21 novembre 2024
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Procès Sankara et de ses douze compagnons : Diendéré mérite d’être « acquitté purement et simplement »Me Mathieu Somé

Les plaidoiries pour la défense se sont poursuivies ce vendredi 25 mars 2022, en particulier celles des avocat de l’accusé Gilbert Diendéré. Il s’agit de Me Paul Kéré et Me Mathieu Somé. Me Paul Kéré devant la chambre du tribunal a répertorié les quatre chefs d’accusation contre Gilbert Diendéré et en guise de conclusion, il a estimé que son client mérite d’être « acquitté purement et simplement » car aucune preuve brandi par l’accusation ne le démontre.  

D’entrée de jeu, pour ses plaidoiries, Me Kéré est revenu sur le fait de complicité d’assassinat, et affirme que Gilbert Diendéré n’est pas coupable pour cette infraction qui lui a été collée. Devant le tribunal, il a interpellé le Président « si vous avez un seul élément qui condamne Gilbert Diendéré, faites-le. Mais s’il n’y a rien, libérez-le simplement, pas même au bénéfice du doute » a indiqué l’avocat concernant le cas de complicité d’assassinat.

Pour ce qui est de l’attentat à la sûreté de l’État, l’avocat soutient que Gilbert Diendéré n’était qu’un simple exécutant, étant un militaire. En ce qui concerne les deux autres chefs d’accusation, recel de cadavre et subordination de témoins, Me Paul Kéré explique que pour l’infraction de recel de cadavre, son client Gilbert Diendéré a rendu compte à son supérieur hiérarchique.

Partant de là, il ne pouvait plus prendre sur lui le choix de décider devant ses supérieurs hiérarchiques. « Sur la subordination de témoins, tous les jours, chacun parle à chacun. Et ce que Gilbert Diendéré a dit ce n’est que la vérité, de surcroît qu’il n’a pas utilisé des manœuvres, la supercherie ou artifice pour contraindre le témoin », ajoute-t-il. Pour finir sa plaidoirie : « il mérite l’acquittement. Il n’est en rien coupable dans ce dossier. Libérez-le », a plaidé Me Kéré.

A la suite de Me Kéré, c’est au tour de Me Mathieu Somé de défendre son client, le général Gilbert Diendéré.    

Face au juge, Me Somé a rappelé le contexte qui a prévalu aux événements du 15 octobre 1987 avant de demander la libération de son client pour prescription des charges qui pèsent contre lui. Selon l’avocat, les coups d’État dans les années 80 étaient « monnaie courante ». Le Burkina n’a pas fait l’exception, avec une succession de coup d’État.

Pour lui, on ne peut pas comprendre les tueries du 15 octobre 1987 sans faire recours au contexte. Il cite dans sa plaidoirie, l’ouvrage du témoin Basile Guissou. Dans cet ouvrage, à en croire Me Somé, Basile Guissou affirmait que les suspicions étaient vives entre le camp dit pro-Blaise et ceux dit pro-Thomas. Puis il ajoute que « des gens même sans l’accord de Thomas voulaient neutraliser Blaise Compaoré ».

Pire, devant la barre, ces témoins, selon l’avocat sont devenus muets, pourtant ils ont contribué à, « forger l’opinion publique sur ce dossier par des déclarations fortuites ». Il poursuit en persistant que ces témoins racontaient ce qu’ils ne connaissaient pas, ce qu’ils n’ont pas vu ou entendu. « Parce que Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafondo sont  absents, et le général est là, il faut lui coller tout. On va où là ? Allons seulement ! » A-t-il assené.

Selon lui, le droit se base sur les faits, les preuves et en l’espèce il n’y a rien contre l’accusé Gilbert Diendéré. Me Mathieu Somé est revenu sur l’élément légal des infractions qui pèsent sur l’accusé Gilbert Diendéré et pour lui, il y a « prescription » en la matière et donc, Gilbert Diendéré doit être acquitté. Au président de la Chambre de jugement, il lui a rappelé qu’il a l’occasion, à travers ce procès, d’exprimer le principe cardinal de l’indépendance du juge. « Ce procès vous donne l’occasion, de jouer votre rôle historique qui crédibilisera davantage notre justice.

S’il y a ce procès, c’est parce qu’on demande justice. C’est légitime, mais je profite de l’occasion pour inviter nos autorités à comprendre qu’il y a beaucoup d’autres victimes dont les ayants droits sont là. Si on ne s’occupe pas d’eux, on n’aura rien réglé, car après ce procès, les victimes du pouvoir du Conseil national de la révolution vont dire « Et nous ? ». La justice classique ne pourra pas tout résoudre. Il faut que dans un souci de réconciliation l’on puisse trouver une solution », a-t-il terminé.

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