La décision de la CEDEAO et de l’UEMOA de sanctionner durement le peuple du Mali, dont tout le monde sait qu’il se trouvait déjà en extrême difficulté depuis plusieurs années (comme d’autres pays de la zone sahélo-sahélienne) constitue incontestablement une faute lourde qu’il est encore temps de reconnaître et de réparer.
A défaut, ses effets à moyen terme pourraient bien se retourner contre leurs auteurs. Car, on a beau chercher, on ne voit pas sur quel principe juridique, ni, encore moins, sur quelle valeur de la culture africaine repose cette décision… Autrefois, quand un enfant se rendait coupable d’une inconduite dans un village voisin, il était immédiatement pris en charge et dûment corrigé par celui qui en était témoin, lequel se chargeait ensuite de le reconduire jusqu’aux parents de celui-ci, pour les en informer afin que ceux-ci « le corrigent ajouter ».
On n’allait pas rechercher les frères et sœurs de cet enfant, et encore moins l’ensemble des habitants de son village pour les punir collectivement. C’est pourtant ce que firent les chefs d’États de la CEDEAO et de l’UEMOA, dont la plupart n’entreront certainement jamais dans les livres d’histoire comme étant des modèles en matière de démocratie.
La question est donc de savoir au nom de quoi doit-on accepter que, pour punir les dirigeants d’un pays donné, il faille étrangler le peuple de ce pays ? Qui peut, de nos jours, accepter une telle injustice sans réagir et le faire savoir ?
Quand on observe, en effet, ce qui se passe depuis l’annonce des sanctions contre le Mali, on ne peut que se féliciter des réactions spontanées de soutien et de solidarité des peuples africains en général vis-à-vis du peuple frère du Mali. Ceci même est une extraordinaire leçon de démocratie (exercice réel du pouvoir du peuple par le peuple, sans combine ni manœuvre, comme lors des élections) dont les chefs d’États devraient tenir compte.
S’ils ne le font pas c’est qu’ils ont d’ores et déjà choisi leur camp contre les peuples pour lesquels ils sont pourtant censés gouverner. Il n’est d’ailleurs pas étonnant de constater que le divorce entre les dirigeants africains et leurs propres peuples se prolonge à l’internationale, où les gouvernants des autres pays (Europe et États-Unis surtout), emmenés par le Président Macron, ont décidés de soutenir et d’appliquer aveuglement les mêmes sanctions prises contre le Mali.
Certes, Fanon avait déjà prévenu que le dernier combat contre le colonialisme serait une bataille entre colonisés. Ce qui se joue donc actuellement autour du Mali qui, soit dit en passant, n’est pas un pays comme un autre (ce pays est un des rares et un des tout premier à avoir inscrit dans sa Constitution un article sur l’unité africaine, idée qui est aussi reprise dans son hymne national) pourrait bien être cette bataille finale.
Elle oppose clairement les peuples africains à tous ceux qui, Africains ou non, n’ont cessé de les exploiter, de les affliger et de les trahir depuis les conquêtes coloniales européennes jusqu’aux pseudo-indépendances nationales. S’il en est ainsi, c’est donc, pour nous autres, un véritable honneur que de pouvoir prendre part à un tel combat car il redonne, tout d’un coup, un autre SENS et une autre DIMENSION à nos vies. Car le temps est venu pour les peuples africains d’être enfin maître de leur destinée…
Nous en appelons donc, encore une fois, à toutes et à tous, pour qu’ensemble, nous formions une chaîne humaine de SOLIDARITÉ et une ceinture de SÉCURITÉ autour du Mali non seulement pour desserrer l’étau dressé contre ce peuple et faire échec aux plans mortifères de la CEDEAO et de l’UEMOA, mais encore et surtout pour en faire la première étape vers une véritable UNION DES PEUPLES AFRICAINS, que le colonialisme et ses agents ont toujours tenté, jusqu’ici, de séparer et de dresser les uns contre les autres.
Ceci n’est même pas encore un choix politique : il s’agit tout simplement d’un DEVOIR d’humanité aussi bien vis-à-vis du MALI que de notre mère AFRIQUE.
Yoporeka SOMET