Le dimanche 8 décembre 2024, la Syrie a tourné la page du long règne de 24 ans de Bachar al-Assad avec la prise de Damas au terme d’une offensive éclair de dix jours, menée par une coalition de rebelles dominée par les islamistes de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), ex-branche d’Al-Qaïda dans le pays. Depuis, le désormais ex-homme fort de la Syrie se retrouve en exil avec sa famille, en Russie.
Depuis le lancement de l’offensive le 27 novembre dans le nord-ouest de la Syrie, les rebelles menés par des islamistes radicaux ont rapidement conquis plusieurs grandes villes clés, face à des forces gouvernementales qui n’ont pratiquement pas opposé une réelle résistance. La Russie, principal soutien du régime de Bachar El-Assad n’a rien pu faire pour lui cette fois. L’on se rappelle que le soutien de l’armée russe l’avait sauvé en 2015 et lui avait permis de reprendre aux rebelles plusieurs grandes villes du pays qui avaient été conquises. Cette fois, après quelques frappes des positions rebelles aux premiers jours de l’offensive, la Russie a dû se résoudre, devant l’effondrement de l’armée syrienne, à constater les dégâts.
Après donc 10 jours de marche sans grand obstacle vers Damas, la coalition hétéroclite de rebelles est parvenue à son objectif. Le Président El-Assad a pris la fuite. Lui et sa famille sont désormais en Russie où ils ont obtenu l’asile. Le dimanche 8 décembre, la coalition a annoncé à la télévision publique syrienne la chute du président El-Assad et la « libération » du pays. Des scènes de liesse éclatent dans la capitale et dans plusieurs localités et même hors des frontières du pays.
Du côté des grandes puissances occidentales (Allemagne, France, Etats-Unis, etc.), de la Turquie et d’Israël, la fin du règne cinquantenaire des El-Assad (d’abord le père ensuite le fils) est saluée et présentée comme une « opportunité historique » (selon le Président américain Joe Biden).
Pour autant, la situation en Syrie présage-t-elle un monde plus serein ? Au regard du profil des tombeurs de El-Assad, ne faut-il pas craindre, l’émergence de califat pour les groupes terroristes ? En effet, la principale organisation rebelle (HTS) est déclarée organisation terroriste. Les têtes de ses principaux dirigeants sont mises à prix par les Etats-Unis.
Est-ce une bonne nouvelle pour nos pays du Sahel déjà confrontés depuis des années à l’hydre terroriste qui ne finit pas d’endeuiller les peuples ? N’est-ont pas en train de reproduire en Syrie, la même situation tragique qu’en Libye ?
Bref, ce que d’aucuns considèrent comme une opportunité cachent des craintes légitimes d’un nouveau foyer incandescent du terrorisme international. Il faut donc espérer que tous les soutiens des nouveaux maîtres de la Syrie assureront le service après vente, pour préserver la paix et la sécurité dans le monde.
Déjà, les Etats-Unis, au lendemain de la chute de El-Assad a lancé des frappes sur plusieurs cibles en vue d’anticiper la reconstitution de l’Etat islamique en Syrie. Y parviendront-ils ? Les jours et semaines à venir nous édifieront davantage.
Nerwatta KAFANDO
