La lutte contre le terrorisme au Burkina Faso fait l’objet de nombreuses réflexions. Pour les uns c’est la volonté politique qui manque le plus. Pour les autres, c’est la stratégie de la lutte qui fait défaut. A travers cette tribune libre, Ousmane Bendjeda Paré, journaliste à Burkina Info écrivain donne son point de vue sur la situation sécuritaire que vit notre pays. Pour lui, les Burkinabè se mentent depuis le début. Lisez son analyse!
6 ans qu’on est attaqué, 6 ans qu’on refuse de regarder la vérité en face. 6 ans qu’on se ment et se leurre pour un problème d’une gravité extrême. Des débats de personne et de positionnement politique submergent les réflexions stratégiques. «Même les grandes puissances connaissent des attaques terroristes» rétorque-t-on pour justifier nos incapacités.
Pourtant, celui qui s’hasarde sur ces territoires peut être sûr d’une chose : ne pas sortir vivant ! Et chez nous? L’ennemi vient en colonnes, pendant des heures, fait ce qu’il voulait faire et repart même s’il faut se réjouir qu’ils ne repartent pas tous vivants. Dans certaines localités il n’est même plus reparti. Il (l’ennemi) est resté et impose sa loi aux quelques populations qui n’ont pas pu fuir. Oui! Ici chez nous des zones sont sous le contrôle de ces individus qu’on se plaît à appeler hommes armés non identifiés.
6 ans que ça dure et 6 ans qu’on continue de faire comme on faisait. A part la création précipitée du corps des « Volontaires pour la défense de la patrie » peu d’innovations, peu d’actions entreprises à part les condamnations et les deuils dont le peuple commence à se lasser.
Mais comment comprendre que jusqu’à ce jour le Burkina n’ait pas encore pu se doter d’une stratégie de lutte contre ce fléau ? Pourquoi ? En 2017 on était encore en train de travailler avec une politique de défense du début du millénaire. Depuis 2017, on travaille sur une politique de défense qui devrait être assortie d’une stratégie qui tienne compte des forces amies en présence et du nouveau contexte…
Depuis le forum national sur la sécurité on attend ce fameux outil qui peine à sortir des entrailles de ses géniteurs. Mais pourquoi ? Pourquoi tant de temps pour cette boussole en ce temps brouillé? Sans cette stratégie on continuera de naviguer à vue; de faire comme on faisait et naturellement en obtenant les mêmes résultats. A chaque attaque on cherche un bouc émissaire. L’armement ? On a une loi de programmation militaire. Les hommes? On a changé plein de ministres. Seule l’absence d’une stratégie claire peut justifier ce que nous subissons actuellement.
On continuera d’accuser les journalistes et autres facebookers et opposants politiques ça ne changera rien. Messieurs les dirigeants, présentez-nous votre stratégie qui définisse le rôle et la place de chaque Burkinabè dans cette lutte. Le tout militaire n’est pas la solution c’est connu. La communication, la communication, la communication est la meilleure arme en ces moments pour qu’on sache s’en servir. On ne peut pas naviguer à vue !