Les organisations professionnelles des médias ont animé un point de presse ce vendredi 3 juin 2022 pour donner leur lecture sur le projet de loi portant habilitation du gouvernement à prendre des mesures dans le cadre des sujétions liées aux nécessités de la défense nationale. Ces organisations s’opposent à cette loi qui pourrait entraver notamment les libertés d’expression et de presse.
Face aux hommes de médias, les responsables des organisations professionnelles des médias ont émis des réserves sur le projet de loi portant habilitation du gouvernement à prendre des mesures dans le cadre des sujétions liées aux nécessités de la défense nationale. Invitées par la commission des affaires générales, institutionnelles et des droits humains (CAGIDH) de l’Assemblée Législative de la Transition (ALT) à donner leur point de vue sur le projet de loi, les organisations professionnelles de média ont émis des réserves sur cette loi, qu’elles jugent liberticide.
Pour elles, les libertés individuelles et collectives notamment la liberté d’expression et de presse étaient menacées bien avant l’avènement du mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR). Mais depuis l’avènement du MPSR, la situation ne s’est guère améliorée avec les velléités affichées de museler davantage les libertés selon les organisations professionnelles des médias.
Le projet de loi sera examiné ce lundi 6 juin 2022 par l’Assemblée Législative de la Transition (ALT) et les organisations professionnelles disent ne pas connaitre le contenu des ordonnances que le gouvernement est habilité à prendre ou souhaite prendre. Elles regrettent que le gouvernement veuille renforcer l’Etat de droit et dans le même sens, prend des mesures d’exception. Pour Guézouma Sanogo et ses camarades, rien n’est clair ni précis dans ce projet de loi qui pourrait empêcher notamment les journalistes de faire bien leur travail.
« Le gouvernement aurait dû être plus explicite dans l’exposé des motifs pour dire exactement de quoi il s’agit et pourquoi le recours de l’Assemblée Législative de la Transition rendrait inefficace son intervention. Il y a un risque que cela devienne un fourre-tout et une occasion de confisquer les libertés. Ensuite, à l’analyse, cette loi est ambigüe et ne nous permet pas de voir son champ réel d’application. Son caractère sommaire laisse voir des intentions cachées », explique Guézouma Sanogo, président de l’Association des Journalistes du Burkina Faso (AJB) et porte-parole des organisations professionnelles des médias.
Les organisations professionnelles des médias jugent cette loi inopportune. « Nous ne voyons pas quels problèmes, l’adoption de cette loi pourrait résoudre et les lois actuelles ne peuvent pas régler. Quels types de mesures le gouvernement sera amené à prendre qu’il n’a pas déjà pris dans le cadre de l’Etat d’urgence ? Pour nous, cette loi n’a pas de plus-value et constitue un danger pour l’Etat de droit et la démocratie, quand on connait les sacrifices consentis par de nombreux filles et fils de notre peuple pour la sauvegarde des libertés démocratiques et de l’Etat de droit », ont déclaré les organisations professionnelles des médias.
Par conséquent les organisations professionnelles des médias s’opposent à cette loi et appellent les députés de la transition à se démarquer également e ce projet de loi « liberticide ». « Nous sommes au regret de vous annoncer que nous ne pouvons pas nous associer, ni donner caution à une loi dont la finalité est de substituer l’Etat de droit par l’Etat d’exception, toute chose qui anéantira la liberté d’expression et de la presse. Aussi, nous attendons de tout parlementaire soucieux de l’Etat de droit, de rejeter purement ce projet de loi et de se démarquer de toute tentative liberticide remettant en cause les acquis démocratiques », concluent-elles.
Après cette prise position, elles comptent mener d’autres actions légales en cas de passage de ce projet de loi. Les organisations professionnelles des médias signataires sont le CNP-NZ, l’AJB, l’AEPML, l’OBM, la SEP, le SYNATIC, l’UNALFA, Reporter au Faso, l’ARCI et l’APAC.