Le climat socio-professionnel au district sanitaire de Djibo n’est pas au beau fixe. Dans un premier article, nous révélions une situation très peu orthodoxe dans ce centre de santé. Les responsables du Centre médical avec antenne chirurgicale (CMA) ont été pointés du doigt dans la gestion du Centre de santé. Une affaire de primes mal gérées, une organisation du travail très peu fluide, avaient entaché la gestion du médecin-chef du district. A cela, il faut ajouter une affaire de groupe électrogène octroyé par des partenaires humanitaires. Aujourd’hui, les responsables du centre veulent « partager » de l’argent aux agents. D’où vient-il ? Qui est le donateur de cette manne financière ? Comment il sera partagé ? Certains agents ne sont pas dans la même logique que les responsables du district. Mais d’autres ont pris leur part…
Plongé depuis des années dans une insécurité due au phénomène du terroriste, Djibo, chef-lieu de la province du Soum porte toujours les stigmates du terrorisme. Epargnée pendant quelques mois par les attaques terroristes, la ville retient toujours son souffle au regard de la situation qui peut exploser à tout moment. Cette dégradation a contribué à vider certains villages de leurs populations pour se refuser à Djibo. Ce qui entraine une pression démographique dans la ville notamment dans divers domaines.
Dans ce contexte difficile, des partenaires évoluant dans le domaine humanitaire ont décidé de soutenir le district sanitaire de Djibo en moyens financiers et matériels. De ses partenaires, on a Médecins sans Frontière (MSF), le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et d’autres.
Cet appui vise à aider le district à supporter la prise en charge des populations en matière de santé avec des moyens. Malheureusement, le district sanitaire de Djibo à travers ses premiers responsables s’illustre négativement dans la gestion. Ce qui rend la situation doublement insupportable pour les populations.
En effet, les responsables du district ont mis en place une stratégie douteuse qui n’a pas manqué de soulever des inquiétudes. L’aide apportée par le partenaire Médecins sans Frontière (MSF) risque fort un mauvais usage.
L’intervention du partenaire a fait l’objet de plusieurs tiraillements avec les premiers responsables du district sanitaire de Djibo. Même avec les secousses, le partenaire parvient à s’implanter et propose de mettre à contribution tous les agents du district en action pour une bonne prise en charge de tous les malades qui arrivent au District. Il décide d’encourager financièrement les agents de santé qui sont pris en compte pour le projet.
Cette proposition a été refusée par les premiers responsables sans motif valable. Quelques jours plus tard, une autre proposition émanant cette fois-ci du District par les premiers responsables a été acceptée à l’insu des autres collaborateurs. Cette proposition prend en compte trois équipes à raison de 50 000 F CFA à 60 000 F CFA par infirmier. Quant aux médecins qui sont dans ces équipes, le montant varie entre 100.0000 F CFA et 150 000 F CFA.
Suite à une réunion, les agents découvrent que MSF versait la somme de 850 000 F CFA aux responsables du District et à la direction régionale de la Santé du Sahel dont 350 000 F CFA au district de Djibo mensuellement et 500 000 F CFA à la direction. Mais pour quel but, personne ne le sait jusqu’à ce jour. Pire, cet accord était jalousement gardé jusqu’à ce qu’il éclate au CMA de Djibo.
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Pour calmer la situation, des responsables du District informent des agents que MSF versait la somme de 300 000 F CFA / trimestre et ce pendant 1 année/ an 2019 pour le fonctionnement du groupe électrogène du CMA. Mais pour les responsables du district, les fonds ont été débloqués en retard. Pour ce faire, ils ont décidé de faire le partage aux 110 agents. Cette proposition a été refusée par des travailleurs. Cependant, certains n’ont pas hésité à passer à table. Des agents, nouvellement affectés au CMA ont été conviés à passer prendre leur part. Il n’y a pas que cette affaire de groupe électrogène qui pose problème.
Gestion des produits, encore du floue
Chaque mois, le district enregistre également des ruptures de produits et consommables médicaux. Dans ce même district, des responsables ont aussi mis la main sur des CSPS où des dotations de médicaments de près de 3 millions de F CFA sont livrés par des partenaires. Mais ces CSPS ne bénéficient que des produits de 300 000 F CFA. En même temps, l’on remarque des grosses quantités qui sont vendues par des infirmiers chefs de poste dans leurs CSPS, confient certaines sources.
Pour preuve, des produits remis par des ONG entre fin 2019 et fin 2021 connaissent une gestion pas nette. Un coup d’œil dans les plans d’actions depuis 2018 à 2021, ainsi qu’une comparaison des CSPS fonctionnels et les PSA (poste de santé avancé), il est loisible d’établir le manque à gagner réel au niveau du district en matière de perte en produits.
Le CICR contribue à lui seul, avec près de 2 000 000 F CFA par mois en médicaments afin d’appuyer le district. Malgré tout, les plaintes des populations sont récurrentes du fait du manque de produits. Il en même pour d’autres ONG intervenant diversement dans le district. C’est en dépit de tout cela que les médicaments arrivent à manquer.