L’Agence nationale de biosécurité (ANB) a tenu le mardi 10 mai 2022 au sein de l’université Norbert Zongo de Koudougou un panel de sensibilisation sur les biotechnologies modernes et la biosécurité. Avec les étudiants pour cible, l’ANB entend inculquer ces nouvelles connaissances depuis la base afin de répondre efficacement à ces nombreux défis du domaine alimentaire.
L’organisation de ce panel de sensibilisation en collaboration avec le Forum ouvert sur la biotechnologie agricole (OFAB) permettra de l’avis des organisateurs, d’informer et sensibiliser les participants sur la biotechnologie agricole, environnementale et ses applications; outiller les participants sur la règlementation des applications biotechnologiques/OGM au Burkina Faso et échanger avec ces derniers sur les opportunités offertes par ces innovations dans le cadre de la lutte pour la sécurité alimentaire.
A en croire Dr Edgar Traoré, sur le plan des résultats de recherche disponibles, le Burkina Faso se place très bien dans la sous-région avec près de 400 variétés améliorées de diverses espèces végétales développées par les chercheurs nationaux. Toutefois, il précise que ces variétés améliorées ne sont pas des organismes génétiquement modifiés (OGM). Les semences de variétés améliorées disponibles auprès de l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA) présentent plusieurs avantages pour les producteurs. Il s’agit notamment de la résistance/tolérance aux maladies, la résistance/tolérance à la sécheresse et ces variétés avec un cycle relativement plus court. Pour lui, la volonté du scientifique, d’améliorer les variétés pour répondre à des exigences précises peut buter à des limites technologiques d’où le recours aux biotechnologies modernes, notamment la technologie OGM et la technologie de l’édition génétique.
Pour les panelistes, les technologies ont pris le pas sur le monde actuel et il n’est pas question que le Burkina Faso soit en marge de ces avancées. Ces nouvelles connaissances, notamment les biotechnologies modernes pourraient répondre à de nombreux besoins dans les domaines de la médecine, l’agriculture, l’environnement, l’industrie… Aussi, elles pourraient contribuer à relever de grands défis tels que l’insécurité alimentaire, améliorer la santé humaine, booster la productivité animale et réduire la vulnérabilité et la pauvreté des ménages. Cependant certaines de ces technologies tels que les organismes génétiquement modifiés sont très souvent mal perçus par les populations d’où l’importance de cette session, afin de lever le voile sur ce que sont réellement ces innovations et les opportunités qu’elles offrent. « Certaines personnes ont une mauvaise compréhension sur ces technologies. Nous, nous faisons en sorte de lever la confusion entre biotechnologie moderne et OGM. L’organisme génétiquement modifié est un des produits des biotechnologies modernes. » explique Dr Edgar Traoré, généticien en amélioration des plantes, coordonnateur du forum sur la biotechnologie agricole.
Aussi, précise-t-il « pour l’instant au Burkina Faso, nous n’avons aucune plante génétiquement modifiée dans ce que nous consommons ». Mais, il n’exclut pas le fait que, de ces améliorations variétales issues des outils de biotechnologie moderne, peuvent souvent émerger des risques potentiels pour les utilisateurs. D’où la création depuis plus d’une décennie de l’agence nationale de biosécurité (ANB), qui est la structure chargée de la mise en œuvre de la loi nationale de biosécurité. Elle s’occupe de la régulation des organismes génétiquement modifiés, de leur utilisation sécurisée, et de leur contrôle au Burkina Faso.
Au cours de cette session avec les étudiants de l’université Norbert Zongo, la communication a porté sur deux thématiques : la biosécurité, outil de régulation des biotechnologies et son application au Burkina Faso ; les biotechnologies, leur évolution et leurs domaines d’application. Pour le Pr Nicolas Barro, biochimiste, microbiologiste, directeur général de l’agence nationale de biosécurité au Burkina Faso, le choix est porté sur les étudiants car ils sont l’avenir. « Tout ce qui est technologie moderne, il faut aller à la base, inculquer ces technologies modernes aux jeunes qui vont grandir avec ces connaissances. Nous voulons outiller ces étudiants à ces connaissances qui sont aujourd’hui en train de prendre de l’ampleur dans le monde entier. Ce n’est pas normal que nous, burkinabè surtout la tranche de la jeunesse, nous soyons en retard sur ces thématiques » a-t-il confié. Pour lui, ces jeunes seront des relais pour dispatcher l’information à d’autres niveau.
Cette conférence s’inscrit dans la vision de l’ANB et son partenaire OFAB de démystifier des technologies longtemps rejetées pour faciliter la participation de tous au processus de prise de décision. Ainsi, de nombreuses écoles professionnelles et centres universitaires ont bénéficiés de ces conférences sur les biotechnologies modernes.
Emmanuel Badini (Collaborateur)