Ceci est une tribune de l’expert des Tics et passionné de l’analyse politique, Maixent Somé qui donne son point de vue sur les dysfonctionnements de la justice. Lisez son analyse !
Les dysfonctionnements de la justice ont plus contribué à l’impopularité et à la chute du régime Kaboré qu’il n’y apparaît… L’un des indicateurs, c’est la multiplication des cas d’exercice de la justice privée : Kogl Weogo, lynchages, règlements de comptes.
Il faut dire qu’après une insurrection largement causée déjà par les Juges Acquis, et un statut valorisant des magistrats, assortie de l’indépendance de la justice octroyée par le conseil national de la transition (CNT), on s’attendait à voir une justice véritable au Burkina.
Il n’en fut rien car la justice elle aussi est aussi politisée et corrompue que le reste de l’administration !
Les revalorisations salariales, elle les a prises. Elles étaient tellement importantes qu’elles ont embrasé le front syndical quasiment tout le premier mandat de Roch Kaboré, contribuant à l’impopularité de son régime lorsque l’on connaît le poids politique des syndicats de la fonction publique !
Son indépendance, elle ne s’en ai saisie que pour défendre ses intérêts catégoriels et corporatistes, parfois en contradiction avec la loi elle-même.
Cas du juge Narcisse ou des retenues sur salaires pour faits de grève…
Et l’on constate à présent qu’elle est restée toujours aussi politique !!!
Les poursuites ou non poursuites sous le régime Kaboré soit sentait la justice politique, soit étaient clairement sous la houlette de la vindicte populaire !
Dernier exemple en date, l’auto réorientation de nos magistrats après ce putsch.
Avec le changement de régime notre justice vient-elle de faire une remise à zéro des compteurs ? Comment comprendre que juste parce qu’il y a eu un coup d’État la justice oublie les dossiers pendants probablement au prétexte que les nouvelles autorités auraient une sympathie pour des mis en cause ?
Comment un monsieur comme Ibrahima Maiga, recherché par les autorités judiciaires il y a encore un mois, quelqu’un pour qui des notes officielles auraient été transmises aux autorités américaines, soupçonné d’atteinte à la sûreté de l’État, divulgation d’informations confidentielles et autres, comment un individu pareil peut-il arriver dans le pays, passer par l’aéroport ou en son temps il y avait un signalement ?
Le monsieur est là, se promène, fait des sorties médiatiques et la justice ne fait rien ? Ne cherche pas au moins à l’entendre ? Comment une dame comme Safiatou Lopez condamnée à de la prison ferme, qui a fui le pays et qui est sous le coup d’un mandat d’arrêt peut-elle revenir au pays, circuler librement, faire des dons, faire des vidéos en se pavanant dans ses dernières acquisitions automobiles ?
Hyacinthe Kafando, Blaise et François Compaoré, Fatou Diendéré, Abdul-Karim Traoré, et tous ceux qui ont fui cette justice depuis le putsch du régiment de sécurité présidentielle (RSP) ou avant, peuvent rentrer sereinement au pays…
En priant cependant qu’il n’y ait pas un nouveau changement de régime, et donc un nouveau revirement de la justice ! Cette justice-là, que peut-on attendre d’elle ? Si c’est comme cela que le MPSR voit sa refondation alors nous sommes mal partis. Si des personnes investies du pouvoir judiciaires refusent de faire leur travail sur de simples présomptions (je ne pense pas que le MPSR ait donné des ordres de ne rien faire à ces individus) alors le Burkina Faso n’est pas près de s’en sortir.
Il ne peut pas y avoir de démocratie sans État de droit.
Et l’État de droit dépend du professionnalisme et de l’indépendance des magistrats ! Toute réforme de ce pays passera forcément par le nettoyage des écuries d’Augias de cette justice pourrie et politisée, ou échouera !
La refondation du Faso commencera par la justice ou ne sera pas !
Suite à ce post sur la magistrature burkinabè de Maixent Somé. Voici ce qu’un praticien du droit du Burkina Faso donne comme réponse.
J’ai bien évidemment neutralisé ce qui pourrait permettre de l’identifier trop facilement. »Bonjour. J’ai vu votre publication sur la justice et surtout concernant le cas Maiga. De ma petite expérience de praticien à xxx pendant x ans, je puis vous dire que ce n’est pas aussi simple que ça.
De fait, la police judiciaire, police et gendarmerie sont en théorie sous l’autorité du procureur mais en réalité sans le ok de sa hiérarchie réelle, elle ne bouge pas.
Sans compter le procureur général qui peut être un frein à toute action sous peine de représailles notamment en termes de notation et de bris de carrière.
De plus, il y a des pressions inimaginables des chancelleries concernant les poursuites contre leurs nationaux même, ceux qui n’ont pas répudié la nationalité Burkinabè. Je dis cela certes, je ne dis rien mais ce sont des réalités dont il faut malheureusement tenir compte.
Bref, juste une contribution au débat. Courage pour votre contribution au débat national. Songez seulement que jusqu’à présent, personne n’a ouvert une enquête sur la tentative d’assassinat du PF et aucune plainte déposée pour sa détention arbitraire…Bien à vous. »