Six ans après les premières attaques terroristes, le Burkina Faso peine à relever les défis de la sécurisation de son territoire et de ses populations. Bien au contraire, chaque fois que l’on crois avoir enfin la bonne stratégie de riposte, des drames d’une ampleur plus grande viennent rappeler que le serpent vit toujours et mord encore plus en profondeur. Il faut creuser davantage pour cerner les racines du mal qui sont si profondes que les actions menées jusque-là ont du mal à les atteindre.
Beaucoup de citoyens se posent la question de savoir si avec le pouvoir MPP, le Burkina Faso peut vaincre le terrorisme? Pour bien des Burkinabé, dès le départ, ce pouvoir n’a pas pu prendre toute la mesure de l’ampleur du phénomène. Au lieu de chercher à cerner le mal qui se développait, l’on a passé plus de temps dans des accusations stériles qui, plus est, ne sont pas suivies des mesures que l’on est en droit de s’attendre. Progressivement, l’hydre terroriste a mis à nue toutes les failles béantes de la société burkinabé à tous les niveaux.
Déjà certains Burkinabé, plus fatalistes, estiment qu’il faut désormais faire avec cette violence aveugle avec son cortège macabre de victimes innocentes et ces scènes pitoyables déshonorantes de déplacés internes fuyant sous les menaces des groupes terroristes et abandonnant tout derrière eux. Pour d’autres, c’est de la responsabilité de ceux qui gouvernent le pays et qui font montre d’une incompétence notoire. Certains d’entre eux en viennent à regretter l’ancien régime et même le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), la garde prétorienne de Blaise Compaoré. Enfin d’autres estiment que les moyens existent et sont à la portée du Burkina Faso et des autres pays du Sahel. Il faut juste avoir un leadership éclairé et assumé, capable d’allier stratégie militaire (bien conçue et exécutée avec compétence, efficacité et loyauté), investissement structurant pour le développement local, présence vertueuse, efficace et rassurante de l’Etat (offrant de services sociaux de base de qualité et dans l’équité), négociations avec les groupes armés insurgés, etc.
En tous les cas, il y a urgence à agir. L’avenir de la nation en dépend. L’élite dirigeante doit enfin penser à l’avenir du pays qu’à leur propres conforts personnels.
Que dire encore ?
Malheureusement, le constat est qu’avec ce régime en place depuis 2015 avec sa tête le président Roch Kaboré, le clientélisme, l’affairisme et le copinage continuent d’être une règle qui gouvernent la gestion du bien public.
Au regard de ce qui passe, l’on se demande si le pays est réellement gouverné ? En tout cas, il y a des raisons sérieuses d’en douter surtout que le Premier ministre, lors de son dernier passage devant la Représentation nationale, disait ne pas disposer de stratégie pour contrer l’insécurité.
Pourtant le Président a solennellement prêté serment devant les burkinabè, de les protéger et de défendre leur territoire. Mais depuis six ans, ce serment semble plus relever de simple déclaration d’intention qu’un engagement ferme à mouiller le maillot pour la patrie.
L’heure est désormais grave. Très grave! il faut prévenir l’hécatombe, en commençant par laver l’honneur de la patrie en démasquant et neutralisant les bourreaux de Solhan.
En outre, le gouvernement doit enfin se doter d’une véritable stratégie de communication de crise et renforcer les capacités de réaction rapide des Forces de défense et de sécurité (FDS). En six ans de lutte contre le terrorisme ces FDS n’ont pas encore réussi à intervenir en temps réel pour protéger les populations victimes d’attaques terroristes. Enfin, jusque-là, l’on constate à des louvoiements inacceptables dans les dispositions à prendre pour gérer les conséquences sociales des tragédies comme celle de Solhan.
Il est grand temps pour le chef de l’État, Roch Kaboré, de sortir de son légendaire attentisme pour s’affirmer en véritable chef de guerre contre le terrorisme. C’est à cette condition qu’il pourra laisser à la postérité, l’image d’un homme d’Etat qui, malgré les hostilités, a su maintenir la flamme de l’espoir chez ses compatriotes.