L’une des thématiques qui aura tenu en haleine le mardi 29 décembre 2020 à Ouagadougou les participants de la 3è édition du village de la démocratie, initié par le centre pour la gouvernance démocratique (CGD) est sans conteste « la rupture générationnelle et la participation politique des femmes ». Ce fut un panel avec des échanges parfois houleux entre deux générations que tout oppose.
Dans le cadre de la commémoration de la journée internationale de la démocratie célébrée chaque 15 septembre 2020, le centre pour la gouvernance démocratique à travers sa 3è édition du village de la démocratie a célébré cette journée autour de deux panels qui a vu la participation d’étudiants, d’universitaires, d’acteurs politiques et de la société civile.
« La rupture générationnelle et la participation politique des femmes » et « la reconfiguration politique à l’issue des élections couplées du 22 novembre 2020 », ont été les thématiques abordées par les panelistes.
La première thématique a été abordée par le philosophe Abdoulaye Barro, représentant l’institut néerlandais pour la démocratie multipartite au Burkina Faso, et Sampala Fatim Balima, experte en prévention et extrémisme violent.
La nécessité d’une relève générationnelle
D’entrée de jeu, le philosophe Abdoulaye Barro a souligné une domination du champ politique par une classe politique vieillissante en décadence et aux méthodes archaïques.
Il a fustigé ce type de politique qui est mené par la classe politique aux affaires depuis bien longtemps.
En effet, le philosophe soutient que les vieux briscards de la politique burkinabè, non content d’avoir pris le pays en otage, semblent plutôt préoccupés par leurs intérêts personnels. « Notre pays est pris en otage par ceux qui ont construit leurs carrières sur le seul objectif de conquérir le pouvoir et le conserver à tout prix par des alliances d’opportunisme et de trahisons » dira-t-il.
Selon lui, la pérennisation de cette vielle classe politique à la tête de l’Etat est indicative du type de démocratie dont a hérité le Burkina Faso, et ceci affecte sérieusement le système politique.
Pour renverser la tendance au profit de la nouvelle génération, c’est-à-dire une relève générationnelle, il préconise un réel investissement des jeunes dans le champ politique et une préparation de celle-ci à « une conquête du pouvoir par les urnes grâce à des élections libres, transparentes, équitables. ».
Après avoir souligné l’existence de groupes de personnes adeptes de la rupture radicale et violente, sans épouser l’idée de celle-ci, il a tout de même appelé « les tenants de la rupture générationnelle » à plus de réalisme et d’action dans le champs politique, conformément à la notion même de démocratie basée sur le dialogue et le refus de la violence.
Abordant les obstacles qui jalonnent le chemin de la relève générationnelle, Abdoulaye Barro a souligné ce procès de « génération trop pressée » attribué aux jeunes par les ainés.
Il a aussi questionné la qualité même de cette relève, qui selon lui reste pour le moment introuvable tout en évoquant le désengagement politique des jeunes lié à une crise de militantisme. Il a par ailleurs relevé la résistance des ainés au renouvellement.
Pour réussir la relève générationnelle, il a suggéré aux jeunes d’entretenir de bons rapports avec les autorités traditionnelles et religieuses qui peuvent être des références.
Abdoulaye Barro a appelé les jeunes à s’assumer et à se former politiquement afin de de restaurer l’éthique et la morale en politique dans la gestion des affaires publiques.
En conclusion, « la relève politique reste une nécessité éthique et morale si l’on veut prévenir, voire éviter des changements non constitutionnels car il existe dans ce pays, une catégorie de citoyens adeptes de la rupture radicale, et même de la violence dite révolutionnaire. »
L’on ne peut parler de construction de démocratie sans s’interroger sur la place de la gente féminine en politique. C’est ce thème qui a été abordé par l’experte en prévention et extrémisme violent Sampala Fatim Balima. En effet, selon elle, malgré cette énorme dette sociale de la femme qui lui est préjudiciable, elle joue tout de même son rôle dans l’édification d’une société plus démocratique. Elle a appelé les politiques à favoriser la présence des femmes en politique au-delà des pesanteurs sociales.
Le second panel a porté sur « la reconfiguration politique à l’issue des élections couplées du 22 novembre 2020 » et a été animé par le Contrôleur général d’Etat, Luc Marius Ibriga, avec la modération du Pr Serge Théophile Balima.