Pendant la noël, vous étiez à Kaya sur les sites des déplacées avec les enfants en bon père Noël. Au même moment dans le Lorum c’était la désolation. Le chef VDP Yoro et une trentaine de ses compagnons venaient de mourir. En principe c’est là-bas que vous devriez être.
Ces derniers jours vous étiez sur le site des déplacés dans le Sourou précisément à Tougan. C’est bien d’avoir prêché la cohésion sociale et le vivre ensemble. Mais vous avez aussi fait les éloges des services en charge de l’assistance aux PDI. Là également on ne vous a pas vu faire un tour à la direction provinciale de police dont le siège a subit une attaque récemment.
Mieux, les populations ont exprimé l’urgence d’accroître les effectifs des FDS pour leur assurer une meilleure sécurité. Mais je dois l’avouer votre réponse a été décevante. Vous avez laissé entendre que vous allez voir dans la mesure du possible ce que le gouvernement pourrait faire. Sans rassurer de votre capacité à le faire réellement comme il se doit. Vous y étiez pourtant avec vos ministres de la Défense et de la Sécurité.
Le conseil que j’ai à vous donner, c’est de faire attention à trop de paroles et de marketing politique. L’heure n’est pas à l’art de la parole ni à se faire une publicité. Vous avez eu le malheur d’arriver dans un moment de braises. Ce n’est pas votre faute sûrement mais ayant accepté la mission en connaissance de cause, il faut vous assumer par des actes concrets.
Car, à la vérité depuis votre arrivée avec votre équipe les choses sont allées de mal en pis. La tendance de la situation n’a pas été inversée et ne semble point sur le point de l’être. Pour un gouvernement dit de « combat » et de « guerre », reconnaissons que ça patine. Il y’a encore à prouver que c’est le changement de paradigme vraiment.
Je vous conseille gracieusement d’arrêter vos tournées sur les sites des PDI. Ça prend l’air d’un ballet folklorique. À la limite du voyeurisme politicien. Cela ne vous ressemble nullement au regard de votre grande et riche expérience internationale.
Toutes les données existent concernant les PDI et la nation dans vos bureaux de Koulouba. Même à Rood-woko on connaît les chiffres, les problèmes et les besoins urgents concernant ces personnes déplacées. Sortez des solutions.
Il n’y a aucun honneur pour des autorités du gouvernement ni même aucun homme politique de ce pays de prendre des bains de foule parmi des personnes meurtries dans leur âme et chair alors même que leur condition est beaucoup plus liée à une certaine incapacité politique et un échec patent de l’autorité à protéger ses citoyens et leur garantir le minimum de dignité sur leur propre sol natal.
Lookmann SAWADOGO
Journaliste -éditorialiste