Dans l’introduction de son ouvrage, « La Laïcité », Guy Haarscher soutenait que dans l’univers intellectuel du créationnisme monothéiste en particulier, la Loi du Créateur prévaut logiquement sur celle de la créature, le droit divin sur le droit des hommes.
Cet extrait en mon sens, résume la difficulté d’un mariage entre l’État et certaines religions dites révélées, surtout celles qui se veulent rigoristes et figées. J’aurais voulu aborder le cas de Bêguêdo en partant d’une base large ou générale, mais je m’aperçois qu’il serait beaucoup plus clair à partir d’une position précise, fut-elle provisoirement trop simplifiée pour les besoins de la pédagogie.
Ce débat pourtant si simple, même les intellectuels burkinabè les plus admiratifs s’y refusent. Sinon qu’ici au Burkina, en 2020, à Pazani, le Gouvernement avait procédé à l’expropriation d’un propriétaire légal de son terrain au profit de musulmans qui y avaient construit illégalement une mosquée et d’autres bâtisses du genre.
Nous avons tous connu l’issue de cette affaire… Sous le poids des intérêts électoralistes et des menaces, « le droit, la vérité et la justice » furent rangées pour une contrainte qui a été appelée « règlement à l’amiable ».
Dans ce même pays, en mars 2021, nous avons également eu connaissance du conflit foncier interreligieux à Bobo-dioullasso qui opposait l’Église Catholique et les musulmans du quartier Belleville. Un parmi les protagonistes n’avait pas les papiers du terrain en question. Je vous laisse deviner de qui il s’agit. Au nom du dialogue interreligieux, des arrangements seraient en vue pour apaiser ou contenter les perdants.
Toujours dans ce même pays, en 2019 et même avant, des musulmans s’offusquaient violemment parce qu’un « Arbre de Noël » avait été initié pour les enfants dans une école privée (à confession chrétienne), et que les prières et les chants religieux n’avaient pour volonté manifeste que d’influencer et de convertir leurs enfants dans la religion chrétienne. Pour eux, c’était inacceptable. Certains d’entre eux, fatigués de se plaindre et de menacer, et ce sans succès, ont fini par retirer leurs enfants de ces établissements.
C’est encore dans ce pays qu’en 2016 après les élections municipales, à Pouytenga, un audio qui circulait demandait aux musulmans de se réveiller. L’audio disait qu’il était inconcevable que la ville de Pouytenga, ville à majorité musulmane, ait élu pour maire un chrétien. Pour le prêcheur, il fallait obligatoirement soutenir un des leurs, au lieu de laisser un « Kaffr » prendre la tête de la commune…Mais passons! Je souhaite que l’audio ne soit pas vrai et que c’est quelqu’un de non représentatif qui l’ait produit.
C’est dans ce même pays aussi qu’une certaine élite du monde musulman à travers un rapport du Crisis Group International , avait confié que l’administration publique burkinabè a une coloration chrétienne, et que comme les musulmans étaient majoritaires, il fallait tenir compte de leur nombre et de leur poids dans la gestion de la chose publique notamment dans les différentes nominations, pour les heures de pause pour leurs prières, et si possible revoir le calendrier grégorien qui a leur sens sonnerait trop chrétien.
C’est dans ce pays surtout désormais que des familles refusent le mariage chrétien-musulman pour leurs enfants pourtant qui s’aiment innocemment et cela loin de leur folie religieuse. C’est ici maintenant dans le pays des hommes intègres qu’un voisin refuse la nourriture de son voisin lors des fêtes religieuses, parce que ces fêtes seraient païennes.
C’est ici au Burkina, que l’État ne se place pas au-dessus de la religion et laisse des gens prêcher tout et n’importe quoi, et attend patiemment de disparaître pour faire place à une anarchie ou à un État religieux.
C’est ici au Burkina qu’on refuse de dire à ceux de la confession musulmane qu’elle devrait mieux s’organiser, et que leurs premiers responsables connus, légaux et/ou légitimes devraient elles-mêmes se mettre au-devant des choses pour traquer les semeurs de troubles et les maîtres des mauvaises interprétations de leur livre saint. Cela se fait chez les Catholiques. Ils pourraient l’expérimenter en essayant de hiérarchiser sérieusement leur structure pour qu’il y ait au moins de vrais répondants suivis et écoutés.
Sinon que très objectivement, certaines prêchent que nous entendons chez certains ne sont pas si loin de ce que nous entendons de la bouche de ceux qui nous attaquent, à la seule différence des armes que ces derniers possèdent.
Très honnêtement, cette belle religion gagnerait à mettre de l’ordre dans ces rangs. Parce que décidément, les plus grands de ses ennemis, résidents à son propre sein et nulle part ailleurs !
Nous assistons depuis plus d’une dizaine d’années à une montée fulgurante de la religiosité. Du côté chrétien comme musulmans. C’est pourquoi je suis d’ailleurs ravi de voir un ministère chargé des questions religieuses et coutumières. J’espère qu’elle pourra œuvrer à désamorcer cette bombe latente qui risque de nous péter tous à la figure.
Soyons bénis.