALI KISI
( La Plateforme Unis pour le Mali, le Cadre d’échange des partis et regroupements politiques pour une Transition Réussie, le Parti pour la Renaissance Nationale (PARENA) , le Collectif pour le Développement de la République (CDR) , l’Appel Citoyen pour la Réussite de la Transition ( ACRT – Parti Faso Ka Wele ), la Coalition des Démocrates (CoDe) , Cœur pour la Nation , les Forces Patriotiques et Progressistes du Mali, l’Association Faso Ni Dambé , la Plateforme Malikunko et les personnalités indépendantes )