22 novembre 2024
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Tribune/Adama Amadé SIGUIRE : Du projet de charte constitutionnelle de la transition Parlons-en !

Erreurs, manipulation des masses ou mauvaise foi?

Hier nuit, j’ai pris tout mon temps pour parcourir le projet de charte constitutionnelle de la transition. Et j’ai fini le travail à 2 heures 30 minutes du matin. C’était une lecture studieuse et critique et j’ai beaucoup de choses à dire sur le fond de ce document qui est en cours d’adoption ce matin même. S’il y’a une chose dont se moquent les Burkinabè, c’est bien l’histoire.

Elle devrait pourtant leur permettre d’avancer. Mais hélas,les intérêts du moment guident les hommes et les femmes de ce pays. Et l’intelligence se range dans les armoires devant les postes de nomination et les avantages qui se présagent. Et je les comprends. Vivre dans ce pays est très difficile, et moi même, je vis des moments très difficiles.

D’abord, qu,est ce qu’une charte? De mon entendement, une charte, dans le cas précis, est un accord, une règle, une entende pour avancer. La charte de la transition n’est pas une constitution. Elle n’est même pas une loi surtout qu’elle n,a été rédigée que par quelques personnes que je respecte bien, mais qui étaient sous les ordres du colonel DAMIBA et ses hommes. Et l’intitulé dit qu’il s’agit d’une charte constitutionnelle de la transition et non pas d’une charte de la transition. Je veux savoir.

Certainement que je comprends mal le français. Pourquoi la charte est constitutionnelle? Est-ce une charte élaborée pour gérer le pays pendant 20 ans? La charte est-elle une partie de notre constitution? Non! Je crois que cette charte est élaborée pour servir la transition. Elle s’arrête là. Elle n’est ni la constitution, encore moins une partie de la constitution..Donc, elle est la charte de la transition. C’est tout. Le mot constitutionnel qui est un usage de trop et un non sens jette déjà une ombre sur cet accord élaboré par un groupe d’hommes. Continuons.

Le préambule de la charte constitutionnelle falsifie l’histoire et intègre un mensonge grossier dans la charte comme si tous les Burkinabè sont de mauvaise foi, comme si dans ce pays, personne n,a le courage d’être honnête.  » « Considérant les évènements des 23 et 24 janvier ayant conduit à la démission du Président du Faso » C’est écrit noir sur blanc dans le préambule et c’est du mensonge. Les évènements des 23 et 24 janvier ont conduit à la prise du pouvoir par le MPSR. Seul le conseil constitutionnel est habilité à recevoir la démission du président du Faso. Et je continue.

Les organes de la transition sont au nombre de trois. Mais, le président de la transition est aussi le président du Conseil d’orientation et de suivi de la transition. En clair, le président de la transition a la main mise sur ce conseil qui devrait suivre son travail. Il est joueur et arbitre. Le conseil d’orientation et de suivi suit le travail du président qui oriente ce conseil comme il veut. Voilà une volonté manifeste de manipulation à travers un organe subordonné qui répondra aux attentes du président.

Et pour mieux saisir cette volonté de manipulation affichée, le nombre des membres du Conseil n’est pas précisé. Leur mode de désignation est expressément oublié. Et pourtant, une charte étant une entente, une feuille de route, tout doit être clair dans la charte. Pour le moment, cette charte est comme une constitution. Elle brille dans le flou tout en parlant de lois organiques comme si la charte est supérieure à une loi organique. Et nous continuons.

L’article 5 dit que le président veille au respect de la constitution et de la charte constitutionnelle. C’est difficile à comprendre. Si la charte est constitutionnelle, il serait bon de supprimer la constitution pour diriger avec la charte.’ C’est possible.

La charte qui devrait être une feuille de route transparente manque de transparence. Elle ne parle dans aucun article des salaires des membres du gouvernement. Mais, elle dit que le mandat à l’assemblée législative et au conseil est gratuit. Et pourtant les articles 25 et 27 soumettent les députés aux mêmes obligations que les ministres au niveau de l’article 18. Si la charte ne parle pas de salaire pour les ministres, elle évoque des indemnités pour les députés.

Voilà la porte ouverte au gaspillage. Entendez-vous et servez-vous comme vous voulez. Et c’est cela le début de la transparence promise.

Voilà, une charte, une feuille de route qui engage des hommes et des femmes dans la gouvernance et qui est incapable de dire au peuple la vérité. Il n y a pas de gratuité gratuite sur la terre. C’est quelqu’un qui paie toujours. Cette charte manque de réalisme et elle célèbre le populisme. Elle se définit comme un contrat qui cache l’essentiel au peuple pour donner tous les droits aux acteurs.

Je salue mon cher ami Abdoulaye BARRY qui est membre du comité. C’est un homme franc. C’est un patriote. Mais tout me dit que les membres du comité ont écrit la volonté des hommes forts du moment. Cette charte n’émane pas d’une grande réflexion. Elle est superficielle et manque de clarté et de transparence. Et pourtant, une feuille de route doit être claire, transparente et détaillée.

Adama Amadé SIGUIRE

Écrivain Professionnel/Consultant.

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